Un rapport des services de renseignement autrichiens a révélé que l’Iran développe à un stade avancé des armes nucléaires, dans le cadre d’une reconstruction de l’« axe de la résistance » contre Israël. Téhéran a réagi avec colère et a exigé une clarification officielle.
Les services de renseignement autrichiens ont récemment publié un rapport préoccupant, affirmant que l’Iran progresse vers le développement d’armes nucléaires dans le but de renforcer sa position et d’étendre son hégémonie régionale. Ce rapport annuel de 211 pages révèle que l’Iran cherche à « renforcer massivement son armement afin d’imposer ses revendications en matière de domination régionale ». Selon ce document, l’objectif de Téhéran est d’acquérir l’arme nucléaire pour rendre son régime invulnérable à toute menace et accroître sa puissance et son influence.
En réponse à ce rapport, l’Iran a exigé vendredi une clarification officielle du gouvernement autrichien concernant le rapport publié par ses services de renseignement. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmail Baghaei, a qualifié ce rapport de « prétention mensongère et infondée », soulignant qu’il visait à « créer une atmosphère médiatique hostile à l’Iran, et qu’il est donc dénué de toute crédibilité ou validité juridique ».
Le rapport indique que le programme nucléaire iranien a atteint un stade avancé et que l’Iran dispose d’un arsenal de missiles balistiques capables de transporter des ogives nucléaires à longue distance. L’Autriche, qui avait accueilli les négociations ayant conduit à l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et les grandes puissances, déclare dans son rapport que tous les efforts pour empêcher l’armement de l’Iran, par des sanctions ou des accords, ont jusqu’à présent échoué. Au contraire, l’Iran fabrique des armes et des systèmes de livraison à grande échelle – non seulement pour son usage propre.
Concernant les ingérences iraniennes dans les conflits régionaux, le rapport note qu’à partir de la deuxième décennie du XXIe siècle, l’influence de l’Iran a considérablement augmenté grâce à la fourniture d’armes dans des zones de guerre et de crise, comme en Syrie et en Israël. Cette fourniture d’armes à grande échelle sert à structurer ce que l’Iran appelle « l’axe de la résistance », dont le but est d’encercler « l’ennemi principal », à savoir Israël, par des alliances stratégiques au nord, à l’est et au sud. Les divergences idéologiques sont secondaires dans ce contexte : le critère principal est l’ennemi commun – Israël, puis les États-Unis, et enfin l’ensemble du monde occidental.
Le rapport rappelle que l’Iran fournit des armes à ses alliés anti-israéliens tels que le Hamas, le Hezbollah et les milices syriennes. Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, la Russie est également devenue un client des armes iraniennes, en particulier de drones. Depuis le lancement de l’offensive russe en Ukraine, la coopération entre l’Iran et la Russie s’est intensifiée. Alors qu’auparavant l’Iran était un importateur d’armement russe, le régime de Téhéran soutient désormais activement la guerre, tant sur le plan économique que militaire. Selon les renseignements autrichiens, l’Iran a mis en place, depuis quatre décennies, un réseau sophistiqué pour contourner les sanctions, réseau que la Russie exploite aujourd’hui.
Les services de renseignement iraniens sont chargés de développer et mettre en œuvre des mécanismes de contournement des sanctions pour acquérir des armes, des technologies et des matériaux liés à la prolifération nucléaire et aux armes de destruction massive. Pour cela, ils utilisent des sociétés-écrans et des réseaux tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran. En particulier, un vaste réseau de sociétés et filiales affiliées aux Gardiens de la Révolution est mobilisé pour la prolifération nucléaire.
L’Iran exploite également ses liens dans les zones de crise pour se procurer des technologies militaires occidentales, comme des drones israéliens et américains saisis en Syrie. Ces armes avancées sont démontées, analysées, puis reproduites. Ces opérations nécessitent souvent des composants achetés par l’intermédiaire de sociétés-écrans situées dans des pays non soumis aux sanctions occidentales.
Les connaissances et technologies détenues par des instituts et entreprises européens sont jugées cruciales pour le développement de l’industrie militaire iranienne. Selon les directives du régime, ses services de renseignement cherchent à se procurer des technologies et matériaux à usage dual, ainsi que l’expertise nécessaire pour construire des armes de destruction massive et leurs vecteurs, dans le but de soutenir les ambitions iraniennes.
En octobre 2022, les forces ukrainiennes ont annoncé qu’après avoir abattu un drone iranien « Mohajer-6 » et récupéré ses débris en mer Noire, elles ont découvert que le moteur était produit par une entreprise autrichienne bien connue, Rotax, ce qui constitue une violation des sanctions européennes imposées à l’Iran. Deux ans plus tôt, en octobre 2020, après que les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à des individus et entités iraniennes, notamment dans le secteur pétrolier, les Gardiens de la Révolution et la compagnie nationale de transport pétrolier, la société Rotax avait annoncé avoir cessé de vendre ses moteurs aux Gardiens de la Révolution, conformément aux sanctions américaines.
Le rapport autrichien ajoute également que dans le domaine de la prolifération nucléaire, on observe une hausse du nombre de demandes d’emploi déposées par des Iraniens auprès d’entreprises autrichiennes opérant dans les secteurs de la métallurgie et de l’ingénierie électrique – une démarche apparemment destinée à acquérir des connaissances sensibles au service du programme d’armement iranien. Par le passé, plusieurs pays européens ont imposé des restrictions strictes aux études des étudiants iraniens dans des spécialités comme l’aérospatiale, la physique nucléaire et d’autres domaines liés aux industries militaires.
