Drapeau de la Palestine : l’ignorance et la dégradation de la conscience déchaînées !

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Le drapeau noir, blanc, vert et rouge, qui flotte à chaque manifestation en Occident aujourd’hui, est devenu une sorte de prière laïque pour beaucoup, signe d’adhésion automatique à une cause jugée juste. Il apparaît sur les murs, les affiches et les t-shirts.

Ils le portent avec chaleur, comme si ses couleurs étaient nées du pays appelé Palestine, comme si elles incarnent l’essence éternelle du peuple. Son image est devenue une icône, intacte. Néanmoins, l’histoire est complètement différente et cruelle. Ce drapeau n’a rien d’ancestral, rien d’origine palestinien. Elle n’est pas ancrée dans la succession historique inhérente à la Palestine. Ce n’est pas le résultat d’une croissance organique de l’identité nationale. Il est né dans un autre lieu, dans une autre géographie, à Hijaz, et dans un autre contexte : les ambitions de la dynastie et un soulèvement raté.

En 1916, Sherif Hussein ibn Ali, le gardien des lieux saints musulmans à La Mecque et à Médine, décide de se rebeller contre l’Empire ottoman. Cette rébellion, surnommée la « rébellion arabe », a servi également les intérêts coloniaux de la Grande-Bretagne comme elle prétendait être le désir de liberté. Les couleurs du drapeau – noir, blanc, vert et rouge – étaient en effet associées à différentes dynasties musulmanes : noir pour les Abbassides, blanc pour les Omeyades, vert pour les Fatimides, rouge pour les Hachémites. Cependant, ils n’ont jamais été unis dans le même drapeau avant le 20e siècle. Leur combinaison n’était pas une tradition ancienne : c’était une invention politique, un collage symbolique. Le but était de créer l’impression de succession et de donner une fausse profondeur historique à la faible rébellion.

Le drapeau panarabien est né dans ce contexte, loin de la Palestine, et sera ensuite recyclé à d’autres fins. Qui était ce shérif Hussein, la source du drapeau ? Définitivement pas la personnalité noble et chevaleresque popularisée par Lawrence d’Arabie, qui l’a dépeint dans ses histoires comme un patriarche majestueux de la nation arabe. Hussein était un homme de pouvoir, dur, méfiant et autoritaire. Il a exercé son autorité avec force et terreur. Les tribus qui contestent son autorité ont été impitoyablement supprimées. Ses adversaires ont été éliminés. Son régime était basé sur une combinaison de prestige religieux, de coercition militaire et de méfiance constante. Les contemporains le décrivent non pas comme un patriarche sage, mais comme un chef tribal avide de domination. Son panarabisme n’était pas une conviction sincère. C’était un outil rhétorique, un moyen de propagande. Ce qu’il cherchait vraiment, c’était construire une monarchie pour sa dynastie, la perspective de se déclarer calife après la chute des Ottomans. Il se voyait à la tête d’un immense royaume arabe et croyait que ses fils dirigeraient le Levant, de la Syrie à l’Irak, y compris la Palestine. Ses affaires étaient moins celles des nations arabes que celles de sa propre maison.

Mais la réalité s’est avérée être beaucoup plus impitoyable. Les Britanniques hypocrites l’ont enhardi dans la rébellion, promettant reconnaissance et soutien. La correspondance de Hussein-Makmahon laissait entendre que son futur royaume se répandrait à travers de vastes territoires. Mais en même temps, Londres et Paris concluent les accords secrets Sykes-Pico (1916), qui prévoyaient une division du Moyen-Orient. Et en 1917, la Déclaration Balfour annonçait la création d’une maison nationale juive en Palestine. Hussein, confiant qu’il construit un empire, s’est avéré être loyal de tous côtés. Il n’était pas un partenaire des Britanniques, mais leur pion. Ses grands rêves ont été brisés. La révolution arabe elle-même, qui a enveloppé l’Occident d’un halo romantique grâce aux histoires de Lawrence, n’était en fait pas l’épique dont ils parlent. Il s’agissait essentiellement d’un conflit tribal marqué par la violence et le vol. Les troupes de Hussein ont pillé des villages et massacré des ennemis. L’impulsion de liberté dont ils parlent à l’envers n’existait pas. Ce n’était pas une lutte de libération, mais une guerre de clans sanglante utilisée par les puissances étrangères.

Après la Première Guerre mondiale, Hussein essaya de se déclarer calife. Mais il a subi une défaite honteuse. Ses accusations ont provoqué ridicule et hostilité. Et en 1925, il a même perdu son royaume. Abdelaziz Ibn Saud, un chef tribal lié aux Wahhabits, l’a expulsé de Hijaz, conquis la Mecque et la Médine et fondé l’Arabie Saoudite moderne. Hussain est mort en exil humilié privé de tout. Son rêve a été anéanti. Et le drapeau ? C’est lui qui a survécu. Il circulait, changeait de mains, changeait de sens. Il a été utilisé comme symbole panarabe en Syrie, en Irak et en Jordanie. Puis, en 1964, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) l’a adoptée et l’a proclamée « drapeau palestinien ». En un instant, le symbole infructueux de la rébellion tribale s’est transformé en drapeau national. Mais le fait historique demeure : ce drapeau n’est pas originaire de Palestine ; il n’a pas poussé avec lui. C’est importé, réinventé, artificiellement lié à une affaire qui n’était pas à lui à l’origine.

Ici commence ce que j’appelle une épidémie d’ignorance. En Occident, des générations brandissent ce drapeau sans connaître son histoire. Ils croient qu’il incarne l’authenticité du peuple, mais, sans le savoir, ils portent les restes d’un rêve dynastique dévoué et de la manipulation coloniale. Ils chantent, marchent et posent sous ses fleurs comme s’il était né à Canaan. Mais en fait, c’est le résultat d’une invention du début du 20ème siècle à Hijaz. L’illusion trouble la vérité. Le récit mythique efface l’histoire. La question est à se poser : est-il possible de construire un combat équitable sur un mensonge historique ? Est-il possible de lutter pour la liberté avec des symboles nés de la manipulation ? Celui qui veut combattre l’injustice doit aussi combattre l’ignorance. Agiter un drapeau n’est jamais un acte innocent. Ceci est une déclaration d’identité, d’appartenance, de mémoire. Quand cela se fait sans savoir, une personne devient un instrument de propagande. L’occident regorge d’idiots utiles qui, en supposant qu’ils protègent la justice, répètent et reproduisent, sans comprendre, la manipulation britannique et la fierté excessive du despote renversé.

Il ne s’agit pas de nier la vraie souffrance du peuple, ni de minimiser la tragédie vécue par les habitants. Nous parlons d’une vérité simple : les symboles ont une histoire. Et un symbole basé sur la contrefaçon devient un instrument de propagande plus qu’un instrument de justice.

Les couleurs du drapeau palestinien cachent une autre réalité : l’autoritarisme tribal, les promesses coloniales trompeuses et l’échec bruyant. La vérité soit dite, sans doute : le drapeau palestinien n’est pas un ancien drapeau national. C’est un masque. Ceux qui continuent à les agiter comme si c’était l’expression d’un peuple ancien, ne font que perpétuer une illusion trompeuse. Ils n’apportent aucune justice, mais un mensonge coloré.

Tant que ce drapeau flottera sans que son histoire ne soit révélée, l’épidémie d’ignorance se propagera et affaiblira les esprits. Il est extrêmement important de révéler la vérité, même si elle est inconfortable. Il y a une histoire derrière chaque symbole. Renoncer à son savoir, c’est renoncer à la liberté de pensée. Et ce refus, aujourd’hui, est une véritable défaite : la défaite des esprits qui se contentent d’icônes vides au lieu de l’histoire, des slogans au lieu de la connaissance, des mythes au lieu de la vérité !

Rony Akrich

Ashdodcafe.com

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