Autour de la table de Chabbath, 498 Matoth-Massé
Depuis les plaines de Jordanie jusqu’à la froide Pologne…
Vers la fin de la première paracha (Matoth ch.32 et la suite) est décrite avec moult détails une controverse qui se déroule avant l’entrée en Terre promise. Le Clall Israël n’est pas encore arrivé que les tribus de Gad et de Reouven décident de s’installer au-delà du Jourdain sans prendre part à l’héritage de la Terre sainte. Leur raison : ils sont détenteurs d’un très grand bétail, ils ont donc besoin de vastes pâturages propre aux vallées de Guilad. Moché Rabbénou leur fait remontrance car le jeune peuple doit faire face à de nombreux combats pour conquérir la Terre : ce n’est vraiment pas le moment de rester à l’arrière et de miner le moral des troupes, et si pour certains cela ressemble étrangement à ce qui se passe de nos jours avec les Ba’houré Yechiva et jeunes Avrékhim qui ne font pas le service, je répondrais que c’est TRES différent. Dans le cas biblique, c’était pour des raisons matérielles que Gad et Reouven voulaient rester en dehors d’Israël et du champ de bataille. De nos jours, le point d’échappement et beaucoup plus fondamental, à savoir la place de la Tora et la pratique juive dans la nation. Car quel est le sens de toutes ces guerres auxquelles doit faire face l’Etat hébreu avec bravoure pour perdurer au Moyen Orient, si pour certains le peuple est laïc ? D’après cette perspective erronée, effectivement, il n’y a pas place à l’exemption. J’irais même plus loin : pourquoi tant de guerres ? Il suffirait de fondre la société israélienne avec le reste du voisinage et mettre fin à toute la haine de nos voisins (iraniens et j’en passe…) et de faire un grand et vaste Chalom avec les Libanais, Jordaniens, Syriens sans oublier les Qatariens, etc. ? Mais si on considère à juste titre que la présence du peuple juif sur sa terre c’est pour permettre la pratique de la Tora alors pourquoi vouloir extirper les Ba’hourim de leurs études alors qu’ils donnent un sens à la présence juive en plein Moyen-Orient très oriental, n’est-ce pas ? Au final Moché émettra une condition à l’installation de ces deux tribus de l’autre côté du Jourdain (ch 32.20), qu’ils prennent une part active aux combats en Erets : à ce moment ils pourront jouir de leur héritage. Les fils de Gad et Reouven accepteront ces conditions et partiront se battre en première ligne.
Avant d’aborder mon développement, les Sages (voir Da’ath Zekénim ch.32.1) ont un regard sévère vis à vis de ces deux tribus. C’est à cause de leur grande richesse (bétails) qu’ils se sont désolidarisé de leurs frères. En conséquence à cela, ces deux tribus partiront, bien plus tard, en premier lors de l’exil et ils perdront toute leur fortune. De ce passage nous apprenons que c’est Hachem qui octroie la richesse à l’homme. Ce n’est pas dû à sa sagesse, ni à sa dextérité mais c’est Hachem qui l’élève ou le rabaisse en fonction de sa droiture, sa crainte du Ciel et de la pratique.
Après que les deux tribus aient accepté les conditions de Moché Rabbénou, le verset indique que Moché a demandé à la demi-tribu de Menaché de s’installer en terre de Guilad (ch 32.33). Or au départ, la tribu de Menaché ne s’est pas associée à Gad et Reouven. Donc pourquoi Moché a-t-il demandé à cette tribu de les rejoindre au-delà du Jourdain ?
Le Netsiv (éminent Roch Yechiva de Volozin) répond (dans Devarim 3.16) que dans cette tribu (Menaché) il y avait d’éminents Talmidé ‘Hakhamim. Moché Rabbénou tenait à ce qu’il y ait des érudits qui habitent auprès des deux autres tribus afin de leur enseigner la Tora.
Seulement il nous reste à savoir pourquoi Moché a séparé la tribu de Menaché en deux, une partie en Terre sainte tandis que l’autre au-delà du Jourdain ? Le rav Harrar chlita de Bené Brak rapporte un ancien commentaire : le Sifté Cohen (élève du Beth Yossef). Moché tenait à ce que le Clall Israël reste uni. Si les deux tribus de Gad et Reouven s’étaient installées toutes seules en Jordanie, cela aurait entraîné un manque dans l’intégrité de la communauté ! Moché a demandé à (une partie) de la tribu de Menaché de les rejoindre afin que les caravanes du désert continuent à relier ces tribus excentrées du reste de la nation. Donc à chaque fois qu’il y avait des réjouissances (mariages, Bar Mitsva etc..) la tribu de Menaché s’associait avec le reste des familles qui étaient en Erets. Il y avait un va et vient incessant entre la Terre sainte et l’autre côté du Jourdain. Grace à la venue de Menaché, les deux autres tribus restaient solidaires du reste de leurs frères en Erets. Moché a donc voulu assurer l’unité du Clall Israël. Magnifique !
Le sippour
Et si on parle « Ah’douth »/unité, je finirai par une véritable histoire qui s’est déroulée dernièrement en Terre sainte et qui a eu des répercussions jusqu’en lointaine terre (maudite) polonaise. Comme vous le savez le 7 octobre 2023 s’est déroulé un drame au sud du pays où les yeux de Hachem scrutent le pays depuis le début de l’année jusqu’à sa fin. Et à bien réfléchir, le 7 octobre est devenu aussi la date du grand sauvetage de la nation puisque nos ennemis implacables devaient opérer ensemble et en même temps depuis le sud Gaza jusqu’au nord Liban/Hezbollah en passant par l’Est, les missiles balistiques iraniens sans oublier le Yémen). Si au grand jamais ces compères avaient marché main dans la main, d’une manière sûre, la population devait se retrouver dans le meilleur des cas jetée en pleine mer sans bouées de sauvetage… Ce n’est que grâce à sa grande Miséricorde que Hachem a évité cette Shoa numéro deux. Je pense que mes lecteurs sont bien d’accord avec le rav Gold !
Lors de cette attaque surprise, les terroristes de Gaza ont kidnappé près de 250 habitants de différents Kibboutzim et agglomérations ainsi que des soldats. Parmi les nombreuses familles des captifs il y avait la famille Maguidish de ‘Holon (centre du pays) dont la mère s’était renforcée dans la pratique pour la libération de sa fille soldate. En particulier elle rassembla tous ces proches pour faire une grande « Hafrachat ‘Hala » (la Mitsva de prélèvement de la ‘Hala) afin de donner du mérite à sa fille détenue à Gaza (cette Hafracha a été diffusée presque in live dans les réseaux sociaux). Et le miracle se déroula puisque très peu de temps le lendemain ou la semaine qui suivit, sa fille sera miraculeusement libérée la première d’entre tous les captifs. Béni soit Hachem. Tout le Clall Israël était dans l’effervescence car c’était la première fois qu’il y avait une note d’espoir en provenance de Gaza… Cet engouement a même touché les étudiants israéliens en terre polonaise… Peut-être mes lecteurs ne le savent pas, mais le niveau d’étude en médecine en Erets est particulièrement élevé. Pour pallier à cette difficulté, beaucoup de jeunes choisissent de partir faire leurs études en Europe (Espagne, Portugal et d’autres pays). Donc après le sauvetage miraculeux de la fille Maguidish, les étudiants en Pologne se sont regroupés pour faire un Chabbath communautaire. Parmi toute cette assemblée il y avait une fille qui raconta durant ce Chabbath son histoire personnelle. Elle ne faisait pas parti des étudiants, mais elle avait décidé depuis quelques temps de quitter la Terre sainte pour s’installer définitivement en Pologne et refaire une nouvelle vie (semble-t-il qu’en Erets ce n’était pas facile…). En arrivant en terre polonaise elle commença des études et rencontra, que Hachem nous en garde, un certain Vladimir sur les bancs de la fac… Avec le temps elle était prête à l’épouser… Puis arriva le drame du 7 octobre, depuis cette date elle était sans arrêt en larme. Vladimir lui demanda : « Mais pourquoi tu pleures ? Est-ce que tu connais l’identité des victimes, est-ce ta famille ? » La jeune fille répondait négativement… Puis elle entendit l’organisation du Chabbath communautaire et c’est lors de ce Chabbath qu’elle décida de quitter son Vladimir (qui ne comprenait rien et pour cause…) et de retourner en Terre sainte auprès de son peuple…. Fin de l’anecdote véritable !
Pour nous apprendre que lorsque Moché Rabbénou prend la décision, il y a plus de 3600 ans, d’installer la moitié de la tribu de Menaché au-delà du Jourdain cela a des répercussions jusqu’en 2025… Intéressant, n’estce pas ?
Coin Halakha: A partir de Roch Hodech Av (ce Chabbat – Roch ‘Hodech 26 Juillet) commence les lois de deuil du Temple de Jérusalem. On devra donc diminuer toutes joies ou fêtes. On ne pourra pas entreprendre des travaux de rénovation et d’agrandissement d’intérieur, refaire les peintures depuis Roch Hodech jusqu’au lendemain du 9 Av (3 Aout). Les Poskim déconseillent de déménager durant cette période à moins que le locataire soit obligé de sortir de son lieu. Il existe cependant le cas où l’on a engagé un entrepreneur gentil qui doit faire une rénovation d’appartement. Puisqu’il est libre de faire les travaux quand il veut, il pourra faire son chantier durant ces journées (car on ne lui a pas demandé de travailler précisément durant cette semaine). Autre cas permis : un mur branlant pourra être réparé (car il y a danger). Celui qui a un jugement au tribunal civil avec un gentil essayera de repousser l’audience jusqu’à après le début du mois de Elloul (le prochain mois) et au moins après le 9 Av. A partir du Roch ‘Hodech on évitera d’opérer toutes sortes d’achats de biens onéreux et luxueux (par exemple de beaux chandeliers des bijoux, etc…). Certains prétendent que l’interdit s’applique à toutes sortes d’achats de biens de consommations (il faudra diminuer). On ne se mariera pas durant cette période (depuis le 17 Tamouz) mais on pourra faire des fiançailles sans faire de repas (uniquement des gâteaux) sans musique ni danse. A partir du 26 Juillet l’habitude achkenaze et aussi dans beaucoup de communautés sefarades la coutume est de ne pas manger de viande jusqu’au 9 Av.
Chabbat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold soffer écriture achkenaze et écriture sefarade tél : 00972 55 677 87 47
Email : dbgo36@gmail.com
Pour le Zéra’ chel kaïma du rav David Méir ben Perlette
Une berakha de bonne santé et de la réussite à M. Chettrit et à son épouse (Elad)
Une berakha de réussite au rav Moché ‘Haim
Une bénédiction de longue vie et de réussites au Linstein chlita et à son épouse (Elad) et beaucoup Roch Yechiva rav Samuel chlita (Yechiva Kéter de « Steigen »/assiduité dans le fameux Collel Ohel Chelomo) et à la rabanith (Bené Brak) Naftali » du rav Weizman chlita (Bné-Brak)