Au premier trimestre 2024, les Israéliens ont investi outremer davantage que les étrangers n’ont investi en Israël ; une tendance qui n’avait pas été observée depuis une décennie.
Une véritable fuite de capitaux est en train de s’opérer sur fond de guerre : les Israéliens investissent de plus en plus d’argent à l’étranger alors que les investissements étrangers en Israël sont en chute libre.
Attrait de l’étranger
Alors que la guerre se prolonge depuis neuf mois, les Israéliens préfèrent investir à l’étranger : au premier trimestre de 2024, les Israéliens ont investi un montant record de 3,6 milliards de dollars dans des entreprises étrangères.
Selon la balance des paiements 2024, les investissements israéliens à l’étranger ont fait un bond de 23% au premier trimestre de cette année en comparaison au trimestre précédent, et de 49% par rapport au premier trimestre 2023.
Appels au boycott
En sens inverse, les étrangers ont investi 1,2 milliard de dollars dans l’économie israélienne au premier trimestre 2024 ; il s’agit d’une baisse de 56% par rapport au trimestre précédent et d’une chute de 63% par rapport au premier trimestre 2023.
Le retrait des investissements étrangers touche principalement la haute technologie, comme l’américain Intel qui a annulé ses travaux d’agrandissement en Israël, mais pas seulement. La liste des multinationales qui revoient à la baisse leurs investissements en Israël s’allonge : la chaîne britannique de cafés Prêt À Manger, la chaîne de restauration rapide McDonald’s, etc…
Il n’empêche que la poursuite de la guerre à Gaza a relancé les appels au boycott des entreprises et produits israéliens ; une menace qui devient réalité, ce qui ralentira et retardera la relance économique de l’après-guerre.
Avec le lancement de la réforme judiciaire l’an passé, la fuite des cerveaux était considérée comme un risque sérieux qui menaçait l’économie israélienne ; en ce début 2024, la fuite des capitaux est une menace beaucoup plus inquiétante…
à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.