Israël et la Syrie discutent à Paris

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Une rencontre diplomatique rare et hautement symbolique s’ouvre ce soir mardi 19 août à Paris. Le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, doit y retrouver son homologue syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shibani, ainsi que l’envoyé spécial américain pour la Syrie, Tom Barrack. Ce face-à-face, organisé sous médiation américaine, constitue seulement la deuxième réunion directe en un mois après vingt-cinq ans de quasi-rupture entre Jérusalem et Damas.

Un corridor humanitaire au cœur des discussions

L’initiative américaine s’inscrit dans une volonté affichée par l’administration Trump : instaurer un corridor humanitaire reliant Israël à la ville syrienne d’As-Suwayda, dans le sud du pays. Cette enclave, bastion de la communauté druze, vit depuis plusieurs années sous la menace d’affrontements récurrents. Washington espère, par ce mécanisme, permettre l’acheminement d’une aide humanitaire vitale et éviter une escalade susceptible de fragiliser ses propres alliés régionaux.

Une région marquée par la violence
As-Suwayda est devenue l’un des foyers les plus instables de Syrie depuis l’affaiblissement du régime d’Assad. En juillet, des heurts violents entre Druzes et Bédouins ont causé la mort de centaines de personnes et provoqué le déplacement de dizaines de milliers d’habitants. L’instabilité s’est encore accentuée avec les frappes ciblées de l’armée israélienne contre des forces proches du gouvernement syrien, interventions qui ont suscité de nouvelles tensions diplomatiques avec Washington.

Les Nations unies ont, à plusieurs reprises ces dernières semaines, mis en garde contre la dégradation rapide de la situation. L’absence d’accès humanitaire, aggravée par les checkpoints et l’insécurité permanente, empêche la distribution de secours à grande échelle.
Les enjeux pour Israël et la Syrie

Pour Israël, la création d’un corridor humanitaire poursuit deux objectifs. D’abord, protéger la minorité druze en Syrie, perçue comme liée à la communauté druze israélienne. Ensuite, tester la possibilité d’un dialogue indirect avec Damas après un quart de siècle sans contacts significatifs.

Du côté syrien, l’inquiétude est d’une autre nature. Les autorités redoutent que ce passage ne soit détourné à des fins militaires et serve aux milices druzes locales pour acheminer des armes. La question sécuritaire demeure donc un point de blocage majeur.

Paris, théâtre d’un test diplomatique
La rencontre à Paris se veut un espace de compromis. Les discussions porteront sur la mise en place pratique du corridor, sa supervision et les garanties de sécurité pour chacune des parties. Le défi sera de concilier l’urgence humanitaire avec la méfiance persistante qui domine les relations israélo-syriennes.

Au-delà de l’aspect logistique, l’issue de ces négociations revêt une portée symbolique. En cas de succès, ce corridor pourrait ouvrir la voie à d’autres arrangements locaux, marquant une première étape vers un apaisement régional limité mais significatif. En revanche, un échec renforcerait les risques d’escalade et confirmerait la fragilité des tentatives de rapprochement entre deux États restés antagonistes pendant plus de deux décennies.

 

Une étape décisive
L’avenir du sud syrien, et la stabilité d’As-Suwayda en particulier, dépendra en grande partie de l’issue de ces discussions. Pour les populations locales, épuisées par des années de guerre, le corridor humanitaire représenterait une bouée de sauvetage. Pour Israël et la Syrie, il constitue un test grandeur nature de leur capacité à dépasser leurs antagonismes dans l’intérêt commun d’éviter une nouvelle flambée de violence.

Ce soir, Paris devient ainsi le théâtre discret mais crucial d’un possible tournant diplomatique au Proche-Orient.

Jforum.fr

 

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