Autour de la table de Chabbath n°491 Nasso, suite de Chavou’oth
Commencer la nuit à Paris et la finir à Bené Brak…
Nous sommes à peine descendus du Mont Sinaï que cette semaine j’ai choisi de m’attarder sur la fête de Chavou’oth. De plus, à l’époque du Temple, les pèlerins montaient à Jérusalem pour se présenter devant Hachem durant les sept jours qui suivaient Chavou’oth et apportaient différents sacrifices (‘Olat Reiah, Chelamim). Il y a d’ailleurs une incidence – jusqu’à nos jours – puisque la coutume est de ne pas faire les « Ta’hanounim » durant ces sept jours qui suivent la fête.
Pour beaucoup, Chavou’oth signifie la veillée de l’étude de la Tora. La raison principale de cette étude nocturne est que le jour du Don de la Thora, Hachem a eu besoin de nous réveiller par le chofar au petit matin avant de donner les Dix Commandements. Depuis, le peuple a l’habitude de rester éveillé toute cette nuit du 6 Sivan à étudier la Tora jusqu’à la prière du matin et la lecture de la Tora.
Une question intéressante est posée : une autre soirée célèbre existe dans le calendrier hébraïque : la nuit du Séder. Là aussi, le Clall Israël reste éveillé jusque tardivement afin de raconter aux enfants les miracles de la sortie d’Egypte. Or, la Halakhha stipule que cette Mitsva “Tu raconteras à tes enfants ce jour-ci, etc.” (paracha Bo) s’accomplit jusqu’au moment où le sommeil nous assomme, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de Mitsva pour raconter le récit (la Hagada) jusqu’au petit matin. La raison est qu’à Yom Tov il existe une Mitsva d’avoir du plaisir et de la joie (‘Oneg vesima’hath Yom Tov/Choul’han Arou’h 629). D’après cela, on devra réfléchir pourquoi le jour de Chavou’oth on doit tant se forcer à étudier alors qu’il y a une Mitsva de ‘Oneg (se reposer) ?
Plusieurs réponses nous sont proposées. La première nous a déjà été allusionnée dans l’introduction. C’est que cette nuit d’étude vient en quelque sorte réparer le manque d’empressement des Bené Israël qui dormaient la veille du grand Dévoilement divin (au point que Hachem a eu besoin de les réveiller). Pour réparer ce manque d’empressement, le Clall Israël consacre de générations en générations une nuit à l’étude. C’est en quelque sorte une Kappara/expiation du manque d’empressement de l’époque. Donc même s’il peut y avoir un certain désagrément, on fera l’effort de rester éveillé (au moins la plus grande partie de la nuit/malgré le manque de « ‘Oneg »).
Une autre réponse, plus fine encore, c’est que le roi David dit au sujet de la Tora : “Torath Hachem temima mechivath néfech” / La Tora de Hachem est intègre, elle renforce l’âme (Tehilim 19.8). Même s’il est juste qu’un homme peut se faire violence à étudier et à ne pas dormir, cependant il s’agit du renforcement de notre âme. Par exemple : pour Chavou’oth nos épouses ont l’habitude de préparer des gâteaux au fromage et toutes sortes de plats lactés ; pourtant la meilleure épouse au monde prépare aussi de quoi nourrir la maisonnée par du pain, des légumes et de la viande. Pareillement à Chavou’oth, c’est juste que l’on doit faire de ce jour un ‘Oneg (se reposer, dormir) ; en tout cas, la sainte Tora remplit notre cœur et notre âme. C’est notre nourriture spirituelle qui nous donne la vitalité. Donc si nous avons le choix entre renforcer notre âme ou dormir, que devra-t-on choisir ?
Une autre réponse pour les plus entreprenants et assidus (et certainement la plus percutante et simple des réponses) parmi mes lecteurs (jusqu’à Madagascar…), c’est qu’il n’existe pas de plus grand plaisir, d’engouement et de joie que d’étudier notre sainte Tora. C’est juste que la route peut être difficile pour le débutant, mais après avoir passé le cap, l’étudiant en herbe trouve un grand plaisir à comprendre la parole de Hachem. Donc on retrouve le ‘Oneg (délice) du Yom Tov au cours de cette superbe soirée au Beth Hamidrach jusqu’au petit matin (pour les plus téméraires).
Je finirai par une courte anecdote qu’un très bon ami m’a révélée il n’y a pas si longtemps. Il doit sa magnifique ascension dans la Tora à la veillée de Chavou’oth. Il se souvient alors qu’il avait 17 ans et qu’il était très loin de toute pratique ; il avait entendu par ses amis qu’il existait une soirée d’étude dans un Beth Hamidrach de Paris. Il avait envie de rejoindre ces gens religieux à l’étude. C’était pour lui une grande expérience : la première fois qu’il allait étudier en pleine nuit des textes inconnus alors qu’il n’avait aucune notion claire du judaïsme. La nuit se passa bien et au petit matin il repartit chez lui. Une année entière s’écoula sans aucune nouveauté lorsque arriva Chavou’oth. Il se proposa de passer une deuxième fois la nuit à écouter des cours. Cette fois il partit à pied de chez lui pour se rendre au Beth Hamidrach et passa un super moment. Au petit matin, un des Rabanim lui demanda s’il ne voulait pas venir en semaine suivre ses cours. Il accepta et commença à les suivre… Les années passèrent et aujourd’hui, bien longtemps après, il se retrouve Avrekh au Collel, père d’une grande famille au centre du pays où les Yeux de Hachem scrutent ses habitants du début de l’année jusqu’à la fin, tout cela, grâce à la veillée de Chavou’oth. Qui veut vivre cette même expérience la prochaine fois ?
Le sipour
Comment prendre la photo avec Poutine ? Comme nous sommes encore à quelques encablures de la fête de Chavou’oth, on a décidé de vous faire partager une histoire véridique qui nous réchauffera le cœur ! Le rav Zaïde Chlita rapporte l’histoire récente d’une jeune fille juive de Russie. Cette dernière se lança corps et âme dans de longues études pour devenir médecin. Avec les années, cette jeune fille opta pour la spécialité de chirurgie de la boîte crânienne. Comme vous vous en doutez bien (en particulier notre lecteur assidu et très bon stomatologue-dentiste G. Cohen de Paris/Richer) les études de médecine sont très poussées et les niveaux doivent être excellents, à plus forte raison pour cette spécialité de chirurgie de bloc opératoire. Mais comme le dicton le dit bien : “Rien ne tient devant la volonté de l’homme.” Donc notre jeune fille fera des pieds et des mains pour réussir ses études. Or la médecine russe plaçait la barre haute pour décrocher le diplôme et les examens étaient très difficiles. Seulement dans le même temps, notre jeune fille fit ses premiers pas dans la pratique des Mitsvoth et se rapprocha de la foi de ses pères (ou plutôt de ses arrière grands-pères). Et finalement au bout de 12 années de travail d’arrache-pied, elle décrocha le diplôme final. Au départ de sa promotion ils étaient 100 dans sa spécialité et finalement il ne restait plus qu’elle et un autre étudiant pour recevoir le diplôme consacrant notre jeune fille chirurgien apte à opérer en bloc opératoire. Seulement le corps enseignant russe avait prévenu notre étudiante que la remise de son diplôme se déroulerait lors d’une grande cérémonie devant tout le parterre de la médecine russe et l’heureux étudiant devait signer un engagement suivant un protocole propre à la médecine russe. Formidable ! Cependant il y a avait un « hic » dans tout cela. C’est que la date de la remise des diplômes tombait le jour de la fête de Chavou’oth. Notre fille était devant un grand dilemme. Elle savait que le jour de fête il est interdit d’écrire (comme le Chabbath), donc quoi faire ? Elle savait pertinemment aussi que dans un cas similaire, un des étudiants qui avait décroché le diplôme était tombé malade, mais le jour de la remise des diplômes, il vint en brancard de l’hôpital pour ne pas rater la formidable occasion. Car tout le monde le sait : sans cette cérémonie c’est NIET ! Il n’est pas possible de pratiquer son métier. Donc notre étudiante rencontrait un vrai problème : ou valider ses 12 années de travail acharné, ou respecter le Yom Tov. Elle se rendit alors chez le grand rav de toute la Russie : Rav Béer Lazar, pour prendre conseil. Le rav essaya de faire changer la date de la remise des diplômes, en vain. La cérémonie ne pouvait pas être repoussée et, si notre fille ne se présentait pas, adieu le diplôme et les 12 années de travail. Le rav expliqua à notre jeune fille qu’il n’y avait pas de solution et donc qu’elle ne pouvait pas se rendre le jour de la cérémonie. La jeune fille effectivement ne se présenta pas devant le jury le jour de Chavou’oth comme le rav lui avait dit de faire. Finis la spécialité, le bloc opératoire, tout juste bonne pour la médecine généraliste au paradis des anciens soviets !
Fin du premier épisode.
Huit mois plus tard, à l’occasion de Hanouka, notre jeune fille est invitée avec une bonne partie de la communauté juive de Moscou à faire un allumage en compagnie du rav Lazar. De plus, l’invité de marque de la soirée n’est autre que le président de toutes les Russies : Poutine en personne ! Le rav Lazar, qui est un grand défenseur de la cause juive, alluma une bougie et invita le président de la Russie à faire l’allumage devant toute la communauté. Puis le rav prit le micro et annonça : « On appelle notre héroïne de l’année, qui n’a pas transgressé la Tora, à venir allumer aussi sa bougie. » Il s’agit de notre ancienne étudiante qui monte sur l’estrade et allume aussi sa bougie. Le président de la Russie prit le rav Lazar par la main et lui demanda l’explication de l’acte héroïque de la jeune fille. Le rav expliqua brièvement que la Tora interdit d’écrire à Yom Tov et que cette jeune fille a préféré laisser tomber son diplôme plutôt que de transgresser la Tora. Poutine, en entendant cela, était prêt à tomber par terre ! Il s’exclama alors : « Vous les Juifs vous êtes un peuple extraordinaire. Votre loi est vieille de 3 000 ans et vous êtes prêts à tout pour ne pas la transgresser. Alors que chez nous, les lois les plus récentes du pays sont contournées et non respectées. » Seulement on est Poutine ou on ne l’est pas. Sur-le-champ, le président appela le recteur de l’université de médecine de Moscou pour lui demander ce qui s’est passé avec cette fille. Le recteur, antisémite notoire (propre à la bureaucratie communiste), déversa son venin contre les Juifs et dit au téléphone que c’est exact, cette jeune fille, en ne venant pas récupérer son diplôme, a ridiculisé le jury et donc elle ne devait pas recevoir son diplôme. Poutine, au bout du fil, encore empreint de la sainteté de l’allumage de Hanouka, rétorqua au vieil universitaire d’un ton qui ne lui laissa pas de possibilité de se rebiffer : « Je veux que tu viennes TOUT DE SUITE remettre à cette jeune fille son diplôme ! ». Il paraît que les tsars ont disparu mais, semble-t-il, les ordres de Poutine font grand effet même sur les vieux bureaucrates. Et effectivement, le vieil universitaire russe se déplaça immédiatement et remit à notre jeune héroïne son diplôme. Et pour l’occasion une photo a été prise avec la nouvelle diplômée accompagnée de Poutine à ses côtés sous les Yeux bienveillants de la Providence divine.
Le fin mot de notre histoire c’est que cette jeune fille a quitté le froid glacial de Moscou pour s’installer en Terre Promise, et en Nissan 5778 / Mars 2018, notre jeune héroïne a été reçue par l’hôpital Hadassa de Jérusalem comme aide chirurgien en bloc opératoire. On lui souhaitera beaucoup de réussite (et que l’on n’ait besoin d’aucun de ses services).
Fin de l’anecdote véritable.
Et pour nous, sachant, que l’on ne vit pas au pays des anciens soviets, pour sanctifier le Nom de Hachem, il “suffit” de bien s’occuper de ses enfants, de son mari, de son épouse afin de veiller qu’ils aillent au Beth Midrach sans oublier de s’habiller modestement pour faire un grand Kidouch Hachem et ce TOUS LES JOURS ! Vaste programme.
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold avreh sofer
Ecriture – sépharade et askhénaze
Tél. : 00972 55 677 87 47
e-mail : dbgo36@gmail.com
Et toujours une Tefila pour les captifs de Gaza et la sécurité du Clall Israël.
Une refoua chléma pour Sarah Rahel Bat Léa Sima parmi tous les malades du Clall Israël.