Dans une interview à la chaîne américaine Fox News, l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, a vivement critiqué l’initiative française en faveur de la création d’un État palestinien dans le cadre d’une solution à deux États. Il a déclaré : « Lorsque j’ai entendu que les Français essayaient de mener cette initiative, de convoquer une réunion à l’ONU pour prétendument reconnaître un État palestinien, j’ai trouvé cela totalement inapproprié. En pleine guerre à laquelle Israël fait face, promouvoir une telle démarche, que de plus en plus d’Israéliens rejettent catégoriquement, est inacceptable. Le 7 octobre a changé beaucoup de choses. »
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Et d’ajouter avec ironie : « Si la France est vraiment si déterminée à voir naître un État palestinien, j’ai une proposition : qu’elle coupe une partie de sa Riviera et y établisse un État palestinien. Qu’ils le fassent chez eux s’ils le souhaitent, mais qu’ils ne se permettent pas d’imposer une telle pression à un État souverain. C’est choquant qu’ils se croient en droit de faire une telle chose. J’espère qu’ils y réfléchiront à deux fois, mais les États-Unis ne coopéreront pas. Nous ne participerons pas à ce stratagème. »
Dans le même temps, le président français Emmanuel Macron, en déplacement à Singapour, a évoqué lors d’une conférence de presse l’initiative franco-saoudienne pour promouvoir la solution à deux États : « Notre objectif est d’aboutir à une solution politique. Le 7 octobre, le Hamas a perpétré une attaque terroriste que la France a fermement condamnée. Israël a réagi légitimement, et nous avons soutenu son droit à se défendre et à combattre le Hamas. Nous avons œuvré et nous œuvrons toujours à la libération de tous les otages. Mais nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir de solution uniquement sécuritaire – une issue politique est indispensable. »
Macron a précisé les conditions françaises pour la création d’un État palestinien : « La seule solution souhaitable pour garantir la sécurité de tous est la création d’un État palestinien – mais seulement après la libération des otages, le désarmement du Hamas, son exclusion de toute forme de gouvernance, et la mise en œuvre d’une réforme au sein de l’Autorité palestinienne, qui inclura la reconnaissance d’Israël et de son droit à vivre en sécurité, ainsi que la mise en place d’un cadre sécuritaire pour toute la région. Seules ces étapes garantiront la paix. »
La France prévoit de tenir une conférence internationale pour la solution à deux États, en coopération avec l’Arabie saoudite, du 12 au 16 juin 2025 à New York. Elle fait suite à la résolution 79/81 de l’Assemblée générale de l’ONU adoptée en décembre 2024. Quatre axes principaux y seront traités :
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La reconnaissance de l’État palestinien ;
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La normalisation régionale de l’État d’Israël ;
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Des réformes au sein du gouvernement palestinien ;
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Le désarmement du Hamas et son exclusion totale de toute gouvernance.
Cette conférence est organisée sous l’égide du conseiller de Macron pour le Moyen-Orient et le conflit israélo-palestinien, Ofer Bronstein. Elle réunira environ 400 participants israéliens et palestiniens, ainsi que des responsables d’Europe et du monde arabe. Les organisateurs espèrent que cette rencontre permettra une reconnaissance croisée : les États arabes et musulmans reconnaîtront Israël, et plusieurs pays européens – dont des membres du G7 – reconnaîtront officiellement l’État palestinien.
L’objectif est de permettre à Israël d’entrer dans une nouvelle phase de normalisation régionale soutenue par les États-Unis et l’Union européenne, tout en garantissant aux Palestiniens leurs droits à la dignité, à la liberté et à l’indépendance dans un cadre diplomatique clair. La conférence vise également à établir les bases pour des négociations équitables et respectueuses en vue d’un avenir partagé.
Une part significative de la conférence sera dédiée à une déclaration conjointe baptisée « L’Appel de Paris pour la paix, la sécurité et deux États », qui réclamera :
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Un cessez-le-feu immédiat à Gaza,
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La libération de tous les otages vivants et morts,
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L’acheminement libre et immédiat d’une aide humanitaire massive à Gaza,
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Et le lancement d’un plan ambitieux de reconstruction durable, incluant infrastructures modernes (trains, routes, ports), exploitation responsable des ressources maritimes en gaz et pétrole, et construction d’installations écologiques (centrales électriques, stations de traitement de l’eau).
Ofer Bronstein explique : « Cette conférence à Paris vise à créer un nouveau modèle de diplomatie citoyenne. Lorsque des centaines d’Israéliens et de Palestiniens de tous horizons coopèrent avec des leaders d’opinion d’Europe et du monde arabe, cela forme un réseau solide pour soutenir un processus de paix de long terme. Cette conférence sera une base sociale et économique pour une paix durable. »