Attentats et autocensure

0
323

Par Michèle Mazel

Au Sri Lanka, le Ceylan de notre enfance, il existe de vives tensions entre les bouddhistes, qui constituent 70 % de la population et les musulmans, qui ne sont que 8 à 9% mais qui cherchent à accroître leur influence. Des tensions qui se sont manifestées au cours des dernières années par des attaques contre des mosquées et des émeutes. Par contre,  jusqu’ici il n’y avait pas eu de frictions entre les musulmans et les  chrétiens, surtout des catholiques, qui représentent à peine 6% de la population. Ce qui ne rend que plus exceptionnelles, sinon inexplicables, les attaques perpétrées ce dimanche par une cellule islamique locale contre des églises mais aussi des hôtels fréquentés par une clientèle étrangère. Ce n’est pourtant pas sur cette question que se penchent les médias.

« Le groupe Etat islamique revendique les attentats au Sri Lanka » titre Le Figaro ce mardi 23 ; Le Monde lui fait écho : « L’Etat islamique revendique les attentats au Sri Lanka, deux jours après. »

Les deux quotidiens s’attardent moins sur les déclarations du vice-Ministre de la Défense Sri Lankais suivant lequel les premiers éléments de l’enquête « montrent que les attentats de dimanche ont été commis pour riposter au carnage des mosquées de Christchurch en Nouvelle Zélande », se contentant de le mentionner sans faire de commentaire.

Il est vrai qu’il est plus facile de citer l’Etat islamique qui explique que les attentats dans les hôtels visaient des ressortissants de pays participant à la coalition alliée qui, sous l’égide des Etats Unis, a mis fin à la sinistre aventure de Daesh en Syrie et en Irak. Parce que c’est la référence à Christchurch qui dérange. Les « justiciers » du Sri Lanka, les hommes et les femmes qui sont à l’origine du massacre avaient, semble-t-il, bien préparé leur acte.

Près d’une dizaine d’entre eux ont choisi de mourir en « martyrs » se faisant exploser dans des églises pleines de monde en ce dimanche de Pâques, symbole de résurrection et d’espoir. Ils avaient vu grand.

La tuerie de Christchurch en Nouvelle Zélande a fait cinquante morts et autant de blessés ; à Colombo et ailleurs dans l’Ile il y a plus de trois cents morts – dont une cinquantaine d’enfants – sans compter les centaines de blessés, certains si gravement atteints qu’ils ne survivront sans doute pas. Le tueur de Christchurch a accompli seul son forfait, même s’il a pu bénéficier de complicités ; il ne s’est pas réclamé du christianisme mais d’une théorie de suprématie blanche bien étrangère à cette religion.

Il a été universellement condamné et un immense élan de solidarité est venu conforter la communauté musulmane du pays.

Cette fois, pour le moment, le monde musulman se cantonne dans un silence prudent ;  en Occident, il est à craindre que les victimes du Sri Lanka feront l’objet de moins de sollicitude. Il n’y aura pas de mécènes pour venir en aide aux familles endeuillées, aux orphelins, ou pour aider à la reconstruction des églises dévastées.

Et surtout il ne faut pas s’attendre à des éditoriaux analysant sobrement les dérives d’un islam que l’on continue à nous présenter comme religion de paix et d’amour.

Aucun commentaire

Laisser un commentaire