« Le Hezbollah dissimule des armes dans des tunnels et se reconstitue » : Tal Bari de l’institut Alma écrit dans un nouveau rapport que « qui pense que le Hezbollah se désarmera ou sera dépouillé de son armement se trompe gravement. On lui prendra l’âme avant qu’on ne lui prenne les armes ». Selon lui, « le Hezbollah continue de préserver ses capacités offensives ».
JDN – Baroukh Shapira
Un nouveau rapport rédigé par Tal Bari, chef du département recherche au centre Alma pour l’étude des défis sécuritaires au nord, dresse un tableau préoccupant de la reconstitution des capacités militaires du Hezbollah au Liban — un processus méthodique mené en profondeur sur le territoire libanais, exploitant des infrastructures civiles et bénéficiant d’un appui direct de l’Iran.
Selon le document, le Hezbollah conduit depuis plusieurs années un processus de reconstitution militaire approfondi et ciblé, encadré par des experts militaires iraniens — dont des membres de la Force al-Qods des Gardiens de la révolution. L’Iran, note Bari, « participe activement à la formation, à l’accompagnement professionnel et au transfert de savoir-faire — ce qui confère à la reconstitution un caractère stratégique profond ».
Bari décrit le déplacement du centre de gravité militaire du Hezbollah vers le nord, au-delà de la rivière Litani, vers le secteur de l’unité « Badr » — une zone qui a été moins frappée lors des précédents conflits. En revanche, le sud du Liban, qui a subi de lourdes pertes lors de la récente guerre, n’est plus le cœur opérationnel de l’organisation.
Parallèlement, la plaine de la Bekaa continue de servir d’arrière-base logistique et opérationnelle, avec des infrastructures pour l’entraînement, la production et le stockage d’armement, dont beaucoup sont souterraines. Le rapport souligne que « nombre des tunnels de l’organisation — partie d’un ‘pays de tunnels’ — n’ont pas été détruits, en particulier dans les zones où il n’y a pas eu de manœuvre terrestre israélienne ».
Malgré l’effondrement du corridor terrestre depuis la Syrie, le rapport conclut que le Hezbollah poursuit la contrebande d’armes depuis la Syrie vers le Liban via des itinéraires de substitution. Chaque semaine, des dizaines de roquettes Grad et des missiles antichars du type Kornet seraient ainsi acheminés — certains parvenant à atteindre leurs cibles.
Bari décrit aussi un vaste réseau financier utilisé pour transférer des fonds via des changeurs, un canal alternatif contournant les sanctions — qui constitue un pilier central du financement des activités de l’organisation : « Le nouveau corridor inclut la contrebande d’armement et le transfert de fonds — il est une pierre angulaire de la reconstitution ».
L’un des points d’inquiétude majeurs du rapport est la confusion délibérée que le Hezbollah crée entre infrastructures civiles et infrastructures militaires. D’après le document : « La reconstitution militaire et civile sont imbriquées. Des infrastructures civiles servent de base pour l’entraînement, le stockage d’armement et la dissimulation d’activités opérationnelles ».
En outre, le Hezbollah investit dans la relance des capacités de production : tant une production de masse d’armes légères que des productions « boutique » d’armement de précision et avancé, ce qui confère à l’organisation une flexibilité opérationnelle dans de futurs scénarios de combat.
Le rapport offre un aperçu rare et précis de la manière dont le Hezbollah se renforce à l’abri des regards — en s’appuyant sur des narratifs civils et le soutien iranien. L’estimation finale est que l’État d’Israël dispose d’une fenêtre d’opportunité réduite pour agir de façon renseignementielle et préventive — avant que certaines de ces capacités ne deviennent une menace directe pour l’arrière-pays.



























