
« Un abandon d’une politique vieille de plusieurs décennies » : c’est ainsi qu’un membre du parti de Friedrich Merz a qualifié l’arrêt des livraisons d’armes, décidé à la suite de l’approbation du plan d’occupation de Gaza. « C’est un comportement arrogant et une trahison de nos valeurs fondamentales », a déclaré un autre. Sur les réseaux sociaux en Allemagne aussi, les critiques ont fusé : « Comment Merz réagirait-il si Netanyahou lui fournissait des armes et lui disait de ne pas les utiliser contre la Russie ? C’est ridicule. »
Ynet – Zeev Avrahami, Berlin
Le chancelier allemand Friedrich Merz a essuyé de vives critiques, surtout au sein de son propre parti et de sa base électorale, après sa décision d’hier (vendredi) de cesser de transférer à Israël des armes pouvant être utilisées dans la guerre à Gaza.
« Notre parti n’a pas été associé à la décision, qui suscite en nous des réserves », a déclaré Alexander Hoffmann, président du groupe parlementaire de l’Union chrétienne-sociale de Bavière (CSU), parti frère de la formation conservatrice de Merz.
Horst Seehofer, ancien ministre de l’Intérieur et président d’honneur de la CSU, a renchéri : « Il s’agit d’une décision erronée — une faute de politique étrangère aux conséquences considérables. »
Le député CSU Stephan Pilsinger a également critiqué le chancelier : « Pour l’instant, qu’il s’agisse de défense aérienne ou surtout du renseignement que nous recevons des services de sécurité israéliens, il ne fait aucun doute que nous bénéficions beaucoup plus de la coopération sécuritaire entre les deux pays. »
Au sein même du parti de Merz, les critiques sont montées. Le député Carsten Müller a publié sur X : « Je condamne fermement la décision du gouvernement. Elle ignore la coopération militaire et sécuritaire entre les deux pays, qui devrait au contraire renforcer l’armée allemande et l’OTAN. »
Joe Chialo, sénateur sortant de la Culture à Berlin et membre du parti, a publié une tribune dans Bild : « Nous privons Israël d’équipements militaires en sachant pertinemment que si Berlin ou Munich étaient attaquées, nous supplierions pour obtenir le Dôme de fer. C’est un comportement arrogant que nous ne pouvons pas nous permettre, ni politiquement ni moralement. Cet embargo est une trahison de nos valeurs fondamentales. »
De nombreux internautes ont dénoncé la décision de Merz « d’affaiblir Israël précisément maintenant », certains parlant « d’atteinte à l’alliance avec un État démocratique partenaire de l’Allemagne ». Un internaute, Sven Maier, a écrit : « Beaucoup d’entre nous ont voté pour Merz car il avait promis de rompre avec la politique anti-israélienne de la ministre des Affaires étrangères du précédent gouvernement. Maintenant, nous avons un chancelier nommé Friedrich Baerbock. » Un autre a tweeté : « Que dirait Merz si Netanyahou lui fournissait des armes contre des frappes aériennes et lui disait ensuite de ne pas les utiliser contre la Russie ? C’est ridicule. »
En Allemagne, on craint aussi une réaction de représailles d’Israël. Volker Beck, président de la commission parlementaire des relations Allemagne–Israël au Bundestag, a mis en garde contre « l’arrogance allemande ». À propos du contrat entre Elbit et l’armée de l’air allemande — fourniture de systèmes de défense antimissiles pour 260 millions de dollars — il a ajouté : « Si Israël répond en limitant ses livraisons d’armes à l’Allemagne, l’avenir de la défense aérienne allemande sera sombre. »
Dans une déclaration choc faite hier, quelques heures après l’approbation par le cabinet israélien du plan du Premier ministre Benjamin Netanyahou pour occuper Gaza, Merz a annoncé : « Le gouvernement allemand n’autorisera plus, jusqu’à nouvel ordre, l’exportation de matériel militaire vers Israël pouvant être utilisé dans la bande de Gaza. »
Merz a affirmé qu’Israël a « le droit de se défendre contre le terrorisme du Hamas » et a précisé qu’« il ne faut pas que le Hamas ait un rôle dans l’avenir de Gaza ». Mais il s’est dit « très préoccupé par la situation de la population civile à Gaza ».
Selon lui, la décision du cabinet israélien d’occuper Gaza rend difficile d’atteindre les objectifs de libération des otages et de désarmement du Hamas, et c’est pourquoi il a dû décréter l’embargo sur les armes. Le chancelier allemand a insisté : « Les négociations pour un cessez-le-feu et la libération des otages sont notre priorité absolue », ajoutant qu’il « exhorte Israël à ne pas franchir de nouvelles étapes vers l’annexion de la Cisjordanie ».