La Banque d’Israël (!) contre la loi sur la conscription : les sanctions ne sont pas efficaces et les objectifs ne répondent pas aux exigences

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La Banque d’Israël a publié un avis très critique sur l’avant-projet de loi concernant la conscription. Selon elle, les objectifs de recrutement sont trop faibles, les incitations insuffisantes, et la loi ne provoquera pas de changement significatif. La Banque appelle à une révision substantielle des articles de loi afin que les sanctions soient plus sévères et que les objectifs soient relevés.

JDN – Zeev Gour Aryé – Illustration : le bâtiment central de la Banque d’Israël à Jérusalem


Quelques heures après la publication de l’avis de la conseillère juridique du gouvernement — qui a exprimé hier (mercredi) une opposition catégorique à l’avancement de la loi dans son format actuel — la Banque d’Israël publie aujourd’hui (jeudi) un avis acerbe contre l’avant-projet présenté par le député Boaz Bismuth devant la Commission des Affaires étrangères et de la Sécurité. Elle y affirme que « la loi est lacunaire » et ne conduira pas à une augmentation significative du nombre de conscrits.

Selon la Banque, l’élargissement substantiel du recrutement des hommes ‘harédim (orthodoxes) pourrait réduire de manière considérable la charge économique nationale et individuelle résultant du recours intensif de l’armée aux réservistes.

9 milliards de shekels d’économies annuelles

D’après une estimation de la Banque d’Israël, le coût économique national d’un mois de service d’un réserviste (environ 30 ans) s’élève à 38 000 ₪.
80 % de ce montant représente la perte directe de productivité, le reste découle d’une baisse future de productivité due à l’interruption de l’expérience professionnelle ou d’avancement.

Selon la Banque, une augmentation annuelle d’environ 7 500 conscrits ‘harédim (soit environ 20 000 soldats supplémentaires après maturation du processus) permettrait une réduction importante du recours aux réservistes et ferait baisser le coût annuel national d’au moins 9 milliards de shekels (0,4 % du PIB).

Si, à la suite de leur service militaire, l’emploi des ‘harédim augmentait nettement, la hausse des revenus pourrait atteindre jusqu’à 14 milliards de shekels par an (0,7 % du PIB).

Critiques sévères contre la loi

La Banque d’Israël pointe deux problèmes principaux :

1. Des objectifs de recrutement trop faibles

L’objectif fixé pour la première période (jusqu’au 30 juin 2027) est de 8 160 jeunes ‘harédim, mais en termes annuels — après déduction des 10 % pouvant être affectés à un service civil-sécuritaire (unités rattachées au bureau du Premier ministre, police, administration pénitentiaire) — cela représente seulement 4 900 recrues par an.

Or, depuis juillet 2024, environ 3 000 jeunes ‘harédim se sont déjà engagés.
Ainsi, selon la Banque, les objectifs exigent « une croissance très limitée du recrutement, et certainement pas suffisante pour les besoins de l’armée qui requiert des milliers de combattants supplémentaires ».

Ce n’est qu’à partir de la cinquième année que le seuil minimal atteint 50 % de la cohorte annuelle (environ 7 000 sur 14 000).

2. Des incitations insuffisantes

Les sanctions prévues par la loi sont jugées « de faible efficacité ».
Par exemple :

  • Interdiction de permis de conduire ou de sortie du pays jusqu’à 23 ans : « Mesures à faible impact dans la société ‘harédite ».

  • Suppression de bourses d’études ou d’avantages à l’emploi dans le secteur public : « Non pertinentes puisque les étudiants des Yechivoth n’ont de toute façon pas le droit de travailler ou d’étudier dans l’enseignement supérieur ».

Un coût faible pour le recrutement des ‘harédim

La Banque souligne que le coût économique lié à l’enrôlement d’un jeune ‘harédi est « très faible », car dans la majorité des cas, le service militaire n’intervient pas en remplacement d’une insertion dans le marché du travail (la plupart n’étant pas actifs professionnellement).
Au contraire, l’armée pourrait même encourager leur intégration future dans l’emploi.

Elle estime que le service de 32 mois pourrait générer un bénéfice économique moyen de 22 000 ₪ par mois de service, si le niveau d’emploi du jeune après l’armée s’aligne sur celui de la population juive non-‘harédith.

Appel à réviser profondément la loi

La Banque d’Israël conclut : « L’adoption de la loi dans sa version actuelle risque de ne produire aucun changement significatif dans le volume de recrutement et, de ce fait, de maintenir la charge économique nationale et individuelle provenant du recours massif aux réservistes. »

Elle appelle à modifier le texte :

  • en établissant des objectifs répondant réellement aux besoins de l’armée,

  • en définissant des incitations positives et négatives réellement efficaces.

Faute de quoi, avertit la Banque, les conséquences macro-économiques négatives se poursuivront : dysfonctionnements du marché du travail, perte de revenus, coûts budgétaires étendus.

NDLR : Quant aux incidences spirituelles, pour une raison ou pour une autre, la Banque d’Israël n’a pas l’air de s’en soucier…

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