France : une nounou accusée d’avoir empoisonné une famille juive devant la justice

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Les faits, qui se sont déroulés en janvier 2024, sont qualifiés d’antisémites par l’accusation, une circonstance aggravante retenue par le juge d’instruction.

Une employée de maison de 42 ans comparaîtra mardi devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir versé des produits ménagers toxiques dans l’alimentation d’une famille juive de la région parisienne. Les faits, qui se sont déroulés en janvier 2024, sont qualifiés d’antisémites par l’accusation, une circonstance aggravante retenue par le juge d’instruction.
Employée depuis seulement deux mois, Leila Y., ressortissante algérienne sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), avait présenté une fausse carte d’identité belge lors de son embauche. C’est la mère de famille qui a donné l’alerte en détectant des odeurs et goûts inhabituels dans plusieurs produits du quotidien : un vin au parfum de détergent, un démaquillant irritant, du jus de raisin mousseux, des pâtes altérées.

Les analyses de police révèlent alors la présence de substances toxiques dans diverses boissons et denrées alimentaires, susceptibles de provoquer de graves lésions digestives.

L’enquête bascule grâce au témoignage de la fille cadette du couple, âgée de 5 ans. L’enfant affirme avoir vu la nounou transvaser un liquide savonneux dans une bouteille d’alcool. Elle déclare également avoir été témoin de tentatives de sabotage des mezouzoth.

Lors de la perquisition en février 2024, la prévenue tient des propos qui alertent les enquêteurs : « Je n’aurais jamais dû travailler pour une juive », déclare-t-elle, évoquant un mélange de frustrations financières et de ressentiment. Elle ajoute : « Ils ont de l’argent et du pouvoir, elle ne m’a apporté que des problèmes. Je savais que cela pouvait leur causer de la peine, mais pas au point de les tuer. »

Les investigations ont par ailleurs mis au jour des recherches internet portant sur la religion juive ainsi que des publications liées au conflit israélo-palestinien sur ses réseaux sociaux.

Une qualification juridique contestée

Initialement poursuivie pour tentative d’empoisonnement, la prévenue est désormais jugée pour administration de substances nuisibles, les analyses toxicologiques n’ayant pas démontré un risque mortel immédiat. L’avocate de la défense conteste la qualification antisémite des faits.

Les avocats de la famille dénoncent un traitement judiciaire insuffisant au regard de la gravité des actes. Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a témoigné lors de l’instruction : « Cette affaire révèle une violence structurelle dont la gravité ne doit être ni sous-estimée ni ignorée. »

La famille vit depuis dans un climat de peur permanente. Des caméras ont été installées dans le domicile, et la mère décrit des nuits perturbées par l’angoisse. Les trois enfants, âgés de 2, 5 et 7 ans au moment des faits, portent également les séquelles psychologiques de cette affaire. L’une s’est refermée sur elle-même, une autre souffre de culpabilité pour ne pas avoir été présente au moment des faits. « Tous ont compris qu’ils avaient été ciblés en raison de leur identité », confie la mère.

La famille espère que le procès aboutira à l’expulsion de la prévenue, craignant qu’elle ne « revienne nuire ».

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