Le rabbi de Kalov, Yom Kippour 5786

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On raconte qu’un jour, des adeptes de la Haskala organisèrent, dans la localité de Brisk, un spectacle rempli de moqueries et de mépris sur la perspective de la guerre selon la Tora. La pièce de théâtre s’appuyait sur un passage de la paracha de Choftim énumérant les membres du peuple d’Israël dispensés de participer à la guerre.

Quelques centaines d’hommes déguisés en soldats montèrent sur la scène. Dans le haut-parleur, on entendit l’annonce de ce verset : « Si quelqu’un a bâti une maison neuve et n’en a pas encore pris possession, qu’il parte et s’en retourne à sa maison ». Aussitôt, un nombre important de soldats quitta la scène.

Il annonça ensuite : « Si quelqu’un a planté une vigne et n’en a pas encore acquis la jouissance, qu’il parte et s’en retourne chez lui. » Une partie des soldats se leva et quitta la scène. Puis la voix poursuivit :  » Et si quelqu’un a promis mariage à une femme et ne l’a pas encore épousée, qu’il parte et s’en retourne chez lui. » À nouveau, un groupe de soldats descendit de la scène. Et enfin, la dernière annonce : « S’il est un homme qui ait peur et dont le cœur soit lâche, qu’il se retire et retourne chez lui. » Les derniers soldats présents se levèrent et quittèrent les lieux et il ne restait plus que deux soldats, l’un déguisé en l’auteur du Chaagat Arié zatsal et le second avait les traits du Gaon de Vilna zatsal, tous deux penchés sur leur bâton avec une Guemara en main.

Lorsqu’on en fit part à rabbi ‘Haïm de Brisk zatsal, il répondit : « Oui, en effet, c’est exactement ce à quoi ressemble la guerre selon la Tora ! Sauf que les acteurs sont obligés de mettre en scène la fin, qui constitue l’essentiel, à savoir : ce sont ces géants en Tora qui ont gagné la guerre, car grâce à leur Tora, ils ont entraîné la chute des ennemis ! »

La puissance de l’étude de la Tora constitue la protection du peuple juif, et c’est cette faculté unique qui leur assure la pérennité au-delà de la nature, bien qu’étant un agneau parmi soixante-dix loups, comme l’indique le roi David dans les Tehilim (122,2) : « Nos pieds se tiennent debout dans tes portiques, ô Jérusalem » et nos Maîtres (Maccoth 10a) ont élucidé le sens de ce verset : par quel mérite le roi David et les Bené Israël ont-ils mérité de tenir debout et de ne pas tomber devant leurs ennemis en guerre ? Par le mérite des portiques de Jérusalem, où ils se livraient à l’étude de la Tora.

Le ‘Hafets ‘Haïm zatsal illustre cette idée par une parabole : autrefois, pour éteindre des incendies, une personne au loin se tenait près d’un puits et y puisait de l’eau à l’aide des tuyaux et les autres hommes se trouvaient devant l’incendie, saisissaient les tuyaux en main et éteignaient l’incendie. Un jour, un homme aborda le puiseur d’eau et lui dit : « Pourquoi te tiens-tu debout éloigné de l’incendie, dans un endroit dangereux, pourquoi ne vas-tu pas sur les lieux du bâtiment en flammes pour aider les autres à éteindre l’incendie ? » Si le puiseur d’eau était insensé et l’avait écouté, il était évident qu’ils n’auraient pas pu éteindre le feu.

La morale de cette histoire : un homme qui étudie la Tora ressemble au puiseur d’eau, qui, par le mérite de la Tora qu’il étudie, fait tomber les ennemis. Et si, en pleine guerre, un homme disait à un élève en Tora : « Pourquoi es-tu à la Yechiva en train d’étudier la Tora, pourquoi ne vas-tu pas te battre sur le champ de bataille ? » Si l’élève en Tora était insensé et l’écoutait, il réduirait la faculté de la Tora, qui détruit les ennemis.

À ce sujet, on raconte qu’un jour, des chefs de l’armée se présentèrent chez rav Dov Berish Weindenfeld, le rabbi de Tchebin zatsal, et lui expliquèrent longuement que le peuple juif se trouvait actuellement en période de danger. Ils lui demandèrent d’ordonner l’enrôlement des élèves de la Yechiva à l’armée.

Le rabbi de Tchebin leur répondit par une parabole : « C’est l’histoire d’un Juif qui voyageait en calèche attachée à des chevaux, et en pleine route, la calèche se coinça dans la boue, et les chevaux ne réussirent pas à s’extraire et à poursuive leur chemin. Le cocher se mit à retirer plusieurs caisses de la calèche, mais rien n’y fit. Il s’arrêta et réfléchit pendant un bon moment, jusqu’à ce que soudain, il s’exclame : ‘J’ai une bonne idée qui pourrait sauver la situation : comme les roues sont faites en métal très lourd, je vais démonter les roues et les cacher au bord de la route, et je pourrais avancer… »

Le rav de Tchebin répondit aux chefs de l’armée : « Sachez que c’est ce que vous demandez ! Car notre droit à l’existence tient au mérite des élèves de Yechiva qui étudient assidument le Talmud, et ainsi, on n’aurait pas idée de démonter les ‘roues’ de la calèche, indispensables à notre pérennité. »

De même, rabbi Yehochoua de Belz zatsal et d’autres Tsadikim ont attesté que tous les prodiges qu’ils ont réalisé au-delà des lois de la nature, ne l’ont pas été par l’utilisation des Noms divins sacrés, etc., mais uniquement par la puissance de l’étude. Au moment de leur étude, ils ont imploré Hachem que par la faculté et le mérite de l’étude de la sainte Tora, Il exauce leur demande d’effectuer des délivrances pour le peuple d’Israël.

Cependant, le Yetser Hara’, le mauvais penchant s’évertue à faire oublier cette puissance de l’étude de la Tora, et il insinue à ceux qui travaillent que le temps réservé le matin et le soir à des cours de Tora génère une perte dans leurs revenus. Pendant ce temps, en effet, ils pourraient se consacrer à des affaires qui seraient rentables.

Il faut se renforcer à ce sujet en sachant que le Créateur, loué soit-Il, qui nous a donné la Tora, envoie la bénédiction et la réussite à ce que nous entreprenons par le mérite de la Tora, et on n’est jamais perdant, mais au contraire, toujours gagnant.

Dans cette perspective, nous pouvons expliquer l’usage de serrer dans ses bras les Sifré Tora au début de Yom Kippour lors de la prière de Kol Nidré. Nous montrons ainsi que nous nous engageons à apporter de la considération à la Tora, à renforcer notre relation à celle-ci en intensifiant notre étude de la Tora et par le mérite de cet engagement, nous mériterons, par notre prière, de nombreux influx bénéfiques.

Gmar ‘Hatima tova, une bonne inscription dans le Livre de la vie.

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