Des millions d’Israéliens n’ont pas accès à des abris

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Alors que le conflit avec l’Iran s’intensifie, un rapport alarmant du contrôleur de l’État israélien, Matanyahu Engelman, met en lumière des lacunes majeures dans la protection civile en Israël. Lors d’une visite sur les sites touchés par des missiles à Ramat Gan et Bat Yam, Engelman a souligné l’ampleur du problème : des « millions » de citoyens vivent toujours sans accès à un abri anti-missile ou une infrastructure sécurisée.

Cette vulnérabilité n’est pas une découverte récente. Déjà en 2020, un rapport officiel pointait le fait que près de 2,6 millions de personnes étaient dépourvues de protection adéquate. Le document dénonçait également l’absence de financement des plans de sécurisation et l’inaction persistante des autorités. Quatre ans plus tard, malgré l’aggravation des menaces, la situation demeure largement inchangée.

Engelman a récemment soumis une version préliminaire d’un nouveau rapport au Premier ministre, au commandement du front intérieur et au ministre de la Sécurité nationale. Ce document réitère les lacunes : abris publics détériorés, population non cartographiée selon les besoins de protection, et préparation insuffisante aux situations d’urgence. Il appelle à une mobilisation urgente des responsables politiques et militaires : « Un front intérieur solide est vital pour la survie de l’État d’Israël », a-t-il martelé.

 

Des drames humains révélateurs

 

La réalité dramatique de ces carences a été brutalement illustrée lors de la frappe de missile sur la ville de Tamra, en Basse Galilée. L’attaque a coûté la vie à Manar al-Qasem Abu al-Heija Khatib et à ses deux filles, âgées de 13 et 20 ans, ainsi qu’à une proche, Manar Diab Katib. Une vingtaine d’autres personnes ont également été blessées. Ce drame a ravivé les critiques sur l’insuffisance de la protection civile, notamment dans les localités arabes.

Le député Ofer Cassif (Hadash-Ta’al) a réagi en demandant l’organisation d’une session parlementaire sur les manques de sécurité dans les zones les plus fragiles, en particulier dans le sud de Tel Aviv, le Néguev et les villes arabes. Il rappelle que des millions de citoyens israéliens vivent dans des bâtiments non fortifiés, sans accès à des abris publics. « Ils sont exposés à un danger réel et immédiat », écrit-il dans une lettre à la commission des affaires intérieures de la Knesset.

Cassif souligne qu’un précédent comité interministériel avait été recommandé en septembre dernier pour étudier cette problématique, sans qu’aucune avancée concrète n’ait été constatée depuis. Il appelle l’État à lancer un plan massif de renforcement des habitations, y compris dans les quartiers les plus anciens, même lorsque ceux-ci ne présentent pas d’intérêt économique direct. « L’État doit assumer son rôle protecteur, quels que soient les coûts », conclut-il.

 

Les villes arabes du nord, particulièrement exposées

 

Un document d’orientation rédigé par trois organisations – le Centre Injaz, le Comité national des chefs des collectivités locales arabes et Sikkuy-Aufoq – dresse un tableau sombre de la situation dans les villes arabes du nord. Sur 39 localités analysées, 23 sont totalement dépourvues d’abris publics. Dans des villes comme Tamra, Saknin, Majd al-Krum, Deir al-Asad, Rameh ou encore Nahf, abritant près de 150 000 habitants, aucun dispositif de protection n’est disponible.

Les conséquences de cette vulnérabilité sont déjà visibles. Selon les données fournies par la commission des affaires intérieures de la Knesset, 59 % des victimes civiles dans le nord d’Israël depuis le début du conflit sont issues de la population arabe. Une statistique qui souligne l’inégalité de protection face aux missiles et renforce les appels à un plan d’action d’envergure.

Une urgence sécuritaire nationale
Alors que l’armée israélienne renforce ses opérations extérieures, notamment contre les infrastructures militaires iraniennes, la question de la résilience du front intérieur devient cruciale. Matanyahu Engelman insiste : la défense de la population civile n’est pas secondaire, elle fait partie intégrante de l’effort de guerre. Sans infrastructures de protection fiables et équitablement réparties, Israël s’expose à des pertes humaines évitables et à une érosion de la confiance envers ses institutions.

 

La menace est bien réelle. Le conflit avec l’Iran et ses alliés régionaux pourrait durer, voire s’intensifier. Dans ce contexte, les voix se multiplient pour demander au gouvernement israélien de placer la sécurisation des civils au cœur de ses priorités stratégiques.

 

Jforum.fr

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