La question de l’avenir de la Judée Samarie s’invite de nouveau au centre du débat politique israélien. Dimanche soir, le cabinet de sécurité du Premier ministre Beniamin Netanyahu a abordé la possibilité d’étendre la souveraineté israélienne sur certaines parties de ce territoire. Selon plusieurs responsables, cette mesure serait envisagée comme une réponse directe aux récentes initiatives internationales en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien.
Réactions attendues et incertitudes
Une telle démarche, si elle venait à se concrétiser, provoquerait une vague de réactions hostiles. Les Palestiniens, qui revendiquent la Judée Samarie comme base territoriale pour un futur État indépendant, verraient dans cette annexion un obstacle majeur à leurs aspirations nationales. Les pays arabes voisins, ainsi que plusieurs alliés occidentaux, exprimeraient sans doute de vives critiques.
L’administration américaine reste pour sa part ambiguë. Le président Donald Trump n’a pas encore clarifié sa position sur ce dossier, ce qui ajoute une dimension d’incertitude. En 2020, Beniamin Netanyahu avait déjà brandi la promesse d’annexer les colonies et la vallée du Jourdain, avant d’y renoncer dans le cadre des accords de normalisation conclus avec les Émirats arabes unis et Bahreïn. Ces accords, négociés par Washington, avaient alors reporté toute décision d’annexion.
Diplomatie sous tension
Le contexte international pèse lourd dans cette relance du débat. Plusieurs pays, parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne, l’Australie et le Canada, ont annoncé leur intention de reconnaître officiellement la Palestine lors du prochain sommet de l’Assemblée générale des Nations Unies. Israël y voit une remise en cause directe de sa politique, accentuant ses tensions diplomatiques.
De son côté, l’Autorité palestinienne connaît un isolement croissant. Mahmoud Abbas n’a pas été autorisé par Washington à se rendre à New York pour participer à la réunion annuelle des dirigeants mondiaux à l’ONU. Cette décision souligne l’influence américaine dans la gestion du dossier palestinien, mais prive également Abbas d’une tribune internationale cruciale.
Le poids du droit international
La question de l’annexion se heurte également au droit international. En 2024, la Cour internationale de justice a rappelé que l’occupation israélienne des territoires palestiniens, y compris la Judée Samarie et les colonies qui s’y trouvent, était illégale et devait cesser « dès que possible ». Les Nations Unies et la majorité de la communauté internationale qualifient ces terres de territoires occupés. Israël, pour sa part, considère qu’il s’agit de terres disputées, et non occupées au sens juridique strict.
Ce n’est pas la première fois qu’Israël procède à une extension unilatérale de son territoire. Ses annexions antérieures de Jérusalem-Est et du plateau du Golan n’ont jamais été reconnues par la communauté internationale, créant un précédent qui laisse présager de nouvelles tensions si un plan similaire est appliqué en Judée Samarie.
Un enjeu politique intérieur
Au sein même du gouvernement israélien, le sujet divise mais suscite un intérêt croissant. Plusieurs membres de la coalition au pouvoir appellent de longue date à officialiser une annexion partielle ou totale, invoquant les attaches historiques et bibliques d’Israël avec la région. Pour ces courants, l’opportunité politique de répondre à la reconnaissance internationale d’un État palestinien justifierait un passage à l’action.
La Judée Samarie, territoire à la fois stratégique et symbolique, reste ainsi au cœur d’un affrontement complexe mêlant enjeux de sécurité, diplomatie internationale et revendications identitaires. Si aucune décision concrète n’a encore été prise, les débats actuels montrent qu’Israël envisage sérieusement de reconfigurer sa politique territoriale face à la pression croissante de la communauté internationale.
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