C’est quoi ces missiles Houthi à sous-munitions ?

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La scène où des fragments d’un missile balistique tiré depuis le Yémen ont touché une zone ouverte à Moshav Ginaton (notre illustration : l’entrée du Moschav), dans le centre d’Israël, le 23 août 2025

C’est quoi ces missiles Houthi à sous-munitions ?

L’armée israélienne a confirmé que le missile balistique tiré vendredi soir depuis le Yémen par les Houthis contenait des armes à sous-munitions. C’est la première fois, depuis le début du conflit, que ce type d’armement est employé par le mouvement soutenu par l’Iran. Cette évolution marque un tournant tactique et soulève des inquiétudes sur la capacité du système de défense israélien à faire face à une telle menace.

Une interception ratée et une enquête en cours

Selon Tsahal, l’échec à abattre le projectile ne serait pas lié à la présence de sous-munitions, mais plutôt à une défaillance humaine ou technique, encore en cours d’analyse. L’armée de l’air a ouvert une enquête interne pour comprendre pourquoi les systèmes antimissiles Arrow 2 et Arrow 3 n’ont pas réussi à neutraliser le missile avant qu’il ne se fragmente.

Les spécialistes rappellent que ces intercepteurs disposent de la capacité de frapper à différents stades du vol. Cependant, la spécificité d’un missile à sous-munitions change la donne : si la première tentative échoue et que le missile se divise en plusieurs charges explosives, un second tir d’interception peut s’avérer inefficace, voire trop tardif.

 

La logique des armes à sous-munitions

 

Contrairement aux missiles balistiques classiques, qui provoquent une destruction massive en un seul point d’impact, les missiles à fragmentation libèrent plusieurs petites bombes sur une zone élargie. L’effet direct peut sembler moins dévastateur, mais la multiplication des éclats et des impacts augmente la probabilité de causer des dégâts, même limités, sur des zones habitées.

L’armée israélienne avait d’ailleurs indiqué vendredi que le missile s’était probablement fragmenté avant d’atteindre sa cible. Reste à déterminer si cette fragmentation résultait d’un choix stratégique des Houthis ou d’un dysfonctionnement technique du projectile.

Des éclats en plein cœur d’Israël
Le Magen David Adom (MDA), principal service de secours israélien, a signalé qu’un fragment avait touché une maison à Ginaton, dans le centre du pays. La pièce métallique a atterri dans l’arrière-cour, heureusement sans provoquer de victimes. Dans la région de Tel-Aviv et de Ramat Gan, des explosions ont également été entendues, témoignant de l’intensité de la tentative d’interception. Tsahal a confirmé avoir lancé plusieurs tirs de défense, sans parvenir à neutraliser totalement la menace.

 

Un précédent iranien

 

L’utilisation d’ogives à fragmentation n’est pas nouvelle au Moyen-Orient. Lors de la guerre de 12 jours ayant opposé Israël à l’Iran, Téhéran avait eu recours à ce type d’armement. Selon une enquête publiée en juin dernier, les missiles iraniens se divisaient à environ sept kilomètres d’altitude en plusieurs sous-munitions, chacune contenant près de deux kilogrammes d’explosifs. Ces bombes généraient un rayon d’impact d’environ huit kilomètres, multipliant les zones à risque.

L’une de ces attaques avait visé la ville d’Azour, démontrant la dangerosité de cette technologie lorsqu’elle est utilisée de manière coordonnée. L’incident récent avec les Houthis confirme que cette méthode tend désormais à se diffuser parmi les alliés régionaux de l’Iran.

Une menace qui s’installe
L’épisode de vendredi constitue un signal préoccupant pour Israël : ses adversaires diversifient leurs tactiques et recourent à des armements plus sophistiqués. Les armes à sous-munitions, bien que controversées sur le plan humanitaire en raison de leur potentiel à provoquer des dégâts collatéraux, pourraient devenir un outil de plus en plus utilisé dans les confrontations régionales.

 

Pour Israël, l’enjeu est double : renforcer l’efficacité de ses systèmes antimissiles et s’adapter aux nouvelles configurations de menaces. L’incapacité à intercepter un projectile fragmenté avant sa dispersion pourrait, à l’avenir, avoir des conséquences bien plus graves qu’un éclat tombé dans un jardin.

 

Jforum.fr

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