Israël : tensions internes sur la stratégie face au Hamas
Les discussions au sein du cabinet politico-sécuritaire israélien se sont récemment focalisées sur la possibilité d’un accord partiel avec le Hamas visant à libérer une partie des otages. L’idée divise profondément les responsables politiques et militaires, certains estimant qu’un tel compromis pourrait priver Israël de la possibilité de reprendre les combats à l’issue d’une trêve.
Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, proche collaborateur du Premier ministre Benjamin Netanyahou, a exprimé ses réserves lors de la dernière réunion du cabinet. Selon lui, les conditions actuelles ne permettent pas de conclure un accord partiel.
Il redoute qu’un cessez-le-feu de 60 jours, inclus dans un tel arrangement, ne rende politiquement ou militairement impossible une reprise des opérations à Gaza. « Nous n’avons pas tout le temps. Même du point de vue de Trump, il n’est pas certain que nous pourrons reprendre les combats après une trêve prolongée », a-t-il déclaré, faisant référence à la position du président américain Donald Trump, qui selon lui ne pourrait pas soutenir indéfiniment une guerre prolongée.
Le dilemme de Netanyahou
En réponse, Benjamin Netanyahou a interrogé son ministre : « Si le Hamas accepte un accord partiel, refuserons-nous ? ». Dermer a répondu de façon évasive : « Nous verrons bien ». Cette prudence illustre la difficulté de trancher dans un contexte où l’opinion publique, la pression internationale et les impératifs militaires se heurtent.
Un plan militaire contesté
Parallèlement, le cabinet a validé un plan d’occupation de Gaza, malgré l’opposition des forces de sécurité. Ce programme prévoit que Tsahal reprenne la ville tout en assurant une aide humanitaire aux civils hors des zones de combat.
Le chef d’état-major, Herzi Halevi (mentionné ici sous le nom de Zamir dans certains échanges), a toutefois mis en garde contre les risques pour les otages : « Le retour des personnes enlevées ne devrait pas être un objectif direct des combats ». Il a également souligné les conséquences humanitaires, avertissant qu’aucune réponse ne pourrait être apportée à près d’un million de civils dans le cadre d’une offensive totale, et que l’armée faisait face à un épuisement des troupes ainsi qu’à des besoins urgents en maintenance de matériel.
Les partisans d’un compromis
À l’inverse, certaines voix au sein du cabinet plaident pour ne pas fermer la porte à un accord partiel. Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar et le président du Shass, Aryeh Deri, estiment que la fenêtre d’opportunité ouverte après l’opération Les Chariots de Gideon n’est pas encore refermée. Selon eux, maintenir une position de « tout ou rien » risque de compromettre une chance réelle de libérer au moins une partie des otages.
Ces positions modérées se heurtent à celles de Netanyahou, Dermer et de l’émissaire américain Witkoff, qui défendent une ligne plus ferme. Finalement, le Premier ministre a choisi de ne pas inclure cette question dans la décision finale du cabinet.
Opposition de Bezalel Smotrich
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, s’est opposé à la résolution adoptée, arguant que l’occupation de Gaza risquerait d’être suspendue si une ouverture apparaissait pour un accord, ce qui, selon lui, compromettrait les objectifs militaires à long terme.
Un débat stratégique en suspens
Le différend illustre les tensions entre la nécessité de progresser sur le dossier des otages et la volonté de maintenir la pression militaire. Entre les impératifs humanitaires, les contraintes politiques internationales et la réalité opérationnelle sur le terrain, le gouvernement israélien se trouve face à des choix stratégiques qui pourraient peser lourdement sur l’issue du conflit.
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