Derrière la contestation du régime iranien, un message inédit émerge sur les réseaux sociaux, directement adressé à Jérusalem.
Un phénomène discret mais lourd de sens se développe depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux iraniens. Sur TikTok et Instagram, de jeunes Iraniens ne se contentent plus de dénoncer la crise écologique, économique et politique qui frappe leur pays : ils s’adressent désormais ouvertement à Israël. Le message, répété dans des vidéos virales filmées à visage découvert, tranche avec la rhétorique officielle de Téhéran : « N’attaquez pas. Ce régime tombera seul. »
Pour l’audience israélienne, cette évolution est significative. Elle révèle un fossé grandissant entre le régime des ayatollahs, obsédé par l’hostilité envers Israël, et une jeunesse qui voit dans le pouvoir actuel la source principale de ses souffrances. Cette prise de parole intervient dans un contexte de crise profonde : pénuries d’eau et d’électricité, sécheresse historique, flambée des prix liée au retour des sanctions internationales.
La catastrophe écologique est devenue un catalyseur de la colère. Le lac d’Ourmia, autrefois l’un des plus grands lacs salés du Moyen-Orient, est aujourd’hui presque entièrement asséché. Des milliers de vidéos « avant/après » circulent en ligne, accusant explicitement la mauvaise gestion du régime. À Téhéran, la situation est tout aussi alarmante : le sol s’affaisse de près de 30 centimètres par an en raison du pompage excessif des nappes phréatiques, au point que le président Massoud Pezeshkian a évoqué publiquement la possibilité de déplacer la capitale.
À cette colère s’ajoute une remise en cause idéologique inédite. Sur les réseaux, une nostalgie assumée de l’ère du shah gagne du terrain, portée par une génération qui ne l’a pourtant jamais connue. Symboles monarchiques, drapeau du Lion et du Soleil, slogans en hommage à Reza Shah : autant de gestes de défi face au régime islamiste. Les comparaisons entre les dirigeants actuels et les figures de l’Iran d’avant 1979 sont virales et humiliantes pour le pouvoir en place.
Pour Israël, ces signaux sont à la fois encourageants et préoccupants. Encourageants, car ils montrent que l’hostilité du régime ne reflète pas nécessairement celle de la population. Préoccupants, car un régime acculé, confronté à une contestation interne massive, pourrait chercher à détourner la colère vers un ennemi extérieur. L’histoire récente montre que l’option de l’escalade régionale reste une tentation récurrente à Téhéran.

























