Combien coûterait la conquête de Gaza ?

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Alors que les débats politiques et militaires se poursuivent autour d’une éventuelle affirmation de souveraineté israélienne sur la bande de Gaza, une autre question suscite l’inquiétude : celle du coût. Selon plusieurs experts en économie militaire, une prise de contrôle complète du territoire représenterait une charge budgétaire colossale pour Israël, bien au-delà de ce que la classe politique semble anticiper.

Une estimation encore floue mais alarmante
Le chiffrage d’une opération d’occupation complète de Gaza varie fortement selon les scénarios. Pour la seule phase initiale de sécurisation — c’est-à-dire la prise de contrôle militaire des zones encore hors de portée de Tsahal —, les coûts oscilleraient entre 10 et 20 milliards de shekels, soit 2,9 à 5,8 milliards de dollars. Cette phase, motivée en grande partie par la crainte de la présence d’otages, ne constitue toutefois que la partie visible de l’iceberg.

Ram Aminach, ancien conseiller financier des Forces de défense israéliennes (Tsahal), rappelle que la définition précise de la mission est essentielle : sécurisation temporaire ? Administration civile ? Reconstruction à long terme ? Chaque option implique un coût distinct, tant sur le plan militaire que civil.

Une facture de plusieurs dizaines de milliards
Les scénarios les plus développés envisagent une prise en charge complète de la population gazaouie par Israël, sans même inclure une reconstruction totale. Rien que pour remettre en état les infrastructures essentielles — réseaux d’eau, électricité, évacuation des déchets, centres de santé, logements de base — le coût initial est estimé à 100 milliards de shekels, soit environ 26,5 milliards de dollars.

Au-delà de cet investissement de départ, le coût annuel d’une administration directe du territoire serait compris entre 60 et 130 milliards de shekels — soit 17 à 37,6 milliards de dollars par an. Ce budget englobe notamment :
– L’approvisionnement alimentaire à grande échelle,
– Une gestion minimale du système éducatif,
– La présence permanente de divisions de l’armée, avec rotation des troupes et maintien de l’ordre,
– Les infrastructures administratives nécessaires au fonctionnement quotidien,
– Le facteur humain et invisible.

Parmi les éléments souvent absents des calculs budgétaires, le coût humain des opérations militaires pèse lourd sur les finances publiques. Le ministère israélien de la Défense dispose déjà d’un département spécifiquement dédié à l’accompagnement des familles de soldats tués ou blessés. Il prend en charge :
– Les indemnisations des familles endeuillées,
– La réadaptation médicale des blessés,
– Les allocations à vie versées aux anciens combattants atteints d’un handicap.

Actuellement, ces engagements représentent une obligation financière de 120 milliards de shekels, soit environ 34 milliards de dollars. Si une opération de grande envergure était menée dans Gaza, ce chiffre ne pourrait qu’augmenter, alourdissant encore la charge économique pour le pays.

Des visions politiques aux implications financières majeures
Certains responsables israéliens, notamment les ministres Bezalel Smotrich (Finances) et Itamar Ben Gvir (Sécurité nationale), défendent l’idée d’une souveraineté pleine et entière, impliquant même la reconstruction des colonies israéliennes dans la bande de Gaza. Un tel projet ajouterait aux coûts déjà astronomiques :
– La construction de logements permanents,
– La sécurisation et protection des zones résidentielles,
– L’entretien de services publics pour une population israélienne déplacée.
Pour l’heure, ces éléments n’ont pas encore été intégrés aux projections financières officielles, mais leur impact pourrait être majeur.

Au-delà des débats géopolitiques ou militaires, l’idée d’une occupation complète de Gaza s’accompagne d’un fardeau économique sans précédent. En l’absence d’un soutien international, et sous une pression diplomatique croissante, Israël devra peser avec prudence les implications financières d’un tel projet. Le coût, en milliards, pourrait bien se révéler durablement insoutenable.

Jforum.fr

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