En pleine tempête diplomatique, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a choisi ses mots avec force : Israël « n’est pas la Tchécoslovaquie du XXIᵉ siècle ». Sa référence lancée en réponse à la reconnaissance d’un État palestinien par plusieurs pays européens, vise à exclure toute pression pour des concessions jugées inacceptables. Pour Sa’ar, le contexte démographique de certains pays européens ne peut restreindre la défense de la sécurité israélienne.
Son discours fait écho au passé : dans les années 2001–2002, Sharon avait opposé à l’administration américaine une vision similaire, refusant toute politique d’apaisement jugée dangereuse. Aujourd’hui, Sa’ar, ancien bras droit de Sharon, répète ce scénario face à une pression internationale croissante.
L’absence de vision est décrite comme un handicap majeur. Sans une stratégie clairement énoncée — qu’il s’agisse de démilitarisation ou de réhabilitation post-conflit, à l’image de l’Allemagne ou du Japon après 1945 — Israël laisse le champ libre aux interprétations extérieures. Sa’ar et Erdan estiment qu’un horizon politique explicite est essentiel pour maintenir une marge de manœuvre crédible.
La pression international continue de monter. Plusieurs pays ont annoncé la reconnaissance d’un État palestinien, souvent sous conditions exigeant un cessez‑le‑feu global. Bien que ces gestes relèvent davantage d’une communication intérieure qu’ils ne modifient la réalité, ils renforcent des récits hostiles. Comme Erdan l’explique, l’opinion publique — en particulier en Occident — se cristallise autour d’une image d’Israël oppresseur, façonnée par des images puissantes depuis Gaza.
- Présenter un projet concret pour Gaza : définir précisément les objectifs futurs — démilitarisation, déradicalisation ou reconstruction — et impliquer les partenaires européens.
- Réduire l’overdose de discours extrémistes émanant de certains ministres : leurs propos radicaux alimentent une vision négative à l’international et nuisent à la crédibilité du gouvernement.
- Réformer la diplomatie publique : Israël doit être capable de riposter rapidement aux mensonges et narratives destructrices diffusées sur les réseaux sociaux. La structure actuelle manque de moyens, d’autorité et d’unité face à un Hamas ou un Hezbollah qui bénéficient déjà du soutien iranien.
Le combat d’opinion publique se passe aujourd’hui sur TikTok, Twitter, YouTube — plateformes où la voix israélienne reste largement absente, selon Erdan. Il souligne aussi l’importance d’autoriser davantage de correspondants étrangers à Gaza : sans surlendemain, les médias internationaux restent dépendants des sources palestiniennes, alimentant un récit souvent partial.
Ce renforcement narratif n’a cependant pas vocation à régler tous les problèmes politiques. Même avec des arguments bien formulés, Israël ne convaincra pas toujours. Mais sans coordonner une diplomatie publique proactive et structurée, l’image véhiculée aujourd’hui — Israël en oppresseur — s’imposera comme dominante.
Ne pas réagir activement permet aux récits adverses de définir l’identité nationale. Ignorer ce champ stratégique n’est pas juste une erreur tactique : c’est un risque stratégique majeur.