Lorsque Léon XIV évoque 2033, il ne parle pas seulement d’une date symbolique. Le pape a clairement exprimé son souhait de voir toutes les confessions chrétiennes se retrouver à Jérusalem pour commémorer les deux mille ans de la mort de Jésus. Ce rendez-vous, qu’il présente comme un « retour aux sources », vise à faire de la Ville sainte le cœur d’un immense rassemblement de prière, de dialogue et de réconciliation.
Pour le pape, cet anniversaire n’est pas un simple repère chronologique. Il rappelle la Passion, la mort et la résurrection de Jésus, événement central de la foi chrétienne. Depuis plusieurs années déjà, des mouvements internationaux se préparent à marquer cette date par des missions, des temps forts de prière et des initiatives communes, avec l’idée que 2033 pourrait être un « Jubilé de la Rédemption » vécu à l’échelle mondiale. L’appel de Léon XIV à se retrouver à Jérusalem vient donner un point de convergence concret à ces nombreuses démarches dispersées.
Jérusalem occupe une place unique dans l’imaginaire chrétien. La ville concentre les lieux liés aux derniers jours de Jésus : le Cénacle, le Golgotha, le tombeau vide. Depuis des siècles, elle attire des flux réguliers de pèlerins de toutes confessions. Pour beaucoup de circuits chrétiens, un passage à Jérusalem est déjà incontournable, au point que la Ville sainte est souvent considérée comme la destination emblématique des pèlerinages en Terre sainte. L’appel du pape pourrait amplifier ce mouvement et donner une dimension inédite à ces voyages spirituels.
Sur place, la mosaïque chrétienne est déjà très diverse. Les communautés catholiques, orthodoxes, orientales et protestantes y coexistent, souvent dans des espaces liturgiques partagés, comme au St-Sépulcre. Les statistiques récentes rappellent toutefois que les chrétiens représentent moins de 2 % de la population en Israël, en majorité des Arabes chrétiens. Cette minorité, très active dans les domaines éducatif, social et sanitaire, vit au quotidien les fragilités et les richesses d’une présence chrétienne modeste mais enracinée.
L’appel de Léon XIV à une rencontre de toutes les Églises en 2033 s’appuie aussi sur une expérience déjà ancienne d’initiatives œcuméniques à Jérusalem. La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens y est chaque année un moment fort : les fidèles passent d’une Église à l’autre, prient ensemble dans les sanctuaires, récitent le Credo et le Notre Père dans différents rites. Pour les responsables locaux, ces gestes montrent que l’unité ne se construit pas seulement par des textes théologiques, mais aussi par la fréquentation mutuelle, la patience et la prière partagée.
Reste que le projet d’un grand rassemblement en 2033 soulève de nombreux défis. Le contexte politique et sécuritaire de la région est complexe, et l’organisation d’un afflux massif de pèlerins de toutes confessions poserait des questions logistiques, diplomatiques et économiques considérables. La gestion des lieux saints, déjà délicate en temps normal, devrait être soigneusement coordonnée pour éviter tensions et malentendus. Les Églises locales, quant à elles, insistent pour que cet éventuel rendez-vous ne fasse pas oublier la vie quotidienne des chrétiens de la région, souvent confrontés à l’émigration, à l’insécurité et aux difficultés économiques.
Pour Léon XIV, ces obstacles ne doivent pas empêcher de viser haut. En proposant Jérusalem comme horizon commun, il invite les Églises à voir 2033 non comme un simple anniversaire, mais comme une étape sur un chemin plus long vers une communion plus visible. Le pape parle d’une « marche spirituelle » à accomplir ensemble, qui suppose une conversion des cœurs, une reconnaissance des blessures de l’histoire et un engagement renouvelé dans le dialogue. L’idée d’un rendez-vous en Terre sainte devient ainsi le symbole d’un désir : que les chrétiens, sans renier leurs identités, apprennent à se tenir côte à côte devant le tombeau vide, en témoins d’une même espérance.
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