« Ne lui donne point ton argent à intérêt» (Vayikra 25,37).
À notre époque, la Onaat Devarim (l’usage de paroles blessantes) est de plus en plus courant, et il est impératif de nous renforcer sur ce point et d’éviter de suivre la tendance générale issue du monde non-juif. Une grande épreuve dans ce domaine intervient lorsqu’un homme a l’idée d’un article satirique sur quelqu’un d’autre, grâce auquel il peut faire valoir son intelligence, se réjouir et réjouir les autres.
Rabbi Naftali Tsvi de Rapshitz zatsal, disait à ce sujet : « Avec une blague directe (en d’autres termes, une blague qui touche au plus profond de l’âme de la personne visée), on va directement au Guéhinam, en enfer. » Nous en trouvons la source dans un passage de nos Sages (Baba Metsia 59a) : pour toutes les fautes, Hachem envoie la punition à l’aide d’un messager, à l’exception de la Onaa, pour laquelle Hachem sanctionne Lui-même immédiatement le fauteur.
Si on surmonte le yetser hara’ et qu’on se retient de prononcer des paroles offensantes, on mérite que Hachem Lui-même nous paie immédiatement un immense salaire. Comme l’indique l’ouvrage Menorath Hameor (58) : quelqu’un qui veille à ne pas causer de peine à autrui mérite que toutes ses demandes soient agréées auprès de Hachem.
Rabbi Ména’hem Mendel de Kotsk zatsal affirme sur le verset (Michlé 21,14) : « Un présent glissé furtivement fait glisser la colère » : si un homme veut faire une blague sur le compte de son prochain, mais se retient de la dire, cela entre dans la catégorie d’un don en secret et les accusations qui le visaient sont abolies.
Rabbi Aharon de Belz disait au nom de son père, rabbi Yissakhar Dov de Belz : « Lorsque se présente à l’homme une occasion de blesser un autre et de lui dire une taquinerie, mais qu’il se retient, cela est considéré dans le Ciel comme s’il avait jeûné 84 jeûnes. » Et rabbi Aharon de Belz d’ajouter : « Tout ceci a été dit par mon père à son époque, mais désormais, après cette terrible destruction (des Juifs d’Europe pendant la Shoah), lorsque les hommes sont plus souffrants du point de vue mental, lorsqu’un homme se retient de ne pas offenser l’autre, c’est encore plus essentiel. »
Le rav Yossef ‘Haïm Zonnenfeld disait : « On sait que les chiens ont été récompensés pour n’avoir pas aiguisé la langue lors de la sortie des enfants d’Israël d’Égypte. Il est en effet dit à propos de la viande non-cachère (Chemoth 22,30) : « Jetez-la aux chiens ». C’est difficile à entendre, car en vérité, les grenouilles sont également louées pour être entrées dans les fours des Égyptiens, elles étaient prêtes à se faire brûler pour obéir à l’injonction divine. Dans ce cas, pourquoi n’est-il mentionné nulle part qu’elles ont été récompensées au même titre que les chiens ? Il en ressort de là que se taire est plus difficile que de sauter dans un four brûlant et c’est uniquement pour le silence qu’on obtient un salaire éternel. »
Des Tsadikim expliquent l’idée du signe du poisson pour le mois d’Adar. Il existe une relation entre les poissons et le mois d’Adar où l’on multiplie la joie. Aucun animal n’est doté du niveau de la parole, mais ils sont néanmoins dotés d’une voix, et poussent divers cris, comme nous le voyons dans ce passage de la Guemara (Berakhoth 3) : l’âne brait. De même (Meguila 11), le lion rugit, etc. Ce n’est en revanche pas le cas des poissons qui n’émettent aucun son et de ce fait, il compare le mois d’Adar aux poissons, pour faire allusion à l’idée que celui qui retient sa bouche en évitant de proférer des paroles offensantes mérite une vie joyeuse.
Nous avons ici une allusion (Tehilim 107,30) : « Ils se sont réjouis d’avoir été réduits au silence » : il est question ici, au sens littéral, d’une personne dans un navire, menacée par une tempête qui risque de le noyer dans les profondeurs de l’océan. On peut aussi l’interpréter comme une personne en pleine débat orageux, qui a la possibilité de faire réduire au silence son adversaire en utilisant des propos blessants, mais qui se renforce et fait appel à d’immenses ressources mentales pour se retenir de lui répondre. Grâce à cela, il mérite la joie, d’où le sens de ce verset : « Ils se sont réjouis d’avoir été réduits au silence. »
Rabbi Elimélekh de Lizensk (Likouté Chochana) interprète le verset (Michlé 15,23) : « C’est une joie pour l’homme de trouver des répliques « : lorsque l’homme fait endurer des souffrances à sa langue en se retenant de proférer des propos offensants, il mérite d’accéder à la joie.
Il est écrit dans le Séfer haTania que lorsque le Juif se retient de dire des propos que son cœur désire fortement prononcer, il provoque, dans le monde céleste, la soumission du Sitra A’hara (Satan) et la faculté de la sainteté se renforce. Cette sainteté se répand ensuite sur l’homme ici-bas, ce qui l’aide considérablement dans son service divin.
Certains interprètent ainsi ce passage (Avoth 5,22) : « Lefoum tsa’ara agra – la rétribution est à la mesure de la peine » : le terme Lefoum, en araméen, désigne la bouche. En d’autres termes, lorsque la langue de l’homme éprouve une peine de s’être retenue de dire une parole, elle obtient un salaire exceptionnel.
Nous pouvons, dans cette perspective, interpréter ce passage de notre paracha (25,17) : « Ne vous lésez point l’un l’autre », puis il est écrit ensuite : « Je suis Hachem. » Hachem voulait nous communiquer qu’Il se chargerait de rétribuer Lui-même celui qui s’abstient de dire des paroles offensantes, comme l’indique Rachi à plusieurs endroits : là où il est écrit : « Je suis Hachem », cela indique qu’on peut Lui faire confiance pour récompenser la personne.
Nous pouvons interpréter, en ce sens, la suite de notre paracha : « Ton argent » : à rapprocher du terme ‘Hechek, désir, comme il est dit (Beréchith 31,1) : « Tu languissais la maison de ton père », c’est-à-dire, ce que tu désires dire, veille à « ne pas le donner à intérêt » : n’utilise pas d’intérêt avec ton frère en employant des propos qui le blesseront. Et la suite du verset dit : « Je suis Hachem, votre D' », sur Qui tu peux compter pour te récompenser, « Qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte » : ils ont constaté l’ampleur de la récompense : ils ont été délivrés pour n’avoir pas changé leur langage en adoptant celui des Égyptiens qui employaient un langage offensant.
Chabbath Chalom !