L’armée libanaise va désarmer les factions palestiniennes

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Un premier pas symbolique à Beyrouth

Le processus a débuté jeudi dans le camp de Burj al-Barajneh, situé dans la banlieue sud de Beyrouth. Selon le bureau du Premier ministre, des armes y ont été remises à l’armée libanaise, marquant la première étape concrète d’un plan qui doit s’étendre à d’autres camps du pays. Les forces de l’armée ont été vues pénétrant dans le camp pour superviser le transfert.

Un responsable du Fatah, mouvement palestinien dominant, a précisé que seules des armes récemment introduites dans le camp avaient été rendues. Cette déclaration soulève des interrogations sur l’ampleur réelle du désarmement, tandis que les images diffusées par les chaînes de télévision libanaises n’ont pas permis de confirmer la nature des équipements collectés.

Un accord bilatéral libano-palestinien

L’initiative actuelle trouve ses racines dans une rencontre tenue le 21 mai dernier entre le président libanais Joseph Aoun et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Lors de ce sommet, les deux dirigeants ont réaffirmé que la souveraineté du Liban exigeait que seul l’État conserve la capacité de détenir et d’utiliser des armes. Deux jours plus tard, un calendrier et un mécanisme de désarmement ont été définis par les responsables des deux parties.

Cette entente vise à encadrer des camps où, depuis des décennies, les factions palestiniennes évoluent avec une large autonomie, souvent en marge des lois et des institutions libanaises. Le pays compte aujourd’hui douze camps de réfugiés, dont certains sont devenus au fil des ans des zones échappant partiellement à l’autorité centrale.

Une dynamique renforcée par le contexte régional
La décision du Liban intervient dans un climat diplomatique particulier. En novembre dernier, une trêve avec Israël, soutenue par les États-Unis, avait fixé de nouvelles obligations sécuritaires. Beyrouth s’était alors engagé à limiter les armes aux seules forces de sécurité étatiques reconnues. L’armée libanaise a été mandatée par le gouvernement pour élaborer un plan détaillé de centralisation des armes d’ici la fin de l’année.

Cet engagement constitue également un défi implicite au Hezbollah, puissant mouvement chiite soutenu par l’Iran, dont l’arsenal militaire dépasse de loin celui de l’armée nationale. Bien que la mesure actuelle vise officiellement les factions palestiniennes, elle illustre la volonté de Beyrouth de reprendre progressivement la main sur le dossier sensible des armes détenues par des acteurs non étatiques.

Une étape décisive mais fragile

Le transfert d’armes à Burj al-Barajneh représente la tentative la plus sérieuse depuis des années pour s’attaquer à ce problème complexe. Toutefois, de nombreux observateurs soulignent que l’efficacité du processus dépendra de la volonté réelle des factions de coopérer et de la capacité de l’État à maintenir une pression constante.

Dans un pays traversé par des crises politiques et économiques profondes, la mise en œuvre de ce désarmement demeure un défi de taille. Si certains y voient une avancée nécessaire pour renforcer la stabilité interne et réaffirmer l’autorité de l’État, d’autres craignent que l’opération ne reste symbolique ou partielle, laissant intacte la question centrale de la prolifération des armes hors du contrôle gouvernemental.

Jforum.fr

 

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