Gang d’adolescents à Tel-Aviv, une jeunesse à la dérive

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Les faits sont glaçants. Les jeunes membres du gang, âgés de 12 à 17 ans, ont été employés pour des missions de tir, d’intimidation, de jet de grenades et d’extorsion de fonds. Le tout pour quelques centaines de shekels, parfois même moins. Selon les forces de l’ordre, ces jeunes, pour beaucoup issus de familles de travailleurs immigrés d’Érythrée, de Guinée ou de Côte d’Ivoire, sont des cibles faciles : sans repères familiaux solides ni accompagnement éducatif, ils tombent rapidement sous l’influence des criminels qui leur promettent argent et reconnaissance.

« C’est une génération sans contraintes ni frontières », alerte l’inspecteur Ofir Goldenthal, chef adjoint de la brigade des crimes violents de Tel-Aviv. « Certains de ces jeunes ne savent ni lire ni écrire, mais ils acceptent de tirer sur des commerces, de menacer des familles ou de lancer des explosifs, sans comprendre la portée de leurs actes. »

Les enquêteurs ont mis au jour un fonctionnement digne d’une organisation paramilitaire. Les jeunes reçoivent des ordres précis, avec des tarifs fixés selon le type d’acte à commettre : tirer à pied, pénétrer dans un logement, jeter une grenade. Pire encore, même derrière les barreaux, certains membres du gang continuent de planifier de futures actions, évoquant la création de « filiales » dans d’autres villes.

L’organisation criminelle de Ramla, dirigée par Ismail Jarushi – un trentenaire bien connu des services de police – a su tirer parti de cette main-d’œuvre juvénile, corvéable à merci. L’enquête révèle que Jarushi, conscient d’être surveillé de près, aurait orchestré à distance les agissements du gang SSQ. Il a récemment été placé en détention, prolongée de quatre jours, en attendant l’issue de l’enquête.

La police a rassemblé des preuves suffisantes pour engager des poursuites contre douze membres du gang, dont quatre mineurs. Parmi les actions retenues : une tentative d’extorsion auprès d’un commerçant de Tel-Aviv, avec menace armée et coups de feu, pour le forcer à payer des frais de « protection » dépassant les centaines de milliers de shekels.

Ce qui frappe dans cette affaire, au-delà de la brutalité des actes commis, c’est l’absence totale de motivation politique ou religieuse. « Ce gang n’a rien de nationaliste », insiste l’inspecteur Goldenthal. « Il rassemble des jeunes juifs, musulmans, chrétiens. Ce n’est pas une question d’idéologie, mais de survie. Ils sont fascinés par la violence, rêvent d’argent rapide et de reconnaissance, encouragés par les images de gangsters américains qu’ils regardent sur les réseaux sociaux. »

Le parallèle est fait avec les plateformes de livraison : « Le système est compartimenté, structuré, presque industrialisé. Chaque mission a son tarif, chaque exécution suit un protocole. C’est du crime à la commande », explique un enquêteur.

La révélation de cette collaboration entre le gang SSQ et le monde souterrain de Ramla jette une lumière crue sur une jeunesse en dérive, délaissée par les structures sociales et happée par la violence. Des enfants de l’immigration, souvent invisibles, deviennent les instruments dociles d’un système mafieux implacable.

Les autorités israéliennes ont promis de renforcer leur vigilance et d’intensifier les enquêtes pour démanteler les réseaux qui exploitent cette population vulnérable. Mais cette affaire révèle aussi une fracture plus profonde : celle d’une société qui peine à intégrer une partie de sa jeunesse, et dont les failles deviennent le terrain fertile de nouvelles formes de criminalité.

Jforum.fr

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