Be’hadré ‘Harédim – Yanki Farber
Malgré un partenariat stratégique récemment signé, la Russie n’apporte que peu ou pas de soutien à l’Iran à la suite des frappes américaines et israéliennes. Poutine privilégie les intérêts russes – comme éviter une escalade et maintenir ses relations avec Israël et Trump – plutôt qu’un soutien total à l’Iran.
Au début de l’année, le président russe Vladimir Poutine avait rencontré son homologue iranien au Kremlin pour signer un nouveau partenariat stratégique, censé renforcer l’alliance croissante entre les deux pays, qui tentaient ensemble de déstabiliser l’ordre mondial dirigé par les États-Unis au cours de la dernière décennie.
Aujourd’hui, après plus d’une semaine de frappes aériennes israéliennes et américaines, les Russes tournent le dos à Téhéran. Poutine a bien rencontré hier le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, mais à part quelques mots de soutien, il ne lui a rien offert. Poutine a qualifié les attaques de « non justifiées » et a affirmé que la Russie souhaitait aider le peuple iranien.
Le Wall Street Journal souligne que Poutine « n’a pas évoqué d’aide militaire » dans ses déclarations après plus d’une semaine d’offensives aériennes. Il a simplement proposé d’envisager une sortie du conflit : « Cela nous donne l’occasion de réfléchir ensemble à la manière de sortir de cette situation », a-t-il déclaré.
Pendant près de dix ans, les deux pays ont coopéré en Syrie pour maintenir le pouvoir du président Bachar el-Assad. Et après l’enlisement de Moscou dans la guerre en Ukraine, l’Iran a soutenu la Russie avec des munitions, des obus d’artillerie et des milliers de drones.
Le Wall Street Journal rapporte que le partenariat stratégique entre les deux pays n’incluait pas de clause de défense mutuelle. Il a renforcé le partage de renseignements et interdit à chaque partie d’aider les ennemis de l’autre, mais c’est tout.
« L’Iran peut bien demander à la Russie de l’aider face aux États-Unis, mais Moscou ne le fera jamais », affirme Nikolai Kozhanov, expert des relations russo-iraniennes et professeur à l’université du Qatar.
Toujours selon le journal, Poutine souhaite éviter toute escalade qui pourrait mal finir, tant pour l’Iran que pour la Russie. Il tient aussi à maintenir de bonnes relations avec Israël et à préserver ses liens avec Donald Trump, qui s’est abstenu d’imposer des sanctions à la Russie, malgré l’opposition du Kremlin à toute négociation de paix sérieuse avec l’Ukraine.
Le Wall Street Journal rapporte encore qu’Araghchi a demandé à Poutine de nouvelles batteries de défense aérienne ainsi qu’une aide à la reconstruction du réseau énergétique nucléaire iranien, mais il ne semble pas que la demande ait été acceptée. La semaine dernière, des journalistes ont interrogé Poutine sur les raisons pour lesquelles la Russie ne fournissait pas d’armes à l’Iran pour faire face aux attaques israéliennes. Il a répondu que « le besoin de l’Iran pour des armes russes avait diminué » et que « l’Iran n’avait soumis aucune demande spécifique récente ».
Lors d’une conférence de presse le week-end dernier, Poutine a aussi expliqué pourquoi la Russie ne soutenait pas davantage l’Iran dans sa guerre contre Israël. Il a déclaré : « Israël est pratiquement un pays russophone ».
Il a ajouté : « Le Kremlin entretient traditionnellement de bonnes relations amicales avec le monde arabe. On a dit ici que nous devrions faire preuve d’une certaine solidarité – et c’est vrai. Mais chaque conflit est très particulier. Je veux attirer votre attention sur le fait qu’environ deux millions de personnes vivent en Israël, c’est aujourd’hui presque un pays russophone. »