Autour de la table de Chabbath, n°492 Behalotekha
Comment casser la coquille ?
Notre Paracha traite de plusieurs sujets : le candélabre, la consécration des Léviim et la Mitsva du Pessa’h chéni. Seulement cette semaine je m’attarderai sur la suite (la 6ème montée) : « Vayéhi binso’a haaron… ». Les Bené Israël sont restés près d’une année entière au pied du Mont Sinaï pour recevoir et étudier les Commandements de Hachem. Après cette période, les nuées de gloire se sont levées et ont suivi l’Arche Sainte qui avançait en direction de la Terre Promise. Le reste du campement suivit : tout le peuple prit ses baluchons et valises pour rejoindre l’Arche qui avait déjà pris une bonne avance (3 jours de marche car Hachem était pressé de nous voir tous entrer en Erets).
Les deux versets (psoukim-Behalotekha 10.35) qui marquent le départ de ces nuées sont encadrés (dans le Séfer Tora) par deux lettres inversées (Noun). Les Sages enseignent que c’est un signe, savoir que ce passage n’est pas vraiment à sa place (plus approprié à une autre section). Seulement cela vient faire une interruption entre deux maux. Le Ramban (sur place) explique que lorsque les nuées ont quitté le Sinaï, le peuple a couru en direction du désert à l’image de l’enfant qui entend la cloche sonner à la fin des cours… C’est-à-dire que le peuple (tout du moins une partie) a montré un certain soulagement à quitter le Sinaï pour ne pas continuer l’apprentissage de la Tora.
Juste après cela est décrit un passage (11.1) non moins réjouissant des « Mithonenim » : les protestataires. Ce sont les sempiternels récalcitrants de la communauté qui revendiquaient, alors, un repas plus copieux avec de la bonne viande… Les Sages ont là encore un regard sévère puisqu’ils enseignent que ce n’était qu’un vil alibi de leur part. En effet, la manne qu’ils recevaient tous les matins au pied de leur tente avait toutes les saveurs et gouts imaginables. Donc le but profond de ces « Mithonenim » était de se détourner de Hachem et de Sa Tora.
Seulement je m’attarderai sur ces deux versets (encadrés par les deux lettres). Lorsque l’Arche prenait le signe du départ, Moché disait « Lève-toi Hachem et écrase Tes ennemis devant Toi… ». En effet, l’Arche avançait devant le campement pour aplanir le terrain et faire fuir les bêtes féroces du désert. Rachi note que Moché a prié que D’ fasse fuir SES ennemis, Il n’a pas dit de faire fuir les bêtes du désert pour protéger Sa communauté. De là Rachi apprend que les ennemis du Clall Israël (les bêtes féroces et autres brigands du désert) sont les ennemis de Hachem ! On pourra extrapoler à notre époque pour comprendre que tous ces complets-vestons bien habillés qui manifestent dans les grandes villes d’Europe, Londres, Paris et ailleurs pour l’arrêt des ventes d’armes à Israël font d’une manière élégante la guerre à Hachem (puisque le verset nous apprend que les ennemis d’Israël sont les ennemis de D’, n’est-ce pas mes chers lecteurs ?).
Donc Moché demande que Hachem balaie tous les ennemis qui pourraient entraver la route de la communauté en direction de la Terre Promise (par exemple, les groupes terroristes qui pullulent dans la péninsule du Sinaï). Seulement le Or Ha’haim (sur place) donne une autre perspective à ces mêmes versets. Il explique que l’avancée du Clall Israël dans le désert (qui dura 40 années) avait pour but de libérer toutes les étincelles de sainteté qui étaient emprisonnées par les forces du mal. Ces forces agissent de deux manières : soit elles incitent l’homme à fauter, soit elles exercent le mal dans leur environnement. Donc lorsque Moché demande à Hachem de balayer ces forces, il s’agissait de faire sortir les étincelles de saintetés (pureté) qui étaient emprisonnées par les Klippoth (les écorces du mal) qui les retenaient. Le Or Ha’haim enseigne par ailleurs que dans chaque créature, il existe un point de kedoucha qui lui donne le pouvoir de continuer à vivre. Lorsque l’Arche Sainte avançait dans le désert, elle attirait à elle toutes ces saintetés qui étaient emprisonnées et d’une manière automatique le mal (klippa) disparaissait (puisqu’il perdait ce point positif en lui). D’après cette formidable explication on comprend pourquoi certaines stations dans le désert duraient des mois tandis que pour d’autres, l’arrêt durait uniquement quelques jours, en fonction du travail spirituel qu’il y avait à faire. Plus il y avait des saintetés emprisonnées dans l’endroit, plus grand était le travail par l’étude de la Tora et des Mitsvoth qui ramenaient ces étincelles à leur racine. Des fois, le travail (birour) s’exerçait par le simple fait que l’Arche Sainte traversait l’endroit sans même s’arrêter : elle attirait à elle toutes ces étincelles. D’autre part, le Or Ha’haim rajoute que la souffrance endurée par le Clall Israël ou par nos Patriarches avait aussi la capacité d’épurer et d’amener la kedoucha.
Je dois l’avouer, les choses sont profondes et la « magnifique Table du Chabbath » n’a pas la prétention de donner un cours sur ce sujet car il est ardu et demande beaucoup d’approfondissement. Seulement d’après ce formidable commentaire on peut comprendre ce phénomène très particulier lié au Clall Israël, à savoir que de générations en générations la communauté a vécu différents exils. La communauté a pu rester des centaines d’années dans tel pays ou tel empire puis du jour au lendemain devenir persona non grata et devoir faire ses bagages. Au niveau de la recherche historique en France c’était dû certainement au fait que le roi Philippe Le Bel (qui n’était vraiment pas beau) s’était emporté contre la communauté, puis au cours de l’histoire de France, un des Louis fâché contre un des notables de la communauté déclencha une catastrophe (comme on le sait, d’un point de vue historique l’antisémitisme en Europe se met en place aussi simplement qu’écrire de la prose. Mais comme la « Table du Shabbat » n’est pas ingrate, il faut AUSSI lever le chapeau pour tous les pays et la France dont nos grand parents disaient : « Heureux comme D’ en France » qui nous accueilli au travers les siècles. D’après un niveau plus élevé c’était certainement une preuve que le travail spirituel avait été accompli : il n’y avait plus d’étincelles à puiser dans le royaume…
Le sipour
Cette fois notre sipour (histoire) est rapporté par le rav Itshak Zilberstein chelita lors d’un déplacement à l’étranger dans la ville anglaise de Manchester. Là bas, dans une des choules de la ville, il a remarqué un ancien de la communauté qui faisait un Kadisch à la fin de la prière avec beaucoup de zèle et de ferveur. Comme sa manière était fort inhabituelle le rav s’est approché de lui et lui demanda la raison de ce Kadisch (le Kadisch est une prière de louange que l’on fait à Hachem en l’honneur de l’âme d’un défunt). Cet homme âgé racontera alors l’histoire époustouflante de ce Kadisch : «Je suis un ancien enfant de l’Europe Centrale d’avant guerre. Durant la guerre, j’ai subi toutes les atrocités de la Shoah dans ma chair. Hachem a voulut que je passe par plusieurs camps de concentrations, les plus terribles qui existaient. Les images que j’ai vues sont impossibles à décrire à la nouvelle génération. Tout le monde tremblait à CHAQUE instant de la vie, et l’avenir le plus proche n’était pas assuré. C’était un univers terrifiant ! Durant toute cette période j’ai eu le mérite de me renforcer dans la CONFIANCE en D’. Depuis le premier moment où je suis arrivé dans les camps, je savais que si je ne gardais pas ma foi et ma confiance en Hachem, alors terrible sera mon sort. A tout moment, j’avais dans ma bouche les paroles de « Yechou’oth Hachem keéref ‘ain » c’est à-dire : « la DELIVRANCE de Hachem vient en UN clin d’œil ! » Je répétais tellement ces paroles que les amis de ma section me surnommaient : ‘Yechou’oth Hachem’, la délivrance de Hachem. Dans notre camp de concentration est arrivé le moment terrible où TOUTE la section a été prise pour être envoyée dans les chambres à gaz. Comme on faisait partie du dernier groupe, on attendait en dehors de ces chambres : notre fin. A l’entrée de la chambre se trouvait un SS -Yimah chemo- je m’en souviens comme si c’était hier encore. Sa fonction était de surveiller que personne ne sorte des rangs et ne prenne la fuite. Durant ces quelques minutes de peur indescriptible un ami qui était à coté de moi, me tapota l’épaule en me disant : ‘Est-ce que ton « Bita’hon », confiance en Hachem, te sert à ce moment ? ‘Malgré tout, je me suis renforcé, comme à mon habitude et je lui répondis : ‘La délivrance peut venir en un clin d’œil ! » J’ai même rajouté le Talmud qui dit : « Même si le glaive est posé sur le cou de l’homme, il ne doit pas désespérer de la Miséricorde divine!! » (Berakhot). A peine ai-je fini de dire ces paroles que de la poche du nazi tombe au sol un papier. Le mécréant dans son grand orgueil, me demanda de le ramasser (car il ne voulait pas se baisser !). J’ai dû obéir à son ordre et je suis sorti du rang pour aller chercher son bout de papier tombé un peu plus loin. Tout cela sous le regard du nazi. Dans le même temps, mes amis pénétraient dans la chambre attenante, la chambre à gaz ! J’ai alors ramassé le papier et d’un seul coup, la porte de la chambre à gaz s’est refermée automatiquement par le système électrique ! (comme quoi la technique allemande marchait déjà bien !) Le nazi me prit alors de force et chercha à me faire entrer avec mes autres camarades dans la pièce, mais peine perdue c’était hermétiquement fermé ! Il a du me laisser, et par la suite j’ai pu fuir dans les forêts attenantes et ainsi survivre à la guerre. Dans ce moment crucial, j’entendais les cris de mes compagnons qui allaient mourir en sanctifiant le Nom de Hachem sur terre ! Je les entendais me crier par de la porte : souviens-toi de nous afin que tu dises le KADISCH en notre souvenir !’ Pour tous ceux là, je dis le Kadisch depuis déjà plusieurs dizaines d’années avec autant d’engouement que la première fois ! Que Hachem venge leur sang !’ On voit de notre sippour là encore que dans le domaine de la foi en Hachem, D’ agit de la même manière même si le sauvetage semble complètement surnaturel : mesure pour mesure ! Comme dit le Midrach : « Si tu montres un doigt en plein soleil, l’ombre reflétée au sol sera d’un seul doigt. Mais si tu présentes une main, alors au sol l’ombre sera d’une main ! »
D’autre part, si, au grand jamais, il se peut que l’on doive affronter de grandes difficultés dans la vie de tous les jours, c’est peut-être la preuve qu’il y a beaucoup d’étincelles à amener à leurs rédemptions…. Qui sait ?
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold E-mail : dbgo36@gmail.com
Tél : 00972 55 677 87 47
Une Berakha à tous les Ba’houré Yechivoth et Avrékhim qui s’occupent à faire monter beaucoup d’étincelles du monde entier.
Une Tefila pour les emprisonnés de Gaza que Hachem les délivre rapidement.
Une prière de refoua chelema pour Sara Ra’hel Bath Sima Léa parmi les malades du Clall Israël.
Une bénédiction de réussite à mon ami le rav Mordechaï Bismuth et son épouse (Bené Brak) dans l’éducation des enfants, la santé, la parnassa.
Une Berakha à Daniel Zana (Paris) de bonne santé et de Parnassa et une bonne éducation des enfants.