
Prof Michael Baryehuda Ayache
Les tensions autour du programme nucléaire iranien atteignent un niveau critique, avec des signes tangibles que les États-Unis et Israël se préparent activement à une éventuelle action militaire contre les installations nucléaires de Téhéran. Cette escalade intervient alors que les négociations diplomatiques semblent dans l’impasse et que l’Iran durcit sa position.
Un déploiement militaire sans précédent à Diego Garcia
Les images satellites révèlent un renforcement militaire américain massif sur la base stratégique de Diego Garcia dans l’océan Indien. Dix bombardiers stratégiques américains sont désormais positionnés sur cette île britannique : six bombardiers furtifs B-2 Spirit et quatre B-52 Stratofortress. Ce déploiement s’accompagne d’une importante logistique de soutien, incluant des avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker et des avions de transport C-17 Globemaster III.
Cette concentration de puissance de feu représente environ le tiers de la flotte totale de B-2 Spirit de l’US Air Force, qui ne compte que vingt appareils opérationnels. Le déploiement initial de bombardiers B-2 en mars 2025 a été suivi par l’arrivée des B-52 en mai, créant une force de frappe considérable dans cette position stratégique.
L’échec des négociations diplomatiques
Les pourparlers nucléaires sous médiation omanaise traversent une période critique. Donald Trump s’est déclaré « beaucoup moins confiant » de parvenir à un accord, déplorant que les Iraniens « semblent tergiverser » et manquent d' »enthousiasme pour conclure un accord ».Les discussions butent principalement sur la question de l’enrichissement d’uranium, Washington exigeant un arrêt total tandis que Téhéran considère cette demande comme « non négociable ».
L’Iran enrichit actuellement l’uranium à 60%, bien au-delà des 3,67% autorisés par l’accord de 2015. Cette situation préoccupe particulièrement la communauté internationale, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) examinant une résolution européano-américaine condamnant le « non-respect » iranien des obligations nucléaires.
Des tensions diplomatiques au plus haut niveau
Les relations entre les États-Unis et l’Iran ont franchi un nouveau palier avec les menaces explicites du ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh, qui a déclaré que « leurs bases sont à notre portée et les États-Unis devront quitter la région ». Face à cette escalade, Washington a immédiatement réagi en réduisant les effectifs de son ambassade à Bagdad et en autorisant le départ du personnel non essentiel de Bahreïn et du Koweït.
Les tensions se manifestent également entre alliés, notamment entre Trump et Netanyahou. Lors d’un échange téléphonique tendu, le Premier ministre israélien a exprimé son scepticisme envers les négociations, déclarant que « l’Iran joue avec vous et ne cherche qu’à gagner du temps ». Trump a répliqué sèchement : « Vos déclarations sur une attaque contre l’Iran ne nous aident pas. Nous travaillons sur un accord ».
Israël se prépare au scénario militaire
Parallèlement aux efforts diplomatiques américains, l’establishment sécuritaire israélien se prépare activement à l’éventualité d’une frappe contre les installations nucléaires iraniennes. L’armée de l’air israélienne et les autres branches de Tsahal poursuivent leurs préparatifs opérationnels, ayant acquis une expérience précieuse lors d’attaques longue portée au Yémen, situé à 2 000 kilomètres d’Israël.
Selon des sources sécuritaires, Israël ne pourra accepter un enrichissement d’uranium prolongé sur le sol iranien, et l’évaluation est qu’en cas d’échec des pourparlers, Israël devra décider s’il faut frapper l’Iran.
Une position stratégique idéale pour une intervention
Diego Garcia offre une position stratégique exceptionnelle pour une éventuelle opération militaire contre l’Iran. L’île est hors de portée des missiles et drones iraniens et houthis, tout en permettant une capacité de projection de forces vers l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique de l’Est. La base a déjà servi de point de départ pour les bombardiers stratégiques américains lors des guerres du Golfe, d’Irak et d’Afghanistan.
Les bombardiers B-2 déployés à Diego Garcia ont déjà participé à des frappes aériennes contre les rebelles houthis au Yémen, démontrant leur capacité opérationnelle dans la région. Le B-2 Spirit peut transporter 18 tonnes de munitions conventionnelles ou nucléaires, incluant les bombes anti-bunkers MOP GBU-57 de 14 tonnes, particulièrement adaptées pour détruire des installations souterraines fortifiées.
Cette concentration de forces militaires américaines, combinée aux préparatifs israéliens et à l’impasse diplomatique, suggère que la neutralisation du programme nucléaire iranien par la force devient une option de plus en plus sérieusement envisagée par Washington et Jérusalem.