Le rabbi de Kalov, par Yayéra : placer sa confiance uniquement en Hachem

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« Avraham planta un bouquet d’arbres à Beer Chéva et y proclama Hachem, D’ éternel » (Beréchith 21,33).

Notre illustration : le vieux puits de Beèr Chéva

Lorsqu’on ouvre le ventre d’un grand poisson qui a avalé un petit poisson, on remarque un phénomène prodigieux : généralement, la tête du petit poisson est orientée dans la direction de la queue du grand poisson : on en déduit que le grand poisson a nagé dans la direction opposée du petit poisson, et l’a avalé de cette manière.

Or, d’après les lois de la nature, cela aurait dû être le contraire : il devrait avaler le petit poisson de l’arrière, du côté de sa queue, et non à l’avant, du côté de la tête. En effet, il est doté d’yeux à l’avant qui repèrent le poisson qui nage à sa rencontre pour l’avaler, et dans ce cas, il est en mesure de s’enfuir, ce qui n’est pas le cas lorsque le poisson l’avale par l’arrière.

Rabbénou Yits’hak Abrabanel explique que, lorsque le petit poisson nage dans l’eau, il récite la prière suivante à Hachem : « Je possède à l’avant des yeux qui me permettent d’exercer une vigilance pour éviter d’être piégé par un autre poisson, mais à l’arrière, je n’ai pas d’yeux, et je suis tenu de T’adresser une prière pour que Tu me protèges afin que je ne sois pas avalé. »

À ce sujet, Hachem dit : personne ne peut avaler le poisson de l’arrière, mais à l’avant, où le poisson estime n’avoir pas besoin de Mon assistance pour le protéger, de là, on pourra l’avaler.

Dans cette même veine, rabbi Méir Yé’hiel d’Ostrowiec zatsal relie le miracle de Pourim au mois d’Adar : à l’époque d’A’hachvéroch, une accusation était portée contre le peuple juif qui ne priait pas correctement à Hachem, loué soit-Il. Ils se reposaient sur la reine Esther qui se trouvait dans le palais royal, qui pourrait œuvrer en leur faveur et les sauver de tout mal le cas échéant. De ce fait, Hachem introduisit Haman dans le palais du roi, pour leur communiquer l’idée que, même dans une telle situation, un ennemi du peuple juif peut accéder au pouvoir et les mettre en danger.

La reine Esther fit l’effort de se rendre auprès du roi pour plaider leur cause, mais demanda aux Juifs de se rassembler en prière pendant ce temps, car l’essentiel consiste à se renforcer dans la prière, et l’effort humain n’est réalisé que pour s’acquitter de l’obligation de déployer des efforts par des moyens naturels. Par le mérite de la prière des Juifs, Hachem inversa le cœur d’A’hachvéroch en faveur d’Israël, et ils bénéficièrent du miracle de Pourim.

Et c’est précisément pourquoi le miracle eut lieu au mois d’Adar, car le Mazal du mois d’Adar est le poisson, et nous apprenons du poisson le principe acquis à l’époque du miracle de Pourim : lorsqu’on n’adresse pas de prière à Hachem, on perd la protection divine, comme on le voit chez les poissons qui sont avalés de l’avant, pour avoir manqué de prier à ce sujet.

Nous avons observé également ce principe en Égypte : au départ, les Juifs étaient des dirigeants et des hommes influents, sous la direction avisée de Yossef Hatsadik, vice-roi. Mais par la suite, lorsqu’ils ont commencé à faire confiance aux relations qu’ils avaient dans le palais royal, Hachem transforma le cœur de Pharaon et de ses ministres, comme il est dit (Tehilim 105,25) : « Leur cœur changea jusqu’à prendre son peuple en haine », et uniquement après qu’ils s’écrièrent en Tefila vers Hachem, Hachem orchestra les événements si bien que Pharaon accepta de les libérer.

C’est une leçon pour toutes les époques : à chaque fois qu’une peur naît chez les Juifs face à des ennemis du peuple juif, qui relèvent la tête et accèdent au pouvoir, au moment où ils pensaient que cela ne pouvait se produire, compte tenu de leur influence importante auprès des dirigeants, il faut réagir et ne s’appuyer que sur Hachem, comme l’indique le rav et auteur du Tiféret Chelomo de Radomsk zatsal : c’est l’intention visée par le roi David (Tehilim 118,8) : « Mieux vaut s’abriter en l’Éternel que de mettre sa confiance dans les hommes » : il est louable de se fortifier dans la confiance en Hachem lorsqu’on constate ce qui se passe lorsqu’on place sa confiance en l’homme.

Lorsqu’on renforce cette confiance, on mérite une délivrance, comme l’a déclaré le roi David (Tehilim 143 3-5) : « Ne placez pas votre confiance dans les grands, dans le fils d’Adam, impuissant à secourir. (…) Heureux qui a pour appui le D’ de Ya’akov, et met son espoir en l’Éternel, son D’ ! » Lorsqu’on se fortifie en plaçant sa confiance exclusivement en Hachem, on bénéficie de l’aide divine.

On raconte qu’un jour, un ‘Hassid se rendit chez rabbi Ména’hem Na’houm de Ra’hmastrivka zatsal. Il lui confia qu’il s’apprêtait à passer en jugement et tous les avocats ne voyaient aucun moyen qu’il soit acquitté. Le rabbi lui répondit : « Mon père (rabbi Yo’hanan de Ra’hmastrivka zatsal) interprète les paroles du Piyout : Techou’ath Hachem kéheref ‘ayin (la délivrance de Hachem advient en un clin d’œil) ; lorsque l’œil cesse de considérer que des hommes pourraient lui venir en aide, et n’attend que l’aide de Hachem, ainsi intervient la délivrance de Hachem. »

C’est ce que nous relevons chez Avraham Avinou (Beréchith 14,21) : après avoir réussi, grâce à l’aide divine, de vaincre les rois qui avaient vaincu le roi de Sodome et conquis Sodome, et avait acquis un prestige aux yeux de tous, le roi de Sodome, qui s’était enfui, lui proposa de conclure une affaire avec lui : « Donne-moi les personnes » : donne-moi les résidents de Sodome, autrement dit : dis-leur de m’élire à nouveau roi, et par ce mérite, « et les biens, garde-les pour toi » : tu pourras toujours obtenir de ma part des biens et des avantages, sachant que je suis un souverain affluent.

Sur ce, Avraham répondit, dans le but de diffuser la Émouna en Hachem : « Je lève la main devant l’Éternel, qui est le D’ suprême, auteur des cieux et de la terre » : je lève toujours les bras en prière à Hachem, Créateur et dirigeant de toutes les créatures, et c’est également ce que je ferai si j’ai besoin d’un service de ta part, et dans ce cas, je réussirai même si je ne conclus pas cette affaire que tu me proposes. En effet, l’essentiel dépend de la prière adressée à Hachem, car le cœur des rois et des ministres sont dans Sa main.

Nous pouvons, dans cette optique, interpréter les propos de notre paracha : dès qu’Avraham eut déployé un effort et conclu une alliance avec Avimélekh, roi des Plichtim pour vivre en paix avec eux, il est dit : « Il y proclama Hachem, D’ éternel » : il proclama aussitôt qu’il faut retenir que l’essentiel consiste à adresser ses prières à Hachem, Roi de l’univers.

Chabbath Chalom !

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