« Oui, si vous observez bien toute cette loi (…) et vous déposséderez des peuples plus grands et plus puissants que vous » (Devarim 11, 22-23).
Lorsque des Juifs souffrent d’un problème qui n’a aucune explication naturelle, il faut parvenir à la conclusion qu’il émane, par Providence divine particulière, de notre Père compatissant et Tout-Puissant, qui agit dans notre intérêt.
Dans cette perspective, rabbi Yo’hanan Eibeshitz zatsal, dans son ouvrage Ya’aroth Devach, interprète ce verset (Tehilim 3,1) : « Cantique de David quand il prit la fuite devant son fils Avchalom » – le roi David entonna un cantique lorsque son fils Avchalom le poursuivait pour le tuer. En effet, c’est contre nature qu’un fils devienne cruel à ce point contre son père. Il en déduisit que ce malheur provenait du Ciel, dans son intérêt, pour l’inciter au repentir.
Nous avons également observé ce phénomène pendant la Shoah. Les chercheurs ont cherché à comprendre comment, dans un monde aussi civilisé, un groupe d’hommes sans envergure, a pu prendre le contrôle de nombreuses grandes puissances et d’assassiner des millions de Juifs. Il y eut pendant la guerre, de nombreux incidents qui ne s’expliquent pas de manière naturelle. En effet, c’était un décret du Ciel au-delà de la nature.
Pendant la Shoah, l’une des attitudes au-delà de la nature a été la conduite des nations, qui avaient beaucoup profité des Juifs qui les avaient aidées pendant des années, dans divers domaines : or, ils n’ont pas hésité à poursuivre et à assassiner ces Juifs, alors que selon la nature humaine, il est difficile d’être aussi ingrat.
Le Chéfa’ ‘Haïm, l’Admour de Klausenbourg zatsal, relata que dans la capitale de Budapest, résidait avant la Shoah un Juif assimilé, qui était président de la banque centrale de Hongrie, et dans le cadre de son mandat, il sauva la situation économique de son pays de l’effondrement.
Pendant la Shoah, lorsque les Allemands vinrent l’arrêter en même temps que les autres Juifs pour le conduire au camp d’extermination d’Auschwitz, son épouse non-juive le quitta, et le gouvernement hongrois ne fit aucun effort pour le sauver.
Lorsque l’Admour de Klausenbourg zatsal le rencontra à Auschwitz, il voulut l’inciter à la Techouva, et de ce fait, il lui demanda : « Comment est-il possible qu’au sein de ton malheur, ton épouse non juive t’ait laissé seul ? Et comment le peuple hongrois n’a pas levé le petit doigt pour te venir en aide ? »
Le Juif marqua un temps de réflexion, puis répondit : « Rav, j’ai réfléchi à vos propos et j’ai pris conscience que j’ai commis une erreur. J’ai décidé, lorsque je quitterai ces lieux, de me conduire comme un Juif et d’épouser une bonne épouse juive. »
De nombreuses personnes se trompent sur ce point : ils estiment qu’en se rapprochant au maximum des nations du monde et en les aidant, la haine à l’égard du Juif sera abolie, du fait que ces nations manifesteront de la reconnaissance aux Juifs pour leur aide. Mais dans la réalité, au fil des époques et dans tous les pays, les non-Juifs ont profité de l’aide des Juifs et pas une seule nation n’a pas profité du peuple juif dans le domaine spirituel et matériel.
Les principes de la foi et les bons traits de caractère ont été empruntés au peuple juif. Toutes les règles et lois de chaque nation trouvent leur source dans les lois de la Tora. Une grande partie des inventions découvertes pour le bien de l’humanité, en médecine ou autre, sont à attribuer aux Juifs.
À notre époque, le prix Nobel récompense des individus qui ont fait une découverte importante pour le bien de l’humanité. Si on consulte la liste des personnalités à qui on a décerné le prix Nobel au fil des ans, on constate que plus de 20 pour cent sont juifs. En d’autres termes, les Juifs représentent un centième de la population mondiale, selon le calcul suivant : un homme sur cinq cents dans le monde est juif, et un lauréat du prix Nobel sur cinq est juif.
De même, on sait que dans le monde du commerce, au fil des époques, les Juifs ont été à la tête des échanges commerciaux entre divers pays, grâce à leur savoir et leur connaissance de diverses langues étrangères, et par vertu de leurs contacts avec des Juifs dans d’autres pays.
De même, dans la direction politique, les nations s’inspirent du savoir des Juifs. Ainsi, mon vénérable ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Kamarna, que son mérite nous protège, dans son ouvrage Notsar ‘Hessed, explique qu’aucun État ne peut être dirigé convenablement sans l’aide du peuple juif. De même, dans son ouvrage Méor Enayim, il explique que chaque souverain qui réussit a un conseiller juif.
Et malgré tout, bien qu’il eût été logique que les Bené Israël soient largement récompensés par les grandes puissances, dont la grandeur était due aux conseils avisés des Bené Israël, malgré tout, à une époque où la Tora et les Mitsvoth n’étaient pas respectées correctement, on orchestra du Ciel que les non-Juifs soient ingrats et ne donnent rien aux Juifs. Et même lorsque les Juifs réclamaient ce qui leur était dû au titre de reconnaissance, leurs efforts étaient vains. En effet, du Ciel, on voulait éviter que les Juifs ne se rapprochent des nations du monde.
Nous constatons également aujourd’hui, alors que les Juifs contribuent grandement au développement des nations, par le biais de conseils, de stratagèmes et de diverses découvertes, dans la sphère privée et publique, dans la direction politique et dans les diverses guerres, dont profite l’ensemble de l’humanité, et particulièrement les pays occidentaux, malgré tout, si les Juifs se rapprochent des voies des nations et rejettent le joug de la Torah, ils ne sont pas récompensés, au contraire, ils subissent des préjudices.
C’est cette idée à laquelle se réfère le verset de notre Paracha : « Oui, si vous observez bien toute cette loi » – c’est uniquement à cette condition que « vous déposséderez des peuples » qui sont « plus grands et plus puissants que vous » – qui sont devenus grands et puissants grâce à vous. Mais si vous ne respectez pas les Mitsvoth, vous ne recevrez rien des nations. Elles vous affligeront, mais en revanche, si vous respectez les Mitsvoth, vous bénéficierez de toutes les bénédictions.
Chabbath Chalom !