Juste deux semaines de prison…

0
101

Dans le milieu ultra-orthodoxe, une rumeur commence à circuler : si un jeune homme décide de changer de voie et de s’enrôler dans l’armée israélienne (Tsahal) après une longue période de désertion, il risque d’être emprisonné jusqu’à deux semaines. « Il y a ici une incompréhension du système », raconte Akiva, un jeune homme ‘harédi de Bené Brak, au Yedioth Aharonoth et à Ynet. « Même si, selon la loi, cette détention est nécessaire pour sanctionner le fait que je ne me sois pas présenté au bureau de recrutement jusqu’à aujourd’hui, cela me place dans une situation délicate vis-à-vis de nos familles. Certains d’entre nous veulent s’enrôler sans que la famille le sache, et disparaître pendant plusieurs jours pour être détenu peut sembler étrange – c’est dissuasif pour certains. »

Israël hayom – Illustration : manifestation contre l’enrôlement – 2014

Au cours des dernières semaines, neuf jeunes haredim définis comme déserteurs se sont présentés au bureau de recrutement et ont exprimé leur volonté de s’enrôler. En réponse, ils ont été condamnés à des peines de prison allant de quatre jours à deux semaines, avant de pouvoir commencer le processus d’enrôlement.

Cela contraste avec les arrestations de courte durée – de quelques heures seulement – pour ceux qui n’ont pas répondu aux convocations de l’armée comme la première convocation, parmi lesquels se trouvent également des dizaines de ‘harédim. Ainsi, ceux qui, aujourd’hui, souhaitent s’enrôler après avoir été considérés auparavant comme des « insoumis » doivent d’abord passer par la case prison militaire, y rester environ deux semaines, être jugés, puis s’enrôler.

Ces détentions prolongées concernent des jeunes ‘harédim qualifiés de « déserteurs poursuivables » par le parquet militaire – c’est-à-dire ceux qui n’ont pas répondu à la première convocation ni aux avertissements successifs pendant plus de 540 jours. Des actes d’accusation peuvent être déposés contre eux, et ils doivent comparaître devant un tribunal militaire.

Bien entendu, le statut d’un jeune homme qui n’a pas répondu depuis quelques semaines est différent de celui qui a ignoré les convocations pendant plus d’un an et demi. Mais cette distinction crée une situation paradoxale : ceux qui sont arrêtés sans intention de s’enrôler sont libérés le jour même, tandis que ceux qui souhaitent véritablement s’enrôler sont détenus plus longtemps.

Selon des données obtenues par la chaîne d’information ‘harédite Lekhatkhila, entre le 13 mars et le 1er mai, au moins 44 jeunes ‘harédim qui ne s’étaient pas présentés au bureau de recrutement ont été interpellés à l’aéroport Ben-Gourion suite à un mandat d’arrêt émis contre eux. Tous ont été libérés en moins de 12 heures.

L’un des deux jeunes hommes récemment enrôlés a raconté son expérience de détention à ses amis : « Quand nous sommes arrivés à la prison militaire, tout le monde pensait que nous étions là pour obtenir une exemption, faire un petit séjour et repartir. Quand j’ai dit que j’étais là pour être arrêté puis m’enrôler, tout le monde a été choqué – les soldats comme les détenus. Mais une fois qu’ils ont compris l’objectif, tout s’est très bien passé. Ils m’ont aidé, ont fait en sorte que ce soit aussi agréable et facile que possible jusqu’à ma sortie et mon enrôlement. »

Cette semaine, Shemili Yaketer, un jeune ‘harédi tout juste enrôlé, a raconté au Yedioth Aharonoth et à Ynet qu’il a lui aussi dû passer 12 jours en prison militaire avant son enrôlement, après avoir refusé de répondre aux convocations envoyées ces dernières années. « J’ai commencé le processus avec un médecin pour obtenir les certificats médicaux. On pensait que ça prendrait quelques jours, mais dès qu’ils ont vu que j’étais classé comme insoumis, on a compris que c’était plus compliqué », se souvient-il. « J’ai donc dû me présenter en prison militaire, me livrer pour non-enrôlement, être jugé – puis m’enrôler. Après Pessa’h, je suis allé en prison, puis enfin j’ai pu rejoindre l’armée dans ce moment émouvant et spécial. »

Un autre jeune homme de Beth Chémech raconte lui aussi son parcours jusqu’à la décision de s’enrôler et sa relation avec Tsahal : « J’étais dans un tout autre état d’esprit auparavant. J’ai fait un cheminement personnel, et je pense que mon ticket d’entrée dans la société passe bel et bien par l’armée. »

Réaction de Tsahal :
« Quiconque s’absente de manière non autorisée du service militaire est susceptible de comparaître devant une instance disciplinaire ou un tribunal militaire, selon la durée de son absence. La peine sera déterminée en fonction des circonstances. Dans le cadre de l’évaluation de la sanction et du traitement, la motivation du candidat à intégrer le service militaire régulier est également prise en compte. »

NDLR : En tout cas, cela n’est pas malin…

Aucun commentaire

Laisser un commentaire