« Noa’h fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains ; il marchait avec D' » (Béréchith 6,9).
À notre époque, le mépris pour la Kedoucha (sainteté) s’accroît, en particulier depuis le développement récent des outils technologiques qui portent atteinte à la sainteté.
Dans une situation pareille, certains font l’erreur de penser que vu que la mentalité de la rue est de mélanger hommes et femmes, dans un esprit de plaisanterie et de légèreté, alors privés de choix, nous sommes autorisés à nous relâcher et à nous conduire de cette façon, car c’est le seul moyen de faire du commerce et de gagner sa vie.
Dans la même veine, certains font l’erreur de penser qu’on peut se montrer souple sur l’interdit de Yi’houd (lorsqu’un homme et une femme s’isolent) ou l’interdit de Neguia (contact physique interdit), ou bien d’utiliser des outils technologiques non-filtrés, et le tout, « pour la Parnassa », sous prétexte que telle est la façon dont le monde des affaires est géré et qu’il est impossible de gagner sa vie d’une autre façon.
Mais la vérité est tout autre : du fait de la baisse de niveau des générations et de l’augmentation de la puissance du Yetser Hara, nous avons besoin d’un plus grand nombre de limites et de restrictions. Par exemple, on autorisait dans le passé aux garçons et filles de six ans à étudier dans la même école, mais depuis l’époque du développement de la technologie, il est devenu impératif d’inscrire les tout jeunes enfants dans des établissements séparés.
Nous voyons que nos Sages ont institué, selon les époques et les localisations, en fonction des circonstances diverses règles : à l’époque du Beth Hamikdach, lorsqu’ils constatèrent une dégradation dans la célébration de la Sim’hath Beth Hachoéva (fête du puisage de l’eau), ils instituèrent de séparer les femmes dans une galerie en hauteur. Par la suite, ils instaurèrent la Me’hitsa, qui crée une séparation entre hommes et femmes à la synagogue. Ensuite, lorsque dans les pays des régions ashkenazes on commença à enfreindre les règles de la pudeur, ils fixèrent d’installer des Me’hitsoth plus élevées.
À chaque époque, chacun est tenu d’ancrer en soi la nécessité de suivre les règles de la Kedoucha, conformément aux instructions des grands Maîtres de la génération, qui suivent la sainte Torah. Il nous appartient aussi d’en instruire nos enfants, et par ce mérite, on méritera une belle vie et beaucoup de satisfaction au niveau spirituel et matériel.
Ce principe est valable dans tous les domaines, comme l’indique le Chla Hakadoch (Toldot Adam) : à chaque époque, il faut imposer de nouvelles restrictions et des limites. Le ‘Hatam Sofer tranche qu’il nous faut ajouter des limites et des restrictions, car malheureusement, l’époque est très débauchée et il faut aller dans le sens de la rigueur et non se relâcher.
Le ‘Hida écrit à ce sujet dans Chem Haguedolim : dans les époques récentes où l’influence du mauvais penchant se fait de plus en plus ressentir, nous devons nous tenir à toutes les ‘Houmroth, les mesures de rigueur, et ainsi, dans les générations qui ont suivi le millénaire de la destruction, le Zohar a été découvert, ainsi que toutes les ‘Houmroth destinées à protéger les générations.
C’est pour cette raison qu’il nous importe parfois d’instaurer des mesures de rigueur et des restrictions dans les lieux où ne réside aucun Ben Tora, plus qu’ailleurs. En effet, les ignorants ne craignent pas la faute, ce qui n’est pas le cas de ceux qui étudient la Tora et craignent la faute. Ceux qui étudient sont soutenus par la force de la Tora qui les protège du mauvais penchant, comme l’indiquent nos Sages (Souca 52b) : Si un mécréant t’a porté atteinte, amène-le à la maison d’étude : s’il est en pierre, il se désagrège et s’il est en métal, il explose, etc.
Nous découvrons (Erouvin 103a) que nos Sages ont permis de transgresser un décret rabbinique relatif au Temple dans l’enceinte même du Beth Hamikdach, car nos Maîtres n’ont pas imposé de mesures de restrictions pour le service des Cohanim qui sont zélés. L’idée est que les Cohanim sont zélés dans l’étude de la Tora, comme il est dit (Malakhi 2,7) : « C’est que les lèvres du Cohen doivent conserver la science, c’est de sa bouche qu’on réclame la Tora. »
Il est expliqué dans les livres saints que les hommes de la génération du déluge n’étaient pas naïfs. Ils étaient des géants et des hommes forts, tout en étant des hommes très intelligents qui ont fait d’impressionnantes découvertes. Mais au moment du déluge, quand tout l’univers a été effacé, les inventions qu’ils avaient faites se perdirent, et seules quelques-unes emportées par Noa’h dans l’arche furent conservées.
Dans cette perspective, on peut affirmer que les hommes de la génération du déluge avaient déjà inventé, par exemple, tous les outils technologiques d’aujourd’hui, par lesquels on communique avec des hommes du monde entier, et on est influencé par des hommes éloignés, des inconnus dont on ignore la valeur.
L’utilisation constante de ces outils entraîne l’élimination de la pudeur naturelle implantée par Hachem en chaque être humain. Cette pudeur est destinée à aider l’homme à éviter de commettre des fautes immorales, même à des moments où l’intensité du mauvais penchant l’incite dans ce sens, lorsqu’on est exposé à des pensées et des actions répréhensibles de personnes peu recommandables du monde entier, qui exposent leur vie sans aucune honte. Cela donne le sentiment erroné qu’il n’y a pas lieu d’avoir honte de cela, et de ce fait, le mal se propage dans le monde.
Cette attitude a conduit les hommes de la génération du déluge à polluer toute l’atmosphère du monde par une grande impureté, par leurs actions violentes et débauchées, et autres méfaits commis en public, sans aucune honte, comme il est dit : « parce que la terre, à cause d’elles, est remplie d’iniquité. »
Noa’h, un homme juste, comprit à cette époque que le seul moyen de réussir à tenir bon dans sa vertu, consistait à ajouter des mesures de restriction pour se détacher de l’influence de l’environnement, afin de ne porter aucunement atteinte à sa vertu, et c’est grâce à cela qu’il obtint le titre de « Tamim (irréprochable). » À la fin, lorsque l’impureté s’intensifia au point qu’il devint très difficile de ne pas être influencé par l’environnement, il entra vivre dans l’arche, en se détachant totalement de son entourage, et il parvint à conserver sa vertu et à échapper à la punition du déluge.
C’est à ce sujet que le verset dit : « Noa’h fut un homme juste, irréprochable » : Noa’h était un homme qui s’est imposé des restrictions pour conserver sa vertu de manière absolue, « entre ses contemporains » : selon sa génération, car du fait du déclin des générations, il s’imposa de nouvelles mesures de rigueur et ainsi réussit à : « marcher avec Hachem. »



























