Comment l’Iran prépare la prochaine guerre contre Israël ?

0
10

L’échange d’attaques directes entre Israël et l’Iran a cessé le 24 juin 2025. Pourtant, de nombreux signaux laissent penser que Téhéran se prépare déjà à une nouvelle confrontation. Selon plusieurs analystes et témoins, cette prochaine guerre pourrait éclater dans les deux mois à venir et s’annoncerait plus intense que la précédente.

Une stratégie élargie

Contrairement au dernier affrontement, l’Iran semble vouloir élargir ses cibles. Ses préparatifs incluraient désormais non seulement Israël, mais aussi les intérêts américains dans la région, en particulier certaines bases militaires. Les pays signataires des accords d’Abraham pourraient également être visés, preuve de la volonté iranienne d’étendre le champ de la confrontation.

Parmi les mesures observées figure la reprise de l’entraînement de combattants dans plusieurs pays. Cette formation s’est déroulée à l’occasion de l’Arbaïn de l’imam Hussein (notre illustration : sa tombe), un pèlerinage chiite majeur ayant rassemblé en août des millions de fidèles à Karbala, en Irak. Cet événement religieux a été utilisé par l’Iran et ses alliés pour encadrer des volontaires venus de divers horizons, leur enseignant le maniement des armes et la fabrication d’explosifs artisanaux.

Mobilisation religieuse et politique

Les rassemblements de l’Arbaïn ont également servi de cadre à une conférence de l’opposition bahreïnie, organisée du 11 au 14 août 2025, avec la participation de figures recherchées par les autorités de Manama. Cette rencontre a été marquée par des discours hostiles aux accords d’Abraham et par la présence d’un représentant du guide suprême iranien, Ali Khamenei. Selon des témoins, certains visiteurs ont été pris en charge par des groupes armés affiliés aux Forces de mobilisation populaire (PMF), sans que l’on sache exactement où ils ont été conduits.

Des observateurs estiment que ces actions visent à créer des réseaux régionaux, à coordonner les milices chiites et à présenter l’Iran comme le seul défenseur des Palestiniens et de Gaza, renforçant ainsi son influence auprès des opinions publiques arabes.

Formation militaire et propagande
Selon des sources irakiennes, les volontaires recrutés lors de ces rassemblements ont bénéficié de cours intensifs sur l’utilisation d’armes légères, la préparation d’explosifs à base de composants locaux et la gestion de drones. Parallèlement, plusieurs médias affiliés à l’Iran ont été modernisés et intensifieront leurs campagnes afin de promouvoir ce rôle de « protecteur » des chiites et du peuple palestinien.

Pour l’ancien général irakien Abdulsalam al-Ajili, il ne s’agit pas de formations sophistiquées, mais de programmes courts destinés à préparer des attaques limitées, parfois dans les États du Golfe ou en Europe. Selon lui, l’Iran a réactivé une « cinquième colonne » dormante dans plusieurs pays, afin de renforcer ses moyens de pression et de déstabilisation.

Signaux militaires et industriels
Les préparatifs ne se limitent pas à la formation. Le ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh, a reconnu que des usines d’armement et infrastructures militaires avaient été installées dans certains pays alliés. Il a confirmé que la production de missiles s’était poursuivie même pendant la guerre précédente, avec une révision des méthodes de fabrication.

Sur le terrain, des témoins ont signalé d’importants mouvements de matériel militaire en Iran et en Irak, notamment dans la région d’Ahwaz. Des convois de camions circulant de nuit, parfois sous escorte avec l’éclairage public coupé, ont été observés. Ces témoignages renforcent l’impression d’une préparation active à un conflit élargi.

Enjeux régionaux et discours divergents

Les analystes divergent sur l’ampleur de ces préparatifs. Pour Muwaffaq al-Khattab, observateur politique irakien, l’Iran « joue sur le sectarisme » en se présentant comme l’unique défenseur des chiites, afin de mobiliser des soutiens régionaux. Il estime que Téhéran prépare des attaques indirectes contre Israël et les États-Unis, tout en cherchant à capitaliser sur son image de protecteur du peuple palestinien.

Hassan al-Yasiri, analyste iranien, rejette en revanche l’idée que l’Iran organise directement des groupes armés à l’étranger. Selon lui, le pays bénéficie simplement d’un large soutien populaire en raison de son rôle perçu comme défenseur des musulmans en Palestine et à Gaza. Pour lui, si un nouveau conflit éclate, Israël cherchera à en prendre l’initiative, tandis que l’Iran sera cette fois mieux préparé pour y répondre.

Une confrontation annoncée
La perspective d’un nouveau cycle de guerre entre Israël et l’Iran semble donc largement partagée. Chacun des protagonistes aurait tiré les leçons du précédent affrontement, évaluant les failles de l’adversaire et cherchant à s’y adapter. Dans ce contexte, la mobilisation religieuse, la formation de combattants, l’intensification des médias pro-iraniens et les mouvements de matériel militaire apparaissent comme autant de signaux annonciateurs d’une escalade imminente.

Jforum.fr

Aucun commentaire

Laisser un commentaire