À la Crown Court de Preston (notre illustration), le récit dressé par l’accusation glace : un entrepreneur ayant tenu un restaurant de bord de mer aurait vendu son affaire, quitté la côte et recentré sa vie sur un projet unique — frapper la communauté juive de Manchester lors d’une fusillade de masse. Au banc des accusés, Walid Saadaoui, 38 ans, nie les faits qui lui sont reprochés : préparation d’actes terroristes inspirés par l’idéologie de l’organisation État islamique. À ses côtés, Amar Hussein, 52 ans, est poursuivi pour les mêmes chefs, tandis que Bilel Saadaoui, 36 ans, frère de Walid, est jugé pour non-divulgation d’informations liées au terrorisme. Tous trois plaident non coupables.
Le projet se précise : quatre fusils d’assaut de type AK-47, deux pistolets, environ 1 200 cartouches. C’est au moment critique — la livraison partielle des armes sur le parking d’un hôtel à Bolton — que le piège se referme : l’interlocuteur supposé fiable était un agent infiltré. Les arrestations s’enchaînent, puis l’acte d’accusation tombe : l’objectif présumé, selon les procureurs, était de « tuer autant de Juifs que possible » et, en cas d’intervention, de s’en prendre également aux forces de l’ordre.
Au-delà du fait divers, trois enseignements émergent.
1) La logistique reste le nerf de la guerre. L’acquisition d’armes de guerre et de munitions en quantité suffisante demeure la faille critique que les services cherchent à exploiter. Ici, la jonction entre propagande en ligne et approvisionnement physique a précisément offert un angle d’attaque : suivi des flux financiers en espèces, contacts sous couverture, contrôle des filières d’importation illégales et appât logistique.
3) La résilience communautaire est devenue une compétence. À Manchester, écoles, synagogues et centres communautaires perfectionnent depuis longtemps les protocoles d’alerte, de confinement et de coordination avec les forces de l’ordre. Cette culture de sécurité, loin d’être une panique permanente, s’apparente désormais à un savoir-faire civique : elle sauve des vies, limite la contagion de la peur et facilite le travail judiciaire.
Sur le plan judiciaire, le calendrier s’annonce long : présentation des preuves matérielles (armes, munitions), des communications interceptées et des contenus postés, auditions d’enquêteurs infiltrés et de témoins. La défense contestera l’intentionnalité, la portée des publications, la crédibilité des sources et les éléments matériels saisis. Le jury devra démêler l’idéologie proclamée du projet concret, sans se laisser absorber par l’écho des émotions suscitées par l’attaque récente contre la synagogue.
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