L’ONU est devenue le club des dictateurs: elle choisit les tyrans plutôt que les opprimés
par Majid Rafizadeh
L’ONU condamne volontiers des nations démocratiques comme les États-Unis et Israël pour avoir défendu leurs citoyens et combattu le terrorisme, mais elle s’efforce de protéger, de dorloter, voire de promouvoir certains des régimes les plus brutaux et oppressifs du monde, notamment l’Iran. L’ONU, qui devrait soutenir les opprimés, confie au contraire pouvoir et légitimité à leurs oppresseurs.
Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH), dont le président Donald J. Trump a eu la clémence de retirer les États-Unis, a de nouveau nommé en février des représentants du régime iranien comme « experts en droits humains ». L’Iranienne Afsaneh Nadipour figurait parmi les sept personnes choisies pour conseiller le CDH sur les questions mondiales relatives aux droits humains. L’ironie du sort est on ne peut plus frappante, ni plus inquiétante. Comment un régime qui réprime la liberté d’expression, exécute des prisonniers politiques et emprisonne des femmes qui ne se couvrent pas les cheveux peut-il désormais juger d’autres personnes en matière de droits humains ? C’est comme si l’ONU confiait la direction des pompiers à des pyromanes, puis s’étonnait de voir la caserne brûler.
Nommer des Iraniens au CDH n’était pas une mince affaire bureaucratique ; elle a d’énormes conséquences, tant pratiques que symboliques. Pour les innombrables combattants de la liberté, femmes et dissidents iraniens qui risquent leur vie chaque jour pour s’opposer à la tyrannie, la décision de l’ONU est une trahison dévastatrice. Lorsqu’une organisation internationale comme l’ONU élève au rang de figure le régime même qui torture et assassine ces personnes courageuses, elle envoie un message clair : vous êtes seuls ; le monde ne vous soutiendra pas. Cela signifie à chaque militant derrière les barreaux et à chaque mère qui a perdu son enfant lors de manifestations que la communauté internationale préfère serrer la main et déjeuner avec les dictateurs plutôt que de les affronter.
Ce genre d’aveuglement moral détruit la crédibilité et affaiblit toute défense légitime des droits humains. Il transforme le CDH en une parodie de sa mission. Au lieu d’amplifier les cris des opprimés, il donne la parole à leurs oppresseurs. En accordant à un régime brutal un siège à la table des droits humains, l’ONU a non seulement insulté les victimes de la tyrannie, mais aussi enhardi les tyrans eux-mêmes.
En 2024, l’Iran a exécuté au moins 975 personnes, soit le bilan le plus lourd depuis près de dix ans. Le régime a transformé les pendaisons publiques et les exécutions secrètes en instruments de contrôle politique. Parmi les victimes figurent des manifestants, des minorités ethniques et des jeunes qui ont osé réclamer la liberté lors du mouvement « Femme, Vie, Liberté ».
La réaction à la décision de l’ONU a été virulente . Des dirigeants, des parlementaires et des groupes de défense des droits humains du monde entier ont immédiatement dénoncé cette décision. Le sénateur américain Jim Risch, membre éminent de la commission sénatoriale des affaires étrangères, a qualifié ces nominations d’« absurdes » et a demandé : Comment voulez-vous que des pays comme la Chine et l’Iran conseillent cette organisation en matière de droits de l’homme ? L’un exporte le terrorisme et emprisonne les femmes, tandis que l’autre enferme les minorités ethniques dans des camps de concentration.
Hillel Neuer, directeur exécutif de UN Watch, a qualifié cette promotion d’acte éhonté : L’ONU a élu les agents fidèles de Pékin et de Téhéran comme « experts des droits de l’homme » – sans scrutin, sans vergogne. Ces régimes persécutent les minorités, emprisonnent quiconque s’exprime librement et gouvernent par la peur et la censure.
Lawdan Bazargan, une militante irano-américaine, a décrit la nomination de l’Iran comme « une gifle aux femmes courageuses d’Iran » et a souligné que l’ONU récompense le même système qui emprisonne et torture les femmes qui refusent de porter le foulard.
Malgré les réactions négatives, les nominations restent en vigueur.
On ne promeut pas la démocratie et les droits humains en valorisant les auteurs d’abus. On ne met pas fin à l’oppression en invitant des dictateurs à siéger au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Les véritables progrès ne peuvent se faire que par la responsabilisation. L’ONU devrait sanctionner les régimes brutaux, les isoler diplomatiquement et exercer sur eux une pression maximale, tant économique que politique. Elle devrait donner du pouvoir et financer les voix des dissidents et des militants, et non celles des diplomates qui les répriment.
Au lieu de cela, l’ONU a choisi la voie de la lâcheté morale. Elle serre la main des tyrans et sourit aux caméras tandis que des citoyens ordinaires sont battus, emprisonnés et exécutés. Ce genre d’hypocrisie ne nuit pas seulement à la réputation de l’ONU : elle provoque des assassinats.
L’ONU, censée représenter la conscience du monde, est devenue une parodie de justice et une tribune pour la brutalité. Elle condamne les démocraties qui se défendent, tout en soutenant des régimes qui commettent des atrocités incessantes. Elle prêche les droits de l’homme tout en attribuant des titres aux gouvernements qui les violent le plus. Il ne s’agit pas de neutralité, mais de corruption morale.
Le Dr Majid Rafizadeh est politologue, analyste diplômé de Harvard et membre du conseil d’administration de la Harvard International Review. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère des États-Unis.



























