Une vente religieuse au cœur des tensions régionales
Chaque année, à l’approche de Pessa’h, Israël procède à une transaction particulière : la vente de tous les aliments contenant du levain (le ‘hametz) à un non-Juif, afin de respecter les règles de la loi juive. Cette coutume, bien que symbolique, est lourde de conséquences économiques et religieuses. Et cette année, elle s’est retrouvée au centre d’un affrontement inattendu à la croisée de la géopolitique et de la tradition.
Une tentative de sabotage déguisée
Selon Jaber, ces offres ne relevaient d’aucune logique commerciale. Il les interprète clairement comme une tentative de sabotage économique et religieux. L’achat complet du ‘hametz par un État tiers aurait compromis la validité halakhique de la vente en Israël, rendant les aliments interdits à la consommation même après la fête.
Ces manœuvres ne seraient pas une première. Jaber rapporte que des tentatives similaires ont eu lieu dans le passé, notamment de la part de l’Arabie saoudite. « L’Arabie saoudite n’a pas besoin de gâteaux israéliens », a-t-il lancé avec une pointe d’ironie. Ces démarches s’inscrivent donc dans une stratégie plus large de provocation symbolique, voire de pression politique, déguisée sous des airs de transaction.
La vente du ‘hametz : une pratique essentielle
En Israël, cette vente temporaire est un compromis juridique permettant aux entreprises, institutions et particuliers de ne pas gaspiller d’énormes quantités d’aliments et de maintenir la continuité économique. Pendant la semaine de Pessa’h, le ‘hametz appartient légalement à un non-Juif — en l’occurrence, Hussein Jaber (pour les organismes rabbiniques qui lui vendent leur ‘hametz, mais, évidemment, il peut y avoir bien d’autres « acheteurs » de cet ordre) — puis est racheté à la fin de la fête. Cette pratique est acceptée par la loi juive, à condition que la transaction soit réelle, volontaire et exempte de manipulation.
Un rôle devenu hautement stratégique
La place de Jaber dans cette procédure dépasse aujourd’hui largement le cadre rituel. Ce qui était autrefois une fonction de médiation symbolique est devenu un rôle potentiellement stratégique. Être l’acheteur du ‘hametz d’Israël implique désormais une résistance face à des pressions internationales inattendues.
Dans un climat régional souvent tendu, cet épisode révèle à quel point des gestes traditionnels, même anciens, peuvent devenir des enjeux de pouvoir. Le pain levé de Pessa’h, simple symbole religieux, s’est transformé ici en instrument de dissuasion, voire de guerre d’influence.
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NDLR : Il faut encore comprendre quelle est l’incidence sur le plan de la Halakha du fait que les gens du Qatar voulaient acquérir le ‘hametz afin de le détruire : s’il est à eux, et à plus forte raison dans ces conditions, les Juifs se sont bien débarassé de cette nourriture interdite durant la fête de Pessa’h. Mais le problème semble différent : si les gens du Qatar viennent après Pessa’h et déclarent ne pas vouloir rendre le ‘hametz, mais oeuvrent à le détruire – là le problème est grand, mais il est écomonique, pas religieux. Et il faut encore savoir si des tribunaux civils accepteraient de soutenir une telle volonté de la part des acheteurs.