La putréfaction du royaume judiciaire

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Difficile de dire que le public israélien a été surpris : la corruption du système judiciaire n’a rien d’un secret d’État.
La confiance du public envers cette institution est au plus bas, et cela témoigne du fait que les citoyens ne croient plus en un système où « une main lave l’autre », où les nominations se font selon la méthode du « copinage », sans qu’aucun organe de contrôle réel n’examine la manière dont les décisions y sont prises.
Et si quelqu’un pensait que la justice militaire est distincte de la justice civile, l’affaire de la procureure militaire en chef (Patzarith) vient prouver que la gangrène ne s’arrête pas au tribunal de Jérusalem.

L’affaire, dont seule la pointe de l’iceberg a pour l’instant été révélée, est l’une des plus graves de l’histoire du système judiciaire israélien.
Car celle qui est censée être garante de l’État de droit dans l’armée a commis des infractions pénales et menti effrontément à ses supérieurs et à la Cour suprême (Bagatz).
Pire encore, au moins huit officiers supérieurs de son entourage savaient qu’elle mentait — et ont préféré se taire.
Aucun d’entre eux n’a osé lui dire qu’elle commettait une faute grave ; par leur silence, ils sont devenus complices de sa responsabilité.

La divulgation d’une vidéo manipulée et orientée, ternissant l’image de l’État d’Israël et mettant en danger la sécurité de ses soldats, serait déjà un acte ignoble si elle avait été commise par un simple citoyen ; à plus forte raison lorsqu’il s’agit de la cheffe du système judiciaire militaire, qui autorise la fuite de documents de propagande entre les mains de tous les ennemis d’Israël à travers le monde.

Pourquoi la procureure militaire a-t-elle pris une telle initiative ?
Tout cela pour justifier sa décision d’ouvrir une enquête contre des soldats soupçonnés d’avoir maltraité un terroriste du commando Nukhba emprisonné à la base de Sdé Teman.
Pour défendre cette décision, elle aurait donc eu recours à la fuite du film afin de rallier la presse à sa cause.
Mais les dégâts causés par cette vidéo furent sans précédent : diffusée dans le monde entier, elle a transformé chaque soldat israélien en bourreau de « Palestiniens malheureux ».
Et qui se souvient encore que ce prétendu « prisonnier maltraité » faisait partie des assassins de Nukhba, auteurs du massacre du 7 octobre ?

Une haute responsable de la justice militaire trahit donc ses soldats, salit l’image des citoyens d’Israël devant le monde entier, et — ce qui est tout aussi grave — ment pendant un an et demi, tandis que tout son entourage se tait par peur de dire la vérité.

La gravité de ses actes est d’autant plus grande qu’ils affaiblissent le principal argument d’Israël devant la Cour pénale internationale, selon lequel « l’armée israélienne enquête sur elle-même » et qu’il n’y a donc pas lieu à une intervention internationale.
Si la justice militaire ment effrontément et dissimule durant des mois des faits criminels, qui pourra encore croire à ses enquêtes ?

Et ce n’est, comme on l’a dit, que le début de cette affaire : il faudra encore déterminer ce que savait la conseillère juridique du gouvernement sur la fuite, et à quel moment elle a appris la vérité ; ce que savaient les juges de la Cour suprême qui ont soutenu l’ouverture de l’enquête ; et quels autres acteurs ont été impliqués dans ce scandale.

Le journaliste Mati Tuchfeld écrit à ce sujet : « L’affaire de la procureure militaire prouve qu’un nouveau shérif est arrivé en ville.
Fini les solidarités internes avec le système judiciaire et ses relais.
Fini les politiques d’étouffement et de dissimulation pour des raisons politiques.
Fini les manœuvres sournoises et les abus de pouvoir motivés par des intérêts cachés.
Place désormais à la justice et à la droiture, dans leur simplicité même, sans appartenance à aucun camp, mais avec la seule loyauté due à l’État.
Avec Zini, on ne peut pas tricher, monter des combines en coulisses, ni manipuler les enquêtes pour servir les intérêts politiques de quiconque. »

« Voilà pourquoi ils ne voulaient pas de lui.
Voilà pourquoi ils ont combattu pendant des mois pour l’empêcher d’accéder à ce poste élevé.
Voilà pourquoi ils l’ont traîné dans la boue, impliquant même sa famille, propageant mensonges et calomnies, lançant de fausses enquêtes — l’essentiel étant que le chef du Shin Bet soit un des leurs.
Même le fait que son suppléant — celui-là même qui devait lui céder la place selon la loi — ait utilisé un logiciel espion illégal pour bloquer sa nomination, leur a semblé naturel et justifié, puisque seule comptait la fin, pas les moyens.
Est-il étonnant, après leur échec (malgré un dernier recours désespéré devant la Cour suprême une fois la nomination effective), que les pierres du mur qu’ils ont construit pendant des décennies commencent à tomber ? »

« Pour limiter les dégâts — et puisque la procureure militaire est désormais irrécupérable — elle a démissionné et avoué ses actes.
Mais la bande des “solidaires”, dirigée par la conseillère juridique du gouvernement, le procureur général de l’État et avec l’aide du juge Itzhak Amit, tentera maintenant de la sacrifier seule pour se disculper.
Il faut espérer qu’ils échoueront, et que cette affaire les atteindra eux aussi — eux qui l’ont défendue, l’ont aidée à camoufler les faits, ont répondu à la Cour suprême en son nom qu’il n’y avait rien à enquêter, et ont même menti en affirmant que la vidéo n’avait causé aucun tort à l’État.

Même s’il n’a pas été directement impliqué dans la révélation de la fuite, Zini (le nouveau chef du Shin Bet) devrait intervenir et ne laisser personne échapper à sa responsabilité.
L’une des missions du Shin Bet est de prévenir toute subversion contre la démocratie israélienne — et contrairement à l’interprétation de son prédécesseur, qui pensait que cela signifiait bloquer le gouvernement dans sa réforme judiciaire,
Zini comprend qu’il fait face ici à un cas typique de subversion interne, qu’il est de son devoir d’arrêter. »

Yits’hak Roth, Yated Nééman

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