Un récent rapport du Jewish People Policy Institute (JPPI), basé à Jérusalem, met en lumière un changement significatif dans la ligne éditoriale des médias publics syriens à l’égard d’Israël. Cette évolution survient dans le sillage de l’arrivée au pouvoir d’Ahmed al-Shara, qui a succédé à Bachar al-Assad en décembre dernier. Selon l’étude, les attaques verbales et la présence du sujet israélien dans les médias syriens ont été réduites de manière drastique depuis ce changement de leadership.
Sous le régime de Bachar al-Assad, 43 % des dépêches de SANA contenaient des références à Israël, souvent dans un ton virulent. En 2024, ce chiffre est tombé à seulement 7 % sous le nouveau président al-Shara. De même, le journal Al-Thawra montrait une forte orientation anti-israélienne : l’année dernière, 25 % de ses tribunes d’opinion évoquaient Israël, avec 95 % qualifiées de « très négatives ». Cette année, seuls 5 % abordent le sujet, dont un tiers adoptent un ton plus mesuré, voire neutre.
Pour les chercheurs du JPPI, cette tendance ne relève pas seulement d’un changement cosmétique. Elle reflète une réorientation stratégique plus large du pouvoir syrien. « Le ton reste critique, mais le recul quantitatif du discours anti-israélien est révélateur », souligne Ya’akov Katz, directeur du Centre Glazer du JPPI. Il y voit une volonté d’ouvrir une brèche vers l’Occident, dans un contexte régional en mutation.
Ce changement s’inscrit dans une série de gestes politiques récents. Parmi eux, la rencontre d’Ahmed al-Shara avec l’ancien président américain Donald Trump à Riyad, ainsi que la levée partielle de certaines sanctions économiques américaines contre Damas. Pour le JPPI, même une atténuation partielle du discours anti-israélien dans les médias contrôlés par l’État constitue un signal politique clair — certes éloigné d’une normalisation, mais symptomatique d’un infléchissement diplomatique.
Cette évolution n’est pas isolée. Le JPPI note que les médias publics égyptiens, par exemple, continuent de consacrer environ 30 % de leurs tribunes d’opinion à Israël. En comparaison, la Syrie d’al-Shara figure désormais parmi les pays de la région où l’attention portée à Israël par les médias d’État est la plus faible.
L’étude complète du JPPI sera présentée à Jérusalem lors d’un colloque prévu plus tard ce mois-ci. Les chercheurs espèrent qu’elle permettra d’évaluer plus précisément les implications de cette transformation médiatique sur les relations diplomatiques régionales à moyen terme.
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