Kora’h-GPT : quand l’intelligence fait perdre la sagesse

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…Car toute la communauté, tous sont saints, et Hachem est au milieu d’eux, et pourquoi vous élèveriez-vous sur l’assemblée de  Hachem ? » Bamidbar (16,3)

Rav Mordekhaï Bismuth

Ces paroles sont dédiées à l’élévation de l’âme de Mordékhaï ben Maïssa ז‘‘ל et à l’élévation spirituelle et à la réussite de Aryeh ben Myriam Sarah

C’est avec ces mots que Kora’h lance la première rébellion démocratique de l’histoire. Il ne conteste pas Hachem, attention — il conteste l’ordrela hiérarchiele rôle de guide.

« On est tous saints, tous connectés au Divin… alors à quoi bon un dirigeant ? »

Ce que Kora’h réclame, ce n’est pas le pouvoir. C’est la suppression du pouvoir. Un modèle où chacun serait autonomeautosuffisantauto-éclairé… Un DIY spirituel : « Fais ta Tora toi-même ».

Aujourd’hui, le Kora’h nouvelle génération ne se promène plus en sandales dans le désert.
Il est dans la poche. Il s’appelle Internet. Il s’appelle l’intelligence artificielle. Et il murmure à l’oreille : « Pourquoi sortir de chez toi ? Pourquoi demander à ton rav ? Pose-moi ta question… j’ai 300 réponses certifiées du rabbin Shtarnak chelita »

Zoom, WhatsApp, applis, podcasts, IA : on a toute la Tora à portée de clic, et personne pour nous contredire.

Tu veux étudier la Guemara en pyjama avec une pizza ? Possible. Tu veux une psak halakhique sur les micro-ondes Chabbath ? T’as 14 vidéos et un bot qui répond plus vite qu’un rav. Mais là est le vrai danger.

La Guemara (Makoth 10a) avertit : « L’épée sur les solitaires… ils deviennent stupides. » Pourquoi ? Parce que quand tu étudies seul, il n’y a personne pour te dire : « Heu… c’est pas exactement ça… »

Et tu risques de dériver. Lentement. Doucement. Mais sûrement.

Le Gaon de Vilna dit : « Une Tora sans ‘havrouta, c’est une épée au-dessus de la tête. »

Et maintenant, l’IA ajoute une couche : elle a réponse à tout — sauf aux vraies questions. Elle ne voit pas ton vécu, ne connaît pas ton niveau, ne sent pas tes intentions.

Elle est rapide. Très rapide. Mais elle est aussi froidehors contextesans Nechama.

Quand on remplace les maîtres de chair et d’âme par des algorithmes, on finit par croire qu’un bon Juif, c’est un Juif bien branché. Une étude sans maître, c’est une autoroute… sans panneaux.

La Tora, ce n’est pas une appli. C’est une transmission vivante. C’est une discussion, une remise en question, un cheminement. Un bouton « copier/coller une réponse de rav Ovadia » n’égalera jamais un vrai échange avec ton rav qui te connaît. Et surtout : la Tora n’a jamais été un exercice solitaire.

Rabbi Yehouda (Berakhoth 63b) enseigne : « La Tora ne s’acquiert qu’en groupe. » Avec des gens. Réels. Qui te coupent la parole. Qui te remettent à ta place. Qui te font grandir.

On parle beaucoup de réseaux sociaux. Mais le vrai réseau, c’est le tsibour :

צ – le Tsadik– Le juste
ב – le Bénoni– Le moyen
ר – le Racha’— Le méchant
Tout le monde y est. Même ceux qu’on aimerait unfollow. C’est ça, la vraie communauté.

Et surtout, Hachem n’est pas « au milieu de chacun », Il est « au milieu d’eux » — quand ils sont ensemble.

Une fleur isolée, c’est joli. Mais un bouquet ? C’est tellement plus beau ! Pareil pour la Torah Ensemble, on crée une harmonie, une beauté, une énergie que tu ne trouveras jamais seul devant ton écran.

Voulons-nous vraiment grandir ? Alors fermons un peu nos écrans. Ouvrons des livres. Ouvrons la bouche. Écoutons. Questionnons. Revenons. C’est ainsi qu’on apprend. C’est ainsi qu’on vit la Tora.

Rav Google peut être rapide, mais il ne connaît ni notre histoire ni notre intention. Un zoom peut dépanner, mais elle ne remplace ni une tape sur l’épaule ni un regard complice entre deux souguioth. L’IA ou GPT ? Impressionnante, mais elle ne remplacera jamais une ‘havrouta de chair et d’âme.

La Tora ne se télécharge pas. Elle se transmet. Elle se vit. Elle se construit à plusieurs. Elle se dispute, elle se partage, elle se chante.

Kora’h a dit : « Tous sont saints ». Il n’avait pas tort. Mais il avait oublié que la sainteté n’a de force que lorsqu’elle se vit ensemble, dans le lien, dans l’assemblée, dans le Tsibour.

Alors, sortons allons au Beth Hamidrach, à la Yechiva, au Kollel, entre amis, au bureau. Retrouvons des visages, pas des écrans. Échangeons des idées, pas seulement des liens. Car c’est unis que l’on éclaire le monde. Ensemble que l’on avance. Ensemble que l’on mérite la lumière !

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