Contrer l’isolement diplomatique et l’image négative d’Israël

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Selon lui, la création d’un État dominé par le Hamas aux portes de villes israéliennes compromettrait l’existence même du pays. Israël ne cédera pas face aux appels internationaux fondés sur des dynamiques internes étrangères, rappelle-t-il, en adoptant une posture ferme inspirée de la tradition politique d’Ariel Sharon.

Son discours fait écho au passé : dans les années 2001–2002, Sharon avait opposé à l’administration américaine une vision similaire, refusant toute politique d’apaisement jugée dangereuse. Aujourd’hui, Sa’ar, ancien bras droit de Sharon, répète ce scénario face à une pression internationale croissante.

Toutefois, la rhétorique puissante ne suffit pas. Ce constat rejoint celui de Gilad Erdan, ancien ambassadeur israélien à l’ONU, qui souligne le manque de clarté stratégique après presque deux ans de conflit. Selon lui, Israël peine à exposer un plan visionnaire pour Gaza, ce qui laisse un vide occupé par d’autres récits visant à un État palestinien.

L’absence de vision est décrite comme un handicap majeur. Sans une stratégie clairement énoncée — qu’il s’agisse de démilitarisation ou de réhabilitation post-conflit, à l’image de l’Allemagne ou du Japon après 1945 — Israël laisse le champ libre aux interprétations extérieures. Sa’ar et Erdan estiment qu’un horizon politique explicite est essentiel pour maintenir une marge de manœuvre crédible.

La pression international continue de monter. Plusieurs pays ont annoncé la reconnaissance d’un État palestinien, souvent sous conditions exigeant un cessez‑le‑feu global. Bien que ces gestes relèvent davantage d’une communication intérieure qu’ils ne modifient la réalité, ils renforcent des récits hostiles. Comme Erdan l’explique, l’opinion publique — en particulier en Occident — se cristallise autour d’une image d’Israël oppresseur, façonnée par des images puissantes depuis Gaza.

Selon un diplomate expérimenté, Israël doit engager trois actions essentielles immédiatement :

  • Présenter un projet concret pour Gaza : définir précisément les objectifs futurs — démilitarisation, déradicalisation ou reconstruction — et impliquer les partenaires européens.
  • Réduire l’overdose de discours extrémistes émanant de certains ministres : leurs propos radicaux alimentent une vision négative à l’international et nuisent à la crédibilité du gouvernement.
  • Réformer la diplomatie publique : Israël doit être capable de riposter rapidement aux mensonges et narratives destructrices diffusées sur les réseaux sociaux. La structure actuelle manque de moyens, d’autorité et d’unité face à un Hamas ou un Hezbollah qui bénéficient déjà du soutien iranien.

Le combat d’opinion publique se passe aujourd’hui sur TikTok, Twitter, YouTube — plateformes où la voix israélienne reste largement absente, selon Erdan. Il souligne aussi l’importance d’autoriser davantage de correspondants étrangers à Gaza : sans surlendemain, les médias internationaux restent dépendants des sources palestiniennes, alimentant un récit souvent partial.

Par exemple, une photo d’un enfant malnutri attribuée à la famine à Gaza s’est avérée concerner un garçon malade hospitalisé en Italie. Israël n’a pas de mécanisme rapide pour corriger ce type de désinformation en temps réel. Erdan appelle à une unité dotée de budget, d’outils spécialisés, capable de contrer immédiatement les fake news et d’exposer aux regards les preuves des crimes des groupes terroristes soutenus par l’Iran.

Ce renforcement narratif n’a cependant pas vocation à régler tous les problèmes politiques. Même avec des arguments bien formulés, Israël ne convaincra pas toujours. Mais sans coordonner une diplomatie publique proactive et structurée, l’image véhiculée aujourd’hui — Israël en oppresseur — s’imposera comme dominante.

Ne pas réagir activement permet aux récits adverses de définir l’identité nationale. Ignorer ce champ stratégique n’est pas juste une erreur tactique : c’est un risque stratégique majeur.

Jforum.fr

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