Alors que la guerre à Gaza se poursuit, l’Union européenne, traditionnellement unifiée dans sa diplomatie, se trouve aujourd’hui profondément divisée sur la possibilité de sanctionner Israël. Ce clivage est devenu manifeste à l’occasion d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Copenhague.
Pour fonctionner, certaines de ces mesures nécessitent une majorité qualifiée — c’est-à-dire le soutien de 55 % des États membres représentant au moins 65 % de la population de l’UE — tandis que d’autres, comme la suspension de l’accord de libre-échange, exigent l’unanimité des 27 pays.
Cette frilosité demeure critiquée par les partisans de mesures plus musclées. Ils estiment que retarder ou diluer une réponse collective équivaut à affaiblir la voix européenne en matière de diplomatie et de défense des droits de l’homme. Certains dénoncent une forme de dilettantisme moral qui pourrait entacher la crédibilité de l’Union sur la scène mondiale.
L’Allemagne n’est pas seule dans cette posture. L’Autriche a exprimé des réserves similaires, se déclarant ouverte à des sanctions ciblées, notamment à l’encontre des colons violents, mais refusant une suspension générale du partenariat commercial. Pendant ce temps, la Hongrie ou la République tchèque repoussent la moindre initiative exigeant une unanimité.
Paradoxalement, alors que l’UE peine à concilier ses divisions, certains gouvernements nationaux réagissent. L’Allemagne, longtemps alliée indéfectible d’Israël, a récemment annoncé qu’elle suspendait tout export d’équipement militaire pouvant potentiellement servir à intensifier le conflit à Gaza. Un geste inédit, qualifié de lourd de sens, bien que parti sur la lancée de critiques grandissantes vis-à-vis de la gestion du conflit.
Ce tableau reflète un dilemme de taille pour l’Union européenne : peut-elle conjuguer valeurs universelles et intérêts économiques dans un contexte géopolitique ultra-tendu ? Les divisions internes, loin d’être anecdotiques, risquent d’affaiblir son rôle de moteur diplomatique en temps de crise.