Analyse du « rapport » de CNN sur la non-destruction des sites nucléaires

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Je m’étonne encore que des personnes qui n’ont plus confiance en CNN – et ils ont bien raison, car c’est une usine à Fake News anti-Trump et anti-Israël – décident de les croire quand ils publient la fuite d’un rapport des « services de renseignement » disant que les centrales nucléaires n’ont pas été endommagées.

Natasha Bertrand, qui vient de Politico, est la journaliste qui publie le rapport des « services de renseignements » disant que les centrales nucléaires n’ont pas été touchées. C’est elle qui avait écrit en octobre 2020 que l’histoire de l’ordinateur portable de Hunter Biden était une désinformation russe, et là encore, elle s’appuyait sur « des dizaines d’anciens responsables des services de renseignement. »

Elle mentait. L’ordinateur portable était bien une réalité, pas un hoax, comme cela a été ensuite largement confirmé – et reconnu par les médias, y compris Politico.

Les responsables des services de renseignement mentaient aussi. Sont-ce les mêmes qui ont publié le rapport sur les centrales nucléaires « intactes » ? On ne le saura pas, ils sont anonymes, mais il y a fort à parier que oui : une journaliste n’a pas des centaines de contacts dans la communauté du renseignement, mais une journaliste de gauche a uniquement des contacts démocrates, dans ces services, des personnes qui détestent Trump. Ce qui rend l’histoire encore plus suspecte.

Voilà la dépêche qu’elle publie dans CNN1 avec mes commentaires entre crochets.

Les frappes militaires américaines sur trois installations nucléaires iraniennes le week-end dernier n’ont pas détruit les éléments essentiels du programme nucléaire iranien et n’ont probablement fait que le retarder de plusieurs mois, selon une première évaluation [Notez les mots « Première évaluation », qui subitement a été effacé de tous les médias qui l’ont repris, alors que cela signifie que l’évaluation peut évoluer] des services de renseignement américains décrite par sept personnes informées [Encore des témoins anonymes. Et vous savez ce que témoin anonyme veut dire. Cela veut dire qu’il peut y en avoir sept, ou un ou zéro : on ne peut pas vérifier, venant de CNN, qui passe son temps à mentir].

J’ajoute que pas plus tard que la veille, CNN a déjà menti sur les frappes contre les installations nucléaires, et a reconnu son mensonge2 après avoir été exposée. Le lendemain, vous êtes enclins à les croire ?

CNN poursuit : « Cette évaluation, qui n’a pas été publiée précédemment, a été réalisée par la Defense Intelligence Agency, l’organe de renseignement du Pentagone. Elle se fonde sur une évaluation des dommages causés par les combats menée par le Commandement central des États-Unis à la suite des frappes américaines, a déclaré l’une des sources ».

L’analyse des dommages subis par les sites et de l’impact des frappes sur les ambitions nucléaires de l’Iran est en cours et pourrait évoluer au fur et à mesure que de nouveaux renseignements seront disponibles. [C’est moi qui ai mis en gras et italique] Mais les premières conclusions sont en contradiction avec les affirmations répétées du président Donald Trump selon lesquelles les frappes ont « complètement et totalement anéanti » les installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran. Le secrétaire à la défense, Pete Hegseth, a également déclaré dimanche que les ambitions nucléaires de l’Iran « ont été anéanties ».

Deux des personnes ayant connaissance de l’évaluation [encore des sources anonymes] ont déclaré que le stock d’uranium enrichi de l’Iran n’avait pas été détruit. L’une d’entre elles a déclaré que les centrifugeuses étaient en grande partie « intactes » [cette information ajoute à la suspicion qu’il s’agit d’un rapport bidon : comment savent-ils, à la vue d’images satellites, dans quel état sont les centrifugeuses ? Je ne serais pas étonné que nous apprenions que ce rapport a été émis par des agents démocrates anti-Trump sur la base de pas grand-chose – voire que tout le rapport soit inventé et qu’il n’existe pas].

Une autre source [Qui ? Encore un témoignage anonyme. Au début du rapport, ils étaient sept témoins anonymes, maintenant ils ne sont plus qu’un. Encore une fois, venant d’un média qui ment en permanence, le bon sens voudrait que ce reportage de CNN soit pris avec la plus grande méfiance. De toute évidence, ce n’est pas du tout le cas. Mais je suppose que c’est pour cela que vous me lisez ici] a déclaré que les services de renseignement avaient estimé [« Estimé » ? Ils savent, ou ils « estiment » ? Sur quelles bases ? On ne le saura pas] que l’uranium enrichi avait été déplacé hors des sites avant les frappes américaines.

« L’évaluation (de la DIA) est donc que les États-Unis les ont fait reculer de quelques mois, tout au plus », a ajouté cette personne [anonyme].

Before and after satellite images from Maxar Technologies, taken on June 15 and 22, show a 5.5-meter-wide crater directly above Iran’s Natanz enrichment facility following U.S. strikes.@Shayan86pic.twitter.com/6GNbZboVBs

— Open Source Intel (@Osint613)June 22, 2025

Autrement dit, CNN a des témoins (de 7 à 1), qui attestent que rien n’a été détruit, et cependant, le rapport n’est qu’une première évaluation.

Ca ne peut pas être les deux ! Où les témoins de CNN sont fiables quand ils disent que rien n’a été détruit, et dans ce cas, ce n’est pas une « première évaluation », ou c’est une « première évaluation », et les témoins qui sont certains que les centrifugeuses sont intactes racontent ce qu’on leur dit de raconter.

Nous apprenons maintenant que des agents israéliens étaient sur place, et que le gouvernement va publier son rapport. La Maison-Blanche vient de publier un extrait :

Récapitulons

On nous demande de croire qu’aucune des trois installations n’a été détruite ; Que Netanyahou, qui depuis 20 ans nous met en garde de manière constante contre le danger du nucléaire iranien, contribuera à mentir et dira que tout a été détruit – alors qu’il s’agit d’un danger létal pour Israël ; Qu’Israël restera les bras croisés à ne rien faire ; Que le président Trump, qui a dit, redit et répété, ce matin encore, que l’Iran n’aura jamais accès au nucléaire, même civil, va passer à autre chose ; Que l’aviation américaine n’a pas été capable, ou a reçu l’ordre de ne pas détruite les centrales nucléaires ; et que toute l’opération a été menée pour le prestige personnel du président avec la complicité de Netanyahou.

Soit… chacun a le droit de croire ce qu’il a envie de croire.

Analyse minutieuse
  1. Recours à des sources anonymes
    CNN cite des « analystes du renseignement » sous couvert d’anonymat. Bien que cette pratique soit devenue courante, elle pose problème :
  • Absence de responsabilité : Nous ne savons pas qui sont ces analystes, quel est leur niveau d’accès. Mais nous savons quels sont leurs préjugés : vous vous imaginez bien qu’un analyste conservateur ne va pas transmettre des informations confidentielles à une journaliste de CNN, il s’agit donc forcément d’une personne hostile au président Trump.
  • L’expression « analystes du renseignement » est vague et peut désigner aussi bien des contractants de bas niveau que des hauts fonctionnaires ayant un agenda politique et des comptes à régler avec les partisans MAGA.
  • Aucun moyen de vérification : Les lecteurs ne peuvent pas vérifier ou évaluer la fiabilité de ces personnes anonymes.
  • Motivations politiques : Les analystes ou les initiés qui divulguent des informations contre le président Trump cherchent à le discréditer. Leur but est d’influencer la politique, l’opinion publique, et le monde entier sur la stature du président.
  • Karoline Leavitt a qualifié la fuite de cette évaluation prétendument « top secret » d’acte politiquement motivé par un « loser de bas étage » de la communauté du renseignement, suggérant que la source n’était pas crédible. Bien qu’il s’agisse d’une attaque sous la ceinture, elle met en évidence la possibilité d’une fuite sélective d’un document sans grande valeur.
  1. Moment choisi et motivation politique
    Les membres de la communauté du renseignement qui font fuiter des informations à CNN ne le font pas pour défendre le président Trump des fausses accusations contre lui. Ils sont en désaccord avec l’approche de M. Trump en matière de politique étrangère.
  • Le rapport précise que l’évaluation des renseignements est « précoce » et qu’elle est « susceptible d’être modifiée au fur et à mesure de la collecte de nouvelles données ».
  • Si les données sont précoces, cela soulève des questions quant à la raison pour laquelle des conclusions aussi provisoires ont été divulguées aussi rapidement.
  • Le moment choisi pour ces rapports – immédiatement après l’opération militaire de très haut niveau très médiatisée – indique qu’il s’agit d’une tentative d’affaiblir le discours de l’administration Trump avant qu’un tableau plus complet n’apparaisse.
  • Les fuites d’évaluations préliminaires ont servi leur objectif : alimenter les opposants politiques et les médias critiques à l’égard de M. Trump.
  • Ce bâton dans les roues permet de retirer au président le mérite d’une opération qu’aucun autre président américain n’a osé entreprendre (« oui c’est une opération de haut niveau, mais elle a fait pschitt, passons à autre chose »).
  1. Un accès limité à la vérité du terrain
    CNN n’est pas sur le terrain en Iran, pas plus que la plupart des médias américains ou occidentaux. Leurs reportages dépendent :
  • des images satellites (qui peuvent être mal interprétées),
  • des analyses de seconde main (par exemple, de groupes de réflexion ou d’experts militaires éloignés de la région),
  • Des fuites émanant de fonctionnaires dont les motivations ne sont pas claires.

Cela rend toute évaluation définitive – comme l’affirmation que la mission n’a pas été un succès – spéculative, à moins qu’elle ne soit corroborée par des preuves tangibles – qui n’existent pas à ce stade.

  1. Pas de contradiction avec les faits de terrain (pour l’instant)
    Si les installations nucléaires iraniennes n’étaient pas endommagées de manière significative, nous nous attendrions à :
  • Une confirmation claire par satellite de l’existence de sites opérationnels.
  • Des responsables iraniens se vantant rapidement de l’échec (jusqu’à présent, les signaux sont mitigés).
  • Une poursuite mesurable de l’activité des centrifugeuses.
  • Au lieu de cela, nous avons surtout eu droit à de vagues déclarations iraniennes de résistance, à quelques analystes tiers affirmant que les installations semblaient « intactes », et à des responsables américains insistant sur le fait qu’ils avaient atteint leurs cibles – tout cela restant flou.
  1. Politisation du renseignement
    Si l’évaluation qui a fait l’objet d’une fuite est exacte, elle devrait être vérifiée par les voies appropriées, et non pas faire splash à la une des journaux pour marquer des points contre le président Trump.

Les médias présentent toutes les actions menées par Trump de manière négative, leur bien-fondé est systématiquement nié. Ils mettent l’accent sur le doute, le chaos ou le « manque de succès » de ses actions. Ils amplifient les dissensions internes au sein de son administration comme des preuves d’échec. Bref, les partis pris éditoriaux cherchent à subtilement façonner votre opinion.

CNN rapporte peut-être ce qu’ils ont réellement entendu, mais leur recours massif à des sources anonymes, l’absence de confirmation directe et leurs préjugés idéologiques rendent leurs conclusions pour le moins douteuses. Cela ne signifie pas qu’ils ont forcément toujours tort, mais que vous devriez considérer leurs affirmations comme un point de vue dans un espace d’information brumeux, fumeux, suspect, rempli de Fake News, et non comme une vérité définitive – même s’il cela vous plait de l’entendre.

© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. https://edition.cnn.com/2025/06/24/politics/intel-assessment-us-strikes-iran-nuclear-sites ↩︎
  2. https://www.dailywire.com/news/leavitt-debunks-completely-false-report-that-top-dems-not-given-advanced-notice-of-iran-strikes ↩︎

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