La liste des corrections demandées par Netanyahou à l’initiative de Trump — et les “surprises” pour le Qatar

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En Israël, on estime très probable que la « plan des 21 points » du président américain entrera en vigueur. Des sources ont indiqué que « la plupart des clauses conviennent à Israël », mais le Premier ministre souhaite en corriger certaines avant sa rencontre avec le président à la Maison-Blanche lundi. À Jérusalem on accuse Doha d’exercer des pressions et des sanctions internationales, et on met en garde contre une manœuvre coordonnée également en Espagne et au Maroc.

Be’hadré ‘Harédim – Itamar Eichner

En Israël, on évalue comme très probable que le plan en 21 points du président américain Donald Trump pour mettre fin au conflit — y compris un accord sur les otages — aboutisse. Selon des sources proches du dossier, la plupart des éléments du plan sont acceptés et même considérés comme convenant à Israël, mais il reste des clauses que le Premier ministre Benjamin Netanyahou demande de corriger avant sa rencontre avec Trump lundi à la Maison-Blanche.

Netanyahou insiste également pour que la fondation américaine d’aide humanitaire à Gaza ne soit pas fermée, une mesure qu’il considère comme une erreur. Israël est prêt à libérer des prisonniers palestiniens dans le cadre d’un échange, mais s’oppose à la libération de « symboles » comme Marwan Barghouti. Un interlocuteur ayant parlé avec Netanyahou a estimé que d’ici le 7 octobre des principes pour la fin de la guerre seront convenus avec les Américains — même si la mise en œuvre pourrait s’étaler jusqu’à la fin de l’année.

Avant la rencontre avec le président américain, les partenaires de la coalition de Netanyahou accentuent la pression sur lui. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir a écrit ce soir sur son compte X : « Monsieur le Premier ministre, vous n’avez pas le mandat pour mettre fin à la guerre sans la capitulation complète du Hamas. » En revanche, le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a déclaré : « Je fais confiance au Premier ministre pour représenter les intérêts israéliens comme il se doit lors des entretiens avec le président Trump. Après deux ans de guerre — l’intérêt national clair d’Israël est la fin de la guerre et l’atteinte de ses objectifs. »

La critique envers le Qatar augmente aussi en Israël. Des sources à Jérusalem l’accusent d’être derrière la vague de menaces de sanctions, y compris les pressions à l’UEFA pour exclure les clubs de football israéliens des compétitions européennes. En Israël, on élabore un plan de riposte et on prépare des surprises pour le Qatar afin qu’il ne sorte pas « indemne » de ce qu’il fait en coulisses.

Le Qatar a approché l’Espagne pour demander d’accentuer la pression sur Israël à la suite de l’attaque à Doha, en échange de la promotion d’investissements qataris dans le pays. Et effectivement, ces dernières semaines on a observé des mesures espagnoles nettes contre Israël.

Un changement de ton est également perceptible au Maroc : le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita s’est montré plus virulent, et le site d’information semi-officiel a publié deux articles critiques sur Israël — après une longue période de silence médiatique. Une source au fait des événements affirme qu’il ne s’agit pas d’un simple sentiment pro-palestinien ni de pressions internes, mais d’une manœuvre diplomatique qatarie planifiée, s’appuyant sur des leviers de pression économique et une influence régionale.

Ce que contient l’initiative de Trump

La libération de tous les otages dans les 48 heures en échange de la libération de milliers de détenus palestiniens, le retrait progressif des forces israéliennes, l’engagement de ne pas attaquer le Qatar — et une série d’autres points. Trois jours avant la rencontre décisive entre Netanyahou et Trump, des détails supplémentaires sur l’initiative américaine en 21 points ont été publiés hier — initiative que Netanyahou n’a pas évoquée dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU.

Selon la chaîne saoudienne al-Hadath, le plan — conditionné à la fin du contrôle du Hamas sur Gaza — inclut les clauses suivantes :

  • La fin immédiate de la guerre à Gaza ;

  • La libération de tous les otages israéliens ;

  • La libération de milliers de prisonniers palestiniens, dont 100 à 200 « prisonniers à vie » ;

  • L’entrée immédiate et illimitée d’aide via l’ONU et des organisations internationales, et la fermeture (ou l’arrêt) de la fondation humanitaire à Gaza ;

  • La collecte des armes du Hamas par une force arabe et internationale ;

  • Un engagement américain de ne pas permettre à Israël d’annexer la Judée-Samarie ;

  • Un retrait israélien progressif de la bande (de Gaza) selon un calendrier ;

  • Une entité internationale arabe assurera la gestion de Gaza après la guerre pour une période limitée, à la demande de l’Autorité palestinienne ;

  • Une commission palestinienne sera créée pour gérer les affaires de Gaza, élue par l’Autorité palestinienne. Des forces palestiniennes assureront la sécurité à Gaza sous supervision arabe et internationale ;

  • Un corridor de sécurité (périmètre) non occupé sera établi autour de Gaza, d’une largeur entre 500 et 1 000 mètres ;

  • Gaza sera reconstruite grâce à des fonds arabes et internationaux. La reconstruction prendra plus de cinq ans et sera gérée par une coalition arabe internationale ;

  • Une amnistie sera proposée aux dirigeants du Hamas en échange de leur retrait de Gaza et de la remise de leurs armes ;

  • L’État palestinien prendra le contrôle de Gaza après une période définie ;

  • Un appel au renouvellement des pourparlers directs entre Israël et la Palestine sera lancé.

Le reportage de CNN apporte des précisions complémentaires : la proposition prévoit la libération des otages dans les deux jours suivant l’entrée en vigueur de l’accord, en échange d’un retrait progressif des forces israéliennes — mais sans calendrier fixé. Il est également stipulé qu’Israël ne frappera plus le Qatar, qu’il n’y aura pas d’expulsions forcées de population et que le Hamas n’aura pas de rôle dans l’administration de la bande.

Toujours selon CNN, la proposition prévoit deux étapes de gouvernance temporaire : une instance internationale centrale accompagnée d’une commission palestinienne, mais sans calendrier pour le transfert du pouvoir à l’Autorité palestinienne. L’aide humanitaire sera acheminée par l’ONU, sans mention de la fondation humanitaire à Gaza — dont l’action est controversée. Le plan n’inclut pas non plus d’engagement américain en faveur d’un État palestinien, se contentant de reconnaître que c’est l’aspiration des Palestiniens. En Israël, on attend la réponse du Hamas, mais l’évaluation est que la décision n’appartient pas à l’organisation mais au Qatar. Selon une source citée par CNN, les dirigeants arabes soutiennent globalement l’initiative, même s’ils ne la jugent pas parfaite, et veulent mettre fin rapidement aux combats.

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