Les conflits récents ont profondément modifié la perception de la protection civile en Israël. Les événements du 7 octobre, suivis des frappes de missiles iraniens lors de l’opération baptisée « Am kelavi », ont mis en lumière des failles inattendues dans des dispositifs pourtant considérés comme éprouvés. Tirant les enseignements de ces épisodes, le Commandement du Front intérieur s’apprête à publier de nouvelles normes de construction pour les chambres sécurisées, connues sous le nom de mamad, intégrées dans les logements israéliens.
Ces pièces, obligatoires dans les constructions récentes, sont conçues pour offrir une protection immédiate contre les attaques de missiles, les éclats d’obus et certaines menaces conventionnelles. Jusqu’à présent, leur efficacité était largement reconnue. Toutefois, l’analyse détaillée des dommages causés par les attaques récentes a révélé que certaines hypothèses de sécurité devaient être réévaluées, notamment face à des frappes plus puissantes et plus précises.
L’une des évolutions les plus visibles concerne les portes blindées des mamad. Les enquêtes menées après plusieurs incidents ont montré que des civils avaient été blessés, voire tués, alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur de leur abri. Dans plusieurs cas, la porte n’était pas correctement verrouillée, sans que les occupants en aient conscience. Sous l’effet de l’onde de choc, elle a cédé, annulant une partie de la protection attendue. Pour répondre à ce problème, les nouvelles normes introduiront un système de marquage visuel simple et immédiat : un code couleur, rouge ou vert, indiquera clairement si la porte est verrouillée conformément aux exigences de sécurité.
Au-delà des portes, c’est la structure même des bâtiments qui est repensée. Les frappes de missiles iraniens ont permis d’observer un phénomène jusqu’alors sous-estimé : lors d’un impact direct ou très proche, les murs intérieurs subissent des contraintes comparables à celles des façades extérieures. Autrement dit, la distinction classique entre murs porteurs externes et cloisons internes perd de sa pertinence dans un contexte de frappes de haute intensité. En conséquence, la nouvelle réglementation imposera un renforcement substantiel des murs intérieurs attenants aux mamad, afin d’éviter des effondrements ou des projections dangereuses à l’intérieur même de l’habitation.
Une autre modification majeure concerne la résistance balistique. Désormais, les portes des chambres sécurisées devront être capables de résister aux tirs d’armes légères. Cette exigence supplémentaire ne vise pas uniquement les scénarios de guerre conventionnelle, mais aussi les risques d’infiltration terroriste, où des civils pourraient être amenés à se retrancher dans leur mamad face à une menace armée directe.
Ces nouvelles normes s’inscrivent dans une approche plus large de la défense passive, qui considère le domicile comme la première ligne de protection des civils. Elles auront des implications concrètes pour les promoteurs immobiliers, les architectes et les ingénieurs, mais aussi pour les propriétaires de logements existants, appelés à vérifier, voire à adapter, certains éléments de leur chambre sécurisée.
En renforçant les exigences techniques des mamad, les autorités israéliennes cherchent à réduire l’écart entre les scénarios théoriques et la réalité des conflits modernes. L’objectif affiché est clair : faire en sorte que les abris domestiques continuent de remplir leur mission première, même face à l’évolution rapide des menaces militaires et sécuritaires.
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