Après avoir sauvé le pays du danger iranien, quelle est la prochaine mission de Netanyahou ? | Yedidya Meir

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Chronique hebdomadaire dans « Bécheva », 27 juin 2025

  1. Voilà, l’opération « KeLavi » est terminée. Du moins en apparence. Pas vraiment. Car vous savez comment c’est : un lion qui se réveille et rugit ne se rendort pas si vite.

En y repensant, je ne sais même pas si ce proverbe est exact. Peut-être qu’un lion qui se réveille et combat s’endort aussitôt après pour une longue sieste. Laissez tomber l’image, concentrons-nous sur le message. Lui, il est indiscutable. Le peuple d’Israël s’est réveillé. Il est dans un état de conscience différent. Et il ne reviendra pas en arrière de sitôt.

Le premier à l’avoir compris, c’est le Premier ministre. Écoutez sa manière de parler ces derniers jours : talith, versets, Mur occidental, HaKadoch Baroukh Hou, siata dishmaya, « qu’Hachem nous aide ». On l’entend parler depuis des décennies. Certes, il y avait toujours un petit « bé’ezrat Hachem » ici ou là. Surtout en période électorale. Mais cette fois, c’est différent. C’est carrément une nouvelle langue que parle Binyamin Netanyahou.

« Chers citoyens d’Israël », a-t-il déclaré lors de sa première conférence de presse après la destruction du programme nucléaire par l’armée de l’air américaine, « lorsque j’ai été élu pour la première fois Premier ministre, j’ai participé à la Marche des Vivants dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Là-bas, j’ai ressenti soudainement un besoin profond – et il a appuyé sa voix sur le mot profond – de me draper dans un talith. Je l’ai fait et j’ai dit : « Chema’ Israël, Hachem Élokéinou, Hachem É’had. » Dix jours plus tôt, juste avant le début de l’opération historique contre le régime du mal en Iran, j’étais au Kotel, et là aussi, j’ai ressenti le même besoin profond de me draper dans un talith. »

  1. Honnêtement, quand j’ai vu cette image de Netanyahou en talith, je me suis demandé ce que c’était. On est habitués à voir les Premiers ministres avec une kippa au Kotel, mais un talith ? Qui lui a mis ça sur les épaules, le président d’Argentine ? Mordekhaï l’homme du Kotel ? Et pourtant, Netanyahou a expliqué dès l’ouverture de sa conférence, retransmise en direct sur toutes les chaînes, qu’il avait simplement ressenti ce besoin. « J’ai prié pour le succès de nos pilotes héroïques, de nos soldats et de nos commandants, pour la sécurité de notre pays et la paix de notre peuple… Et aujourd’hui, dix jours plus tard, je suis revenu au Kotel avec mon épouse. Je me suis à nouveau drapé dans un talith et j’ai prononcé une prière de remerciement et de demande de réussite future. »

Waouh. Dommage que Netanyahou ne connaisse pas le Léchem Yi’houd que certains récitent avant de mettre le talith (fou est celui qui ne le récite pas) : « Par le mérite du commandement du tsitsit, mon âme, mon esprit, mon souffle et ma prière seront sauvés des forces du mal, et le talith étendra ses ailes sur eux et les sauvera comme un aigle sur son nid. »

À la fin de cette longue conférence de presse, y compris des questions en anglais de la presse internationale, Netanyahou a ajouté : « D’autres questions ? Alors je voudrais dire encore une chose. Je l’ai dit, et ce n’est pas sur le ton de la plaisanterie, je l’ai dit avec tout mon cœur et ma foi : le groupe le plus important à la Knesset, c’est la siata dishmaya. Nous avons eu ici un héroïsme immense de nos soldats, de nos citoyens, une grande aide de nos amis, mais nous avons aussi eu l’aide divine du Saint béni soit-Il. Et pour cela, je remercie au nom de toutes les générations de Juifs qui ont attendu la création de notre État et espéré que nous saurions défendre notre avenir. Et c’est ce que nous faisons. Merci à vous. »

  1. Certains ont dit, et d’autres ont pensé cette semaine : allons, inutile de s’enthousiasmer. C’est Netanyahou, tout est calculé. Tout est politique. Il sait exactement comment parler à sa base électorale.

Eh bien moi, je le crois cette fois. Pourquoi penser qu’après tout ce que nous avons traversé ces derniers mois, l’étincelle juive ne se serait pas réveillée aussi chez Netanyahou ? Cela s’est produit même chez le Juif le plus éloigné, le plus assimilé d’Alaska, pourquoi pas chez le Premier ministre d’Israël ? Lui qui sait mieux que quiconque combien il y a eu de stratégie, de courage, de ruse humaine – et combien la main d’Hachem était à l’œuvre.

Savez-vous combien de morts étaient prévus avant d’approuver cette opération ? Selon les médias, à la veille de la décision, Tsahal avait présenté un scénario estimant 400 morts civils, et dans le pire des cas jusqu’à 800. J’ai vu même des estimations bien plus élevées. Hachem nous a protégés. Certes, chaque vie perdue est un monde entier, et nous avons perdu 29 mondes dans cette guerre – que leur mémoire soit bénie. Mais quand on fait le bilan, non seulement le pire ne s’est pas produit, mais même le scénario le plus optimiste n’a pas été atteint. Pourquoi ? Parce que l’opération a dépassé toutes les attentes, tous les calculs.

Et ce n’est pas une seule ou deux merveilles, ni cent – mais une chaîne de miracles, chacun entraînant l’autre. Un miracle empilé sur un autre. Une brique sur une autre. Sans le premier, le second n’aurait pas eu lieu, sans le cinquième, il n’y aurait pas eu de sixième. Certains miracles sont connus de tous – la chute du régime de Nasrallah, puis d’Assad. D’autres nous sont inconnus, et peut-être ne les connaîtrons-nous jamais.

Juste pour vous aider à vous concentrer un peu lors du prochain Nishmat Kol ‘Haï : pensez à la tentative d’assassinat de Trump pendant son meeting. Imaginez que le tireur ne rate pas sa cible de quelques centimètres. Où en serions-nous aujourd’hui ? Et ce n’est qu’un miracle parmi des milliers et des myriades que le Saint béni soit-Il nous a faits ces derniers mois.

  1. Mais vous savez quoi ? Même si le Premier ministre était indifférent à tous ces miracles, même si tout son discours de foi n’était qu’un calcul politique, eh bien c’est encore plus touchant. Cela signifie qu’il comprend où en est le cœur du peuple et comment il faut lui parler. Netanyahou a toujours eu ce génie de capter l’humeur de la nation. Alors s’il sent que le peuple veut un Premier ministre drapé dans un talith, c’est merveilleux. Cela signifie que le véritable sujet, ce n’est pas Netanyahou, mais le peuple d’Israël, qui traverse un processus profond – et que Netanyahou l’a compris.

Rappelons-le : ces mots de foi, il ne les a pas prononcés dans une interview à un journal religieux, mais en conférence de presse, en direct, devant le monde entier.

À propos du monde : pensons à ce Juif assimilé d’Alaska, qui a ressenti un sursaut juif, qui a été rempli de fierté par la victoire d’Israël, qui regarde vers un pays qu’il n’a probablement jamais visité, vers son Premier ministre. Combien de messages juifs a-t-il reçus cette semaine ! Combien de symboles ! C’est bouleversant.

Et il y a une autre raison pour laquelle les paroles de foi de Netanyahou m’ont touché. Après ce succès spectaculaire en Iran, j’ai constamment peur que nous retombions dans la mentalité de « ma force et la puissance de mon bras ». C’est exactement ce qui est arrivé après la guerre des Six Jours. Et nous savons à quoi cela a mené : à la guerre de Kippour.

Ici, c’est l’inverse : nous avons commencé par l’abîme du 7 octobre, et en peu de temps, nous avons atteint une réussite éclatante en Iran. Mais ce serait un gâchis monumental si, après avoir été corrigés dans la douleur à Sim’hath Tora, nous retournions à l’arrogance militaire. Et voilà que le Premier ministre, au sommet de sa vie politique, dans une allocution historique, répète avec humilité le nom de D’. C’est fondamental, pas seulement pour les millions de spectateurs, mais aussi là-haut.

5. Le Premier ministre n’a pas parlé seulement de son Père céleste cette semaine. Dans toutes ses interviews, il a cité mot pour mot le testament vivant de son père, le professeur Ben-Tsion Netanyahou, dans le discours qu’il avait prononcé au Centre Begin pour son 100e anniversaire, dans lequel il avait choisi de parler de la mission de supprimer la menace nucléaire.

J’étais présent à cet événement, il y a environ 15 ans, et je dois avouer qu’à l’époque, c’était un peu étrange. 100 ans – tout le monde te félicite, t’encense, t’adresse des vœux émouvants (bon, on ne lui a pas souhaité « jusqu’à 120 ans », ce n’est pas très élégant à cet âge-là), et toi, à la fin de ton discours de remerciement, tu gâches la fête en parlant du danger d’extermination qui plane au-dessus de toutes les têtes présentes ? Détends-toi, c’est ton anniversaire ! On va peut-être tous se mettre à chanter « où est, où est, où est la bombe ? ».

Je me souviens qu’à l’époque, j’avais vu cela comme un décalage avec la réalité. Mais c’est précisément là l’essentiel : sans doute que c’est l’ignorance de ce danger qui était en réalité un déni du réel. Et c’est heureux que le père Netanyahou ait réussi à transmettre à son fils la nécessité de regarder la réalité en face.

Et il y a eu une autre figure que Netanyahou a évoquée cette semaine comme source de force pour affronter tous les défis, extérieurs et intérieurs – même s’il ne l’a jamais rencontrée : son grand-père, le rav Nathan Milikowsky (d’ailleurs, le nom « Netanyahou » vient du pseudonyme utilisé par ce grand-père vénéré). Cette année marque les 90 ans de son décès.

Cette semaine, le chercheur ‘Haim Langzam m’a envoyé une photo d’un numéro du journal HaYarden de l’année 1935, consacré à la mémoire de ce rav, éducateur, militant sioniste, et surtout orateur exceptionnel. À l’occasion des 30 jours suivant sa disparition, le journal avait choisi de publier, parmi tous ses discours, un discours particulièrement tranchant, dans lequel le grand-père Netanyahou s’exprimait avec des mots durs et une profonde douleur sur les ravages causés par les Juifs progressistes de l’époque au peuple d’Israël.

6. C’est bouleversant de lire aujourd’hui ce testament laissé par le grand-père de Netanyahou. Il commence par une attaque féroce contre le mouvement réformé et ceux qui modifient la Halakha (la loi juive), ce qui conduit leurs enfants à quitter entièrement le judaïsme :

« L’assimilation a creusé tombe après tombe, et s’est empressée d’y enterrer tous nos sanctuaires, tous nos trésors nationaux. Elle a effacé de toutes nos saintes prières les souvenirs de Sion et de Jérusalem, les a traduites dans toutes les langues étrangères du monde, et ce faisant, en a changé le contenu et creusé davantage encore la fracture dans l’unité de la nation.
Il n’y a plus le même sidour, la même prière dans la langue sainte unique chez tous les Juifs du monde.
Même nos synagogues, qui étaient nos centres spirituels en exil, ont été remplacées par des ‘temples’, des ‘sanctuaires’ raffinés et somptueux, ornés de marbre, mais beaux uniquement de l’extérieur. À l’intérieur, ils sont vides et déserts.
La présence divine (chekhina) a été expulsée du ‘temple’.
Cette chekhina qui pleurait l’exil de son peuple, et son propre exil. Celle qui emplissait de ses pleurs chaque recoin de l’ancien beth midrach – mais le remplissait aussi de son esprit. »

Quelle lucidité ! Une réforme de la Halakha est en réalité une atteinte à l’unité du peuple, car qu’est-ce qui nous relie ? Le sidour, les prières, la transmission fidèle des traditions de génération en génération. Celui qui fonde une synagogue qui ne respecte pas la Halakha – expulse la chekhina.

Dès que le grand-père de Netanyahou commence à parler de la synagogue et du beit midrash dans la vie du Juif, il se laisse emporter par l’émotion :

« Le beth midrach grand et ancien ! Qui ne s’en souviendrait pas ?
La rue était froide et étrangère, la vie difficile – et voici que le Juif entrait dans son beth midrach, et y pansait ses blessures.
Là, dans ce ‘petit sanctuaire’, il se souvenait de son Temple, de ses prêtres, de ses Lévites, de ses juges. »

Et à nouveau, avec son cœur juif vibrant, il attaque ceux qui ont vidé le beth midrach de sa sainteté :

« Et voilà que ce beth midrach a été transformé par l’assimilation en un ‘temple’ froid, désert et creux, un ‘temple’ étranger sans chekhina, sans douleur juive, sans foi ni espérance juive ! »

7. Et ici, le rav Milikowsky en vient à l’essentiel – la jeunesse. L’avenir.
Aujourd’hui, on voit des jeunes qui reviennent au tsitsit, aux tefilinnes, au Chabbath. À son époque, c’était exactement l’inverse :

« L’assimilation nous a volé notre jeunesse !
Elle a appris à haïr les valeurs de son propre peuple, et à ressentir une hostilité instinctive envers tout ce qui est juif…
Ceux qui ont démoli le judaïsme à chaque pas, qui ont traité nos valeurs saintes avec mépris, sont ceux qui ont laissé les masses juives sans éducation juive, sans connaissance juive.
Les artisans juifs, qui furent toujours des combattants acharnés pour le judaïsme au plus profond de leurs sentiments – ces masses ont fini par se détourner de nous, et ne trouvaient plus de joie ni d’intérêt dans la vie juive. »

Et malgré toutes ces critiques, en un point précis, le grand-père de Netanyahou – homme pieux, sioniste, proche du rav Kook (qui prononça son éloge funèbre) – trouve un peu de consolation et d’espoir. Dans sa vision, les jeunes des Yechivoth, ceux qui ont gardé la flamme juive avec ferveur, sont ceux qui monteront en Erets Israël et y établiront un État juif :

« Mais D’ nous a laissé un petit reste de fidèles, une poignée de Juifs gardant Ses sanctuaires : dans les Yechivoth de Lituanie, dans les bathé midrach d’Ukraine, dans les maisons de prière hassidiques de Pologne.
C’est de là que viendra le salut.
Là-bas, dans les Yechivoth et les bathé midrach, ils ont vécu et tissé leurs rêves.
C’est une intelligentsia nourrie de prophétie et d’aggada, de Michna et de halakha, de la littérature juive la plus profonde et la plus affûtée – une intelligentsia qui s’est levée, porteuse d’un message nouveau. »

8. Alors maintenant, après que Binyamin Netanyahou a accompli de manière si remarquable la mission que lui avait confiée son père, il peut passer à la mission suivante de la chaîne des générations – ou plutôt à la mission précédente – celle que lui confie son grand-père, le rav Nathan Milikowsky : ramener le peuple d’Israël à ses racines.

Comment disait le grand-père ?
Ramener la chekhina.
Rattacher lui-même – et toute une génération – à la sainteté, à la Tora, sans laquelle nous n’avons pas d’avenir.
Et lutter contre les progressistes, ces mouvements qui continuent à vouloir détacher le peuple d’Israël de sa Tora, de son identité, de lui-même.

Et le moment est venu. Le Juif d’Alaska attend. Et aussi le Juif de Tel Aviv.
Il y a maintenant une majorité juive qui se réveille, qui revient à ses racines, à la maison du père, à celle du grand-père.
Qui veut un État juif. Qui veut un Premier ministre connecté à la foi et à la prière.

Oui, ce ne sera pas simple.
Les descendants des progressistes de l’époque du grand-père combattront le petit-fils Netanyahou.
Ce sera une bataille difficile. C’est déjà une bataille difficile.
Mais ce n’est rien pour Netanyahou.
Et puis, il y a toujours une chose à faire : aller au Kotel, se draper dans un talith, et demander la siata dishmaya.

Que D’ soit avec nous !

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