Israël outragé ! Israël brisé ! Israël martyrisé ! Mais Israël respecté !

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Israël outragé ! Israël brisé ! Israël martyrisé ! Mais Israël respecté !

Israël respecté !14 juin 2025, Israël, Rishon LeZion, sud de Tel Aviv. Des bâtiments ont été endommagés après qu’un missile iranien est tombé, tuant au moins deux personnes et en blessant plusieurs autres © Ilia Yefimovich/DPA/SIPA

 

Dans un ouvrage paru il y a quelques semaines, Stéphane Simon et Pierre Rehov analysaient en profondeur la stratégie militaire multifronts menée par l’Etat juif depuis le 7-Octobre et prophétisaient une attaque massive contre l’Iran. « Quarante-cinq ans de dictature islamique sont au bout du viseur » écrivaient-ils. Avec le déclenchement de l’offensive « Rising Lion » ce 13 juin, les faits viennent de leur donner raison.


Comme son titre l’indique, 7 octobre – La Riposte ne cherche pas à retracer l’histoire des conflits au Moyen-Orient dans sa complexité et sa longueur, ni à équilibrer les points de vue. Et même si l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 y est relatée avec force détails, l’ambition principale des auteurs est de montrer, avec un regard exclusivement israélien assumé, la reprise de l’initiative tactique, stratégique et psychologique intervenue dès le 8 octobre contre l’« Axe de la résistance » pro-iranien.

Guerre existentielle

Débutant leur récit par la journée qui a marqué le monde par sa violence inédite, le journaliste sur Sud Radio Stéphane Simon et le reporter de guerre Pierre Rehov chroniquent avec précision les opérations militaires, diplomatiques et psychologiques qui ont depuis été menées par l’Etat juif. Au fil des pages, ils reconstituent l’engrenage de la riposte israélienne multiforme avec tout ce que ces événements impliquent comme dilemmes pour les États voisins et comme mobilisations internationales, mais aussi comme drames humains. En articulant témoignages, analyses stratégiques et données factuelles, ils décrivent en particulier la mutation profonde de la doctrine israélienne de défense.

Après des décennies d’endiguement, à la fois face au Hezbollah et au Hamas, l’État juif a rompu avec sa logique de riposte ponctuelle et circonscrite, de représailles calibrées ou de réponses proportionnées. Il entre à présent dans une guerre existentielle, conduite à la fois au grand jour et dans les replis invisibles du renseignement. Et surtout, dans un conflit long, sans fin, une lutte de volontés entre deux peuples. « Cette guerre, écrivent Simon et Rehov, redessine sous nos yeux la carte de toute la région », et transforme le choc initial en une contre-offensive d’une intensité inédite, conçue pour frapper l’ennemi au cœur, l’affaiblir dans ses bastions, le désarticuler dans ses structures.

Des opérations ciblées spectaculaires

À travers une succession d’opérations spéciales, d’assassinats ciblés et de frappes chirurgicales menés par le Mossad, le Shin Bet, l’unité 8200 et les forces de Tsahal, Israël a peut-être non seulement restauré sa capacité de dissuasion, mais brisé la dynamique d’encerclement menée depuis des années par l’axe iranien. L’élimination du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, à Téhéran, dans une résidence ultrasécurisée attenante au palais présidentiel, est racontée comme un drame haletant et spectaculaire : les services israéliens auraient infiltré jusqu’au sommet du pouvoir iranien.

De même, l’opération « Pager » contre le Hezbollah, durant laquelle près de 4 000 dispositifs individuels de communication analogiques ont été détruits à distance après avoir soigneusement été piégés et vendus au mouvement terroriste par des entreprises-écrans créées par Israël, révèle une capacité de guerre électronique et de manipulation technologique proprement stupéfiante.

L’un des épisodes les plus captivants du livre reste néanmoins l’élimination presque fortuite de Yahya Sinwar, cerveau des attaques du 7-Octobre, tué lors d’un simple accrochage accidentel avec de jeunes soldats israéliens à Rafah. Cette scène, où l’improvisation se mélange avec le destin, parle autant du hasard de la guerre que de la situation tragique sur le front gazaoui.

Toutefois, le propos central des auteurs est ailleurs. Selon eux, la riposte israélienne ne vise pas uniquement à démanteler le Hamas, mais s’étend à l’ensemble de ce qu’on appelle les « proxys » de l’Iran : le Hezbollah, les milices chiites en Syrie et en Irak, les Houthis au Yémen. Il ne s’agit plus seulement de se défendre, mais de remodeler, à long terme, le paysage géopolitique du Moyen-Orient. Simon et Rehov vont jusqu’à écrire que « quarante-cinq ans de dictature islamique sont au bout du viseur des services israéliens », affirmant ainsi que l’objectif final, assumé sinon proclamé par l’État hébreu, est l’ébranlement – et pourquoi pas, la chute – du régime des mollahs à Téhéran.

En ce sens, l’ouvrage ne se limite pas au travail d’enquête, mais formule un plaidoyer stratégique pour transformer la meurtrissure du 7-Octobre en une force d’action, une dynamique de reconquête, voire en ce que les auteurs qualifient de « vengeance légitime ». Ce livre est en somme un manifeste en faveur d’un Israël redevenu maître de son récit, de son territoire et de son avenir.

Stéphane Simon, Pierre Rehov, 7 octobre – La Riposte : Israël-Iran, la guerre secrète, Fayard 400 pages

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