Le premier ministre belge contre un État palestinien

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Le Premier ministre belge Bart de Wever a tenu, en Allemagne, des propos qui marquent une inflexion claire de la diplomatie de son pays vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. Lors d’une conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Friedrich Merz, il a affirmé que la reconnaissance d’un État palestinien ne pouvait se faire qu’à la condition de réunir plusieurs garanties fondamentales.

Une reconnaissance jugée « inutile » sans conditions

Pour Bart de Wever, accorder une reconnaissance symbolique ou immédiate à la Palestine, sans cadre sécuritaire ni politique clair, serait « dénué de sens » et même « potentiellement nuisible ». Selon lui, quatre conditions doivent impérativement être réunies avant toute décision européenne ou nationale :

La disparition complète du Hamas, considéré comme un obstacle majeur à la stabilité régionale.
L’émergence d’une Autorité palestinienne crédible et réformée, capable de gouverner efficacement.
Un accord sur les frontières, condition essentielle pour la viabilité d’un futur État.
Des garanties de sécurité pour Israël, élément central sans lequel aucune reconnaissance ne saurait être envisagée.
Cette prise de position s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays européens débattent d’une reconnaissance unilatérale de la Palestine. Pour le Premier ministre belge, une telle démarche risquerait non seulement de ne pas faire avancer le processus de paix, mais aussi d’alimenter de nouvelles tensions si elle ne repose pas sur des bases concrètes.

Une déclaration à Berlin aux côtés de Merz
C’est à Berlin, en compagnie du chancelier allemand Friedrich Merz, que Bart de Wever a détaillé sa vision. Le choix du lieu et du moment n’est pas anodin : l’Allemagne, traditionnellement prudente sur cette question, partage une approche similaire, insistant sur la nécessité de garanties pour Israël.

Au cours de sa visite, de Wever a signé le livre d’or du mémorial de l’Holocauste. Dans son message, il a exprimé ses condoléances aux victimes et rappelé que « la communauté juive aura toujours un foyer en Europe ». Un geste salué par Mena’hem Margolin, président de l’Association européenne des organisations juives (EJA), qui a insisté sur l’importance de ce soutien explicite à une époque où l’antisémitisme connaît une recrudescence sur le continent.

Une rupture avec l’ère De Croo
Cette déclaration contraste fortement avec la ligne suivie par le précédent Premier ministre belge, Alexander De Croo. Fin 2023, celui-ci, aux côtés du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, s’était distingué comme l’un des dirigeants européens les plus critiques à l’égard d’Israël. Tous deux avaient alors condamné avec force la guerre à Gaza et exigé un cessez-le-feu immédiat.

Le changement de gouvernement en Belgique a donc entraîné un virage notable dans le ton et l’orientation diplomatique. Bart de Wever, issu d’une coalition plus conservatrice, adopte une ligne moins accusatrice et davantage axée sur la recherche de garanties concrètes pour Israël avant toute décision sur la question palestinienne.

Une approche pragmatique
La position de Bart de Wever peut être interprétée comme un choix pragmatique. Plutôt que de privilégier un geste politique symbolique, il insiste sur la nécessité d’un cadre clair, susceptible de garantir à la fois la sécurité d’Israël et la stabilité d’un futur État palestinien.

Cette orientation vise à éviter ce qu’il considère comme une reconnaissance « vide de sens », qui risquerait de nuire au processus diplomatique. Elle correspond également à une volonté de repositionner la Belgique dans le concert européen, en s’éloignant d’une ligne perçue comme excessivement critique vis-à-vis d’Israël.

Un message adressé à l’Europe
Les propos du Premier ministre belge dépassent le seul cadre national. En insistant sur la nécessité de conditions strictes, Bart de Wever adresse un message à l’ensemble de l’Union européenne, où les débats sur la reconnaissance de la Palestine restent vifs. Certains États membres, comme l’Espagne ou l’Irlande, se montrent favorables à une reconnaissance rapide, tandis que d’autres adoptent une approche beaucoup plus réservée.

La Belgique, sous l’impulsion de son nouveau gouvernement, pourrait donc jouer un rôle de médiateur entre ces deux courants. En posant des conditions précises, elle propose une voie intermédiaire : ni refus catégorique, ni reconnaissance immédiate, mais un processus conditionné à des évolutions tangibles sur le terrain.

Jforum.fr

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