Le ministre saoudien de la Défense a transmis en avril un message clair aux dirigeants iraniens : prenez au sérieux la proposition de Donald Trump de négocier un nouvel accord sur le nucléaire, car c’est selon lui la seule manière d’éviter une attaque israélienne. Les négociations entre les parties doivent se poursuivre demain.
JDN
Le roi Salmane ben Abdelaziz, âgé de 89 ans, a envoyé son fils, le prince Khaled ben Salmane, à Téhéran pour une mission diplomatique urgente. Le message, adressé au guide suprême iranien Ali Khamenei, soulignait l’importance de la fenêtre diplomatique actuelle.
Selon une dépêche de l’agence Reuters ce vendredi matin, la visite a eu lieu le 17 avril dans le complexe présidentiel à Téhéran, en présence du président iranien Massoud Pezeshkian, du chef d’état-major des forces armées Mohammad Bagheri, et du ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.
Alerte sur l’impatience de Trump
Le prince Khaled, qui fut ambassadeur saoudien à Washington durant le premier mandat de Trump, a averti les responsables iraniens que le président américain n’avait aucune patience pour des négociations prolongées. Selon quatre sources – deux issues des cercles gouvernementaux du Golfe et deux iraniennes – le prince a souligné que la fenêtre diplomatique pourrait se refermer très vite.
La proposition de Trump et la réponse israélienne
Une semaine avant la visite, Trump avait annoncé de manière inattendue l’ouverture de négociations directes avec Téhéran dans le but de limiter le programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions. Cette annonce avait été faite en présence du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en visite à Washington dans l’espoir d’obtenir un feu vert pour frapper les infrastructures nucléaires de l’Iran.
La position saoudienne : diplomatie plutôt que guerre
Le ministre saoudien a plaidé en faveur d’un accord entre l’Iran et les États-Unis, plutôt qu’un risque de frappe israélienne en cas d’échec. Il a insisté sur le fait que la région, déjà fragilisée par les conflits récents à Gaza et au Liban, ne pouvait supporter une nouvelle escalade.
L’Iran souhaite un accord, mais reste méfiant
Le président Pezeshkian a affirmé qu’un accord allégeant les sanctions occidentales serait bénéfique, mais les officiels iraniens ont exprimé leurs inquiétudes face à l’approche imprévisible de Trump, oscillant entre autorisation d’enrichissement partiel d’uranium et exigence de démantèlement complet du programme nucléaire.
Selon une des sources iraniennes, Pezeshkian a exprimé l’empressement de l’Iran à parvenir à un accord, mais a clairement indiqué que Téhéran ne renoncerait pas à l’enrichissement d’uranium simplement pour satisfaire la volonté de Trump.
Affaiblissement de la position régionale de l’Iran
Ces deux dernières années, l’influence régionale de l’Iran s’est affaiblie suite à de lourdes frappes israéliennes contre ses alliés – le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban – ainsi qu’à la chute de son allié proche, le dictateur syrien Bachar el-Assad. Parallèlement, les sanctions occidentales ont sévèrement affecté l’économie iranienne dépendante du pétrole.
Le prince Khaled a exhorté l’Iran à réévaluer sa politique régionale, ajoutant qu’un tel changement serait bien accueilli, notamment par Riyad. Bien qu’il ait évité d’accuser directement l’Iran, il a exprimé l’inquiétude d’un retour possible des attaques de drones de 2019 contre les installations d’Aramco, que l’Arabie saoudite avait attribuées à l’Iran et aux Houthis, malgré les démentis de Téhéran.
Engagement saoudien : pas de coopération militaire contre l’Iran
Le prince Khaled a assuré à Téhéran que l’Arabie saoudite n’autoriserait pas l’utilisation de son territoire ni de son espace aérien par les États-Unis ou par Israël pour une quelconque action militaire contre l’Iran.
Les négociations entre les États-Unis et l’Iran doivent reprendre demain, avec l’espoir d’une avancée significative.