Israël révèle les failles de l’Union européenne

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NACHUM KAPLAN

Israël est devenu la ligne de fracture qui traverse l’Europe. L’Union européenne (UE) a été présentée comme le projet d’unité le plus ambitieux au monde, mais le refus d’Israël de s’incliner, de capituler ou de se conformer aux dogmes de l’internationalisme divise désormais l’Union.

L’UE était censée montrer que l’Europe, ravagée par de terribles guerres dans la première moitié du XXe siècle, avait transcendé l’histoire.

Pourtant, des divisions déchirent à nouveau l’Europe, notamment dans la manière dont les pays réagissent différemment à la guerre menée par Israël à Gaza contre le groupe terroriste djihadiste Hamas.

L’Espagne, l’Irlande et la Belgique réclament des sanctions contre Israël. L’Allemagne, la Hongrie, la République tchèque et l’Autriche refusent. Certains États se sont empressés de reconnaître un État palestinien ; d’autres rechignent à l’idée de récompenser le massacre du 7 octobre par la reconnaissance d’un État. Israël, berceau des valeurs judéo-chrétiennes que l’Europe prétend défendre, a toujours été un miroir pour les Européens, reflétant à parts égales les idéaux et les hypocrisies du continent.

Aujourd’hui, ce miroir se fissure et la sanction est plus sévère que sept ans de malchance.

Quand l’Espagne exige des sanctions, quand l’Allemagne hésite, quand la Hongrie résiste, ils débattent de l’avenir de l’Europe autant que d’Israël. L’État juif expose les divisions de l’Europe, car il oblige chaque nation à montrer si elle défend la civilisation occidentale ou si elle fomente sa chute.

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez se positionne comme la conscience de l’Europe, exigeant des boycotts et des sanctions contre Israël et la reconnaissance d’un État palestinien.

Il s’agit en partie de détourner l’attention des électeurs des scandales de corruption qui encerclent son gouvernement et sa famille. Mais il s’agit surtout de lâcheté et d’antisémitisme. Comme leurs homologues ailleurs, les gauchistes espagnols ont fait cause commune avec les islamistes. Les rues de Madrid sont ornées de banderoles du Hamas, et le gouvernement a adopté une politique de reddition.

Pourtant, en exigeant des sanctions à l’échelle européenne contre Israël, l’Espagne a révélé le vide de la politique étrangère de Bruxelles. Une union politique ne peut sanctionner à moitié. Soit le bloc agit à l’unisson, soit il ne le fait pas du tout. Le pari espagnol a transformé l’UE en une scène où des acteurs idéologiques prêchent l’unité mais sèment la division. Israël est la question qui révèle leurs artifices.

L’Allemagne, quant à elle, se trouve du côté opposé. Sa culpabilité historique la lie à Israël d’une manière que Bruxelles ne peut ni atténuer ni effacer. Pour l’Allemagne, soutenir Israël n’est pas seulement une question de diplomatie ; c’est la pénitence minimale que l’Histoire exige. L’Allemagne trahirait son identité d’après-guerre si elle abandonnait Israël.

L’engagement de l’Allemagne prouve que le rêve internationaliste de l’UE est creux. Si l’UE était véritablement une seule entité, l’histoire de l’Allemagne ne pèserait pas plus lourd que l’idéologie de l’Espagne, ni l’inverse. Pourtant, c’est le cas. La souveraineté, la mémoire et l’identité nationale réapparaissent chaque fois qu’Israël entre en débat. Israël divise l’Europe en deux camps : le souvenir et l’amnésie.

L’UE se vante ridiculement d’avoir une « politique étrangère et de sécurité commune ». Pourtant, dès qu’Israël est évoqué, cette façade s’effondre. Comment la Pologne, méfiante face aux infiltrations islamistes, peut-elle s’aligner sur la Belgique, où des djihadistes ont fomenté le massacre du Bataclan ? Comment l’Autriche, marquée par les attentats islamistes dans ses rues, peut-elle se joindre à l’Espagne pour condamner Israël qui se défend contre les mêmes forces obscures ?

Certains de ces pays pourraient (à tort) soutenir une solution à deux États lorsqu’ils estiment que le moment est venu, mais ils ne voient aucune possibilité de rompre les liens avec Israël ou d’imposer des sanctions.

En réalité, l’UE ne dispose d’une politique étrangère unie que lorsque les enjeux sont insignifiants. Elle s’effondre dès que l’Histoire s’en mêle. Le conflit israélo-palestinien révèle l’incohérence de l’Union, montrant que Bruxelles a bâti sa politique étrangère non pas sur une vision commune, mais sur le fragile plus petit dénominateur commun, aujourd’hui en train de s’effondrer sous la pression.

L’UE, déjà en difficulté depuis le départ de la Grande-Bretagne en 2020 et la montée des partis d’extrême droite eurosceptiques sur tout le continent, est un indicateur de la santé de l’internationalisme.

L’internationalisme repose sur le consensus, ce qui est impossible lorsque des questions existentielles se posent. Israël rend la question existentielle. Soit les nations soutiennent Israël et défendent l’Occident, soit elles apaisent les ennemis islamistes d’Israël, qui sont aussi les ennemis de l’Occident. Aucun traité ni comité supranational ne peut résoudre cette quadrature du cercle.

Israël, bien que non explicitement, force l’UE à affronter les réalités que l’internationalisme a été conçu pour éluder : le choc des civilisations, la divergence des valeurs et la nécessité pour les nations de choisir. L’UE ne peut concilier la capitulation de l’extrême gauche de l’Europe occidentale avec la résistance de l’Europe de l’Est.

Le rêve d’une souveraineté dissoute dans une bureaucratie sans frontières s’éteint dès qu’il entre en collision avec la réalité. Israël est en première ligne de cette réalité.

Cette fracture s’étend au-delà de l’Europe. Ce n’est pas seulement l’UE qui est divisée ; c’est l’Occident lui-même. D’un côté, on trouve les nations qui reconnaissent que les ennemis d’Israël sont aussi ceux de la civilisation, et que le Hamas et le Hezbollah ne sont que les différentes facettes du même djihadisme qui menace Paris, Berlin et Londres. De l’autre, on trouve ceux qui scandent des slogans de reddition, qui croient que l’apaisement achètera la paix, et qui sont si remplis d’autodérision qu’ils ne considèrent plus leur propre civilisation comme digne d’être défendue.

Il n’y a plus 27 membres dans une seule union. Il n’y a plus que deux camps : ceux qui se battent pour l’Occident et ceux qui capitulent devant l’islamisme et l’extrême gauche. Israël est la frontière entre ceux qui tiennent et ceux qui plient, et elle traverse l’UE, l’OTAN, l’ONU et chaque ville occidentale, désormais paralysée entre la loyauté envers ses valeurs et la peur de ses foules.

Si l’Occident veut survivre sous une forme reconnaissable, il doit accepter ce qu’Israël sait déjà : la survie n’est pas garantie ; c’est quelque chose pour laquelle il faut se battre.

L’UE ne peut plus continuer à faire semblant. Elle finira par se fracturer ouvertement, les nations revendiquant leur souveraineté, ou bien elle cédera aux idéologues d’extrême gauche et aux sympathisants islamistes. Israël divise l’Europe parce qu’il permet de distinguer les nations qui ont fait défection aux barbares de celles qui conservent encore un minimum de respect d’elles-mêmes.

L’UE a été bâtie sur l’espoir que les questions existentielles pourraient être occultées par les traités et les règles. Israël a ramené ces questions au premier plan.

Source: Meta – JForum.fr

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