Par Yves Mamou
La guerre de Gaza a été polluée par un vocabulaire mystificateur. « Génocide », « crimes de guerre », « résistance », « occupation »… Ces expressions, que les médias occidentaux — et nombre de politiciens — continuent d’asséner de manière répétitive contre Israël, ratent (volontairement) ou masquent (volontairement) un aspect essentiel du conflit : sa dimension eschatologique. Au Moyen Orient, les guerres ont à voir avec la Bible.
Millénarisme islamique
Le 7 octobre a été conçu par le Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle Gaza, comme un remake de la bataille de Khaybar en 628 de l’ère actuelle. Après avoir expulsé les tribus juives de Médine, Mahomet a entrepris d’exterminer les Juifs et de réduire leurs femmes en esclavage. Pourquoi ? Parce que ces Juifs nomades refusaient de se convertir à la nouvelle foi islamique.
Khaybar aurait pu prendre la poussière et se fossiliser dans la longue histoire de l’islam. Mais l’événement a passé les siècles et a été transmis de génération en génération, comme un modèle de comportement à reproduire : ces Juifs qui résistent à la conversion doivent être exterminés.
Le cri « Khaybar, Khaybar ya yahud, jaysh Muhammad sawfa ya‘ud » (« Khaybar, Khaybar, ô Juifs, l’armée de Mahomet reviendra ») est aujourd’hui régulièrement scandé lors de manifestations pro-palestiniennes à Gaza, en Cisjordanie, en Europe et aux États‑Unis. Ce cri est également apparu dans les vidéos que les miliciens du Hamas et du Jihad islamique ont mises en ligne dès le 8 octobre 2023. Le 7 octobre, le Hamas a crié : « Khaybar, Khaybar, ya yahud ».
Khaybar cette promesse de meurtre a été reproduite le 7 octobre 2023. Les bons musulmans du Hamas ont tué les Juifs d’Israël, tout comme Mahomet a haï et tué les Juifs de Khaybar. C’est aussi simple que cela.
Khaybar, un cri de ralliement
Comme l’écrit le journal britannique The Spectator, « les chants « Khaybar, Khaybar, ya yahud ! » » « ne sont pas des allusions historiques ; ils sont un cri de ralliement. » Le djihadiste ne veut pas seulement détruire les Juifs et transformer les femmes juives en esclaves sexuelles, il veut inciter tous les musulmans à agir comme lui.
Des documents trouvés à Gaza ont révélé que les images de violences inhumaines commises par le Hamas le 7 octobre avaient un objectif militaire : inciter les musulmans d’Israël, de Judée‑Samarie, de Jordanie, du Liban et d’ailleurs à replonger aux origines conquérantes de l’islam et à rejoindre le Hamas.
En mai 2025, après l’exécution du frère de Yahia Sinwar, le chef du Hamas, l’armée israélienne a récupéré, dans une salle de commandement souterraine à Gaza, un ordinateur contenant une note manuscrite de six pages en arabe, que les services de renseignement israéliens ont attribuée à Yahya Sinwar. Cette note, datée du 24 août 2022, a fuité et a été publiée par le New York Times, le 11 octobre 2025.
Ce mémo met explicitement l’accent sur la nécessité de mobiliser les musulmans de Judée‑Samarie et d’Israël — « notre nation » — pour les inciter à « rejoindre la révolution ».
Et comment mobiliser ? En filmant et en diffusant sur les réseaux sociaux les atrocités (viols, éviscérations, Juifs brûlés vifs…) commises le 7 octobre.
« Il faut affirmer aux commandants d’unité qu’ils doivent entreprendre ces actions intentionnellement, les filmer et diffuser des images aussi vite que possible. », indique le mémo.
Le 7 octobre, les dirigeants du Hamas à Doha (Qatar) se sont filmés en train de remercier Allah d’avoir permis d’assassiner 1 200 Juifs qui résidaient dans le sud d’Israël. Et ils ont diffusé la vidéo comme une invitation faite aux musulmans à agir comme eux.
Des ONG comme Human Rights Watch ont exploité les nombreuses photos et vidéos diffusées par les miliciens islamistes le 7 octobre. Mais elles l’ont fait dans le langage qui est le leur — « violations du droit humanitaire », « crimes contre l’humanité », « crimes de guerre » — sans comprendre la portée incitative de cette prolifération d’images. Le Hamas ne cherchait pas à se glorifier, ni à fonder une nouvelle morale post‑moderne, mais à rappeler à tous les musulmans qu’ils devaient reproduire le comportement de Mahomet en 628 à Khaybar : tuer, découper, éviscérer, prendre les femmes en esclavage.
Dans un entretien accordé en 2024, Saleh al‑Arouri, un dirigeant du Hamas impliqué dans les atrocités du 7 octobre, décrit clairement la mission du Hamas : « maintenir la radicalisation des Palestiniens » …
« La plupart d’entre eux se contenteraient d’un moment de paix, d’un accord leur permettant de reprendre le cours normal de leur vie. Nous devons maintenir leur colère. »
Tuer pour entretenir la colère : celle‑là même qui a saisi Mahomet face aux Juifs de Khaybar qui ont refusé de se convertir à la nouvelle religion qu’il fondait.
L’échec du Hamas
L’échec du Hamas ne tient pas seulement au fait que les musulmans ne l’ont pas suivi. Les musulmans d’Israël n’ont pas massacré leurs voisins juifs, ni manifesté de solidarité publique avec le Hamas.
Les alliés non plus n’ont pas suivi.
Analysant en 2024 une partie des documents saisis à Gaza, le Washington Post en a conclu que le plan de Yahya Sinwar « reposait implicitement sur la conviction que les alliés les plus proches du Hamas se joindraient au combat après avoir constaté les succès des premières incursions du groupe en Israël ».
Le succès du 7 octobre n’a rien suscité. Les alliés les plus proches (Hezbollah, Iran, Houthis, milices syriennes et irakiennes) n’ont pas accompagné le Hamas. Et quand ils ont tenté de le faire, même mollement comme le Hezbollah, les pertes subies les ont fait renoncer.
Telle est la leçon que l’Égypte, la Turquie et le Qatar, qui s’obstinent à jouer un rôle aujourd’hui à Gaza, devraient retenir : plutôt que de s’agiter à sauver des bribes de Hamas pour un Khaybar à venir, ils devraient comprendre ce fait tout bête : les musulmans ont peut être sympathisé avec les assassins, mais ils veulent vivre en paix.

















 
 











