Israël redessine la carte de Gaza, limitant les Palestiniens à un tiers de l’enclave.
Pour comprendre la stratégie d’Israël à Gaza, il faut saisir celle de l’étouffement, qui nécessite davantage d’hommes pour en finir une bonne fois pour toutes avec le Hamas. Chaque jour qui passe, ces exigences ne font que resserrer le nœud autour de son cou. Dans cette course, seul le Qatar lui conseille une forme de suicide total, car il entend jouer la carte du Hamas jusqu’au bout.
Au cours des six semaines qui ont suivi la reprise de la guerre israélienne à Gaza, les forces israéliennes ont radicalement modifié leur carte, déclarant environ 70 % de l’enclave soit « zone rouge » militaire, soit en cours d’évacuation, selon les Nations Unies, et poussant des centaines de milliers de Palestiniens dans des zones de plus en plus restreintes.
L’armée israélienne affirme que ses ordres d’évacuation permettent aux civils de fuir avant les combats, et que ceux qui restent pourraient être considérés comme des combattants. En pratique, les Palestiniens affirment que les ordres d’évacuation les forcent souvent à fuir sous les tirs. Les récents ordres d’évacuation ont concerné les zones frontalières et les centres de population et ont provoqué le déplacement de plus de 420 000 personnes, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Par ailleurs, Israël a élargi sa « zone de sécurité », également appelée zone tampon, le long des frontières de Gaza avec Israël et l’Égypte. L’armée affirme que cette mesure vise à empêcher une attaque du Hamas similaire à celle du 7 octobre 2023 contre le sud d’Israël, qui a fait environ 1 200 morts.
La plus grande extension de ce type a eu lieu dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, que les Palestiniens ont reçu l’ordre d’évacuer le mois dernier suite à l’arrivée des troupes israéliennes. Rafah se trouve à la frontière avec l’Égypte, et le corridor Philadelphie, sous contrôle israélien le long de cette frontière, faisait auparavant partie de la zone tampon. Ce mois-ci, Israël a annoncé que la zone tampon s’étendait désormais au nord jusqu’à la ville de Khan Younis et au nouveau corridor Morag.
Ces changements significatifs sur la carte de Gaza sont intervenus depuis qu’Israël a mis fin au cessez-le-feu de deux mois avec le Hamas le 18 mars et a repris sa campagne militaire. Si les dirigeants israéliens affirment que ces mesures sont nécessaires pour la sécurité et pour faire pression sur le Hamas afin qu’il restitue les otages israéliens qu’il détient, certains responsables israéliens ont également signalé que ces modifications territoriales pourraient présager une occupation prolongée de Gaza, qui pourrait durer des mois, voire plus.
La guerre a entrainé la mort de plus 52 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas de distinction entre civils et combattants.
Au cours des premiers mois de la guerre, les forces israéliennes ont rasé des bâtiments et des champs agricoles afin de créer une première zone tampon. Les responsables israéliens ont déclaré que cette mesure était nécessaire pour éliminer les tunnels du Hamas et prévenir une nouvelle attaque. Des experts juridiques ont déclaré que ces tactiques militaires violaient le droit international.
Dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, Israël a initialement retiré ses troupes, conservant une zone tampon d’environ 700 à 1 000 mètres de large à l’intérieur de Gaza. Cette zone représentait environ 17 % de l’enclave, selon l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme Gisha, qui surveille l’accès à Gaza. Ces zones étaient des zones militaires fermées, empêchant les Palestiniens d’accéder à leurs terres ou à leurs habitations.
Cela ne laisse que peu de marge de manœuvre au Hamas, qui se voit de plus en plus confronté à une population, qui n’a connu que ruine et malheur sous sa gouvernance de mouvement terroriste islamiste. C’est ce mouvement que soutiennent certaines diplomaties dans le monde, agissant ainsi à l’image du Hamas, au lieu de mettre un terme à ces combats par la restitution des otages sans condition, et la capitulation du Hamas.
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