Mabatim, par Roni Akrish
En tant que littérateur, théoricien et précepteur, je me dois de prendre de la distance, d’observer les faits sans céder aux réflexes émotionnels, et de mettre en perspective les éléments d’analyse de manière la plus objective possible. Ma responsabilité n’est pas de conforter un certain courant dominant, mais d’examiner froidement la hiérarchie des priorités qui s’impose à toute nation souveraine.
Dans tout État, l’intérêt général prime sur l’intérêt particulier.
Ce n’est pas une question de sensibilité ou de sentiment, mais une exigence structurelle : un gouvernement qui ne protège pas le plus grand nombre trahit sa mission essentielle.
Les drames particuliers, aussi poignants soient-ils, ne peuvent dicter seuls la conduite stratégique.
Or, depuis des mois, j’observe la montée d’une idéologie que je nomme la « religion des otages ».
Ce culte place la cause des captifs au-dessus de la sécurité collective. Il impose à l’action militaire et politique des limites dictées par l’émotion, paralysant la décision et transformant la stratégie en réaction.
Cette inversion des priorités a déjà coûté la vie à des centaines de soldats et condamné des milliers d’autres à vivre mutilés ou handicapés.
- Chaque otage devient un instrument de pression, un bouclier humain qui ralentit nos opérations.
- Chaque hésitation stratégique, née de cette peur de blesser un captif, se traduit par un avantage concret pour le Hamas, qui consolide ainsi sa capacité de nuisance.
Je ne nie pas la valeur et la dignité de la vie de chaque otage, mais la morale collective et la politique d’intérêt général imposent un ordre clair : la libération des captifs doit rester un objectif secondaire, intégré à une stratégie dont la finalité première est la neutralisation durable de l’ennemi et la protection de l’ensemble de la population.
Céder à la logique du chantage, c’est institutionnaliser notre vulnérabilité.
Seule une victoire totale, éliminant la capacité opérationnelle du Hamas, peut garantir à la fois la sécurité nationale et la possibilité réelle de récupérer les captifs – vivants ou morts.
Je ne parle pas ici de morale au sens sentimental du terme, mais de morale collective, celle qui assure la survie d’un peuple.
L’intérêt général n’est pas une option : il est la condition même de l’existence d’Israël comme Etat souverain et comme société vivante.